Le succès planétaire de "Miraculous", la série d'animation qui fait voyager les enfants et adolescents
Depuis cinq ans, les aventures de la super-héroïne Ladybug et de son acolyte Chat Noir passionnent les enfants et adolescents du monde entier, un succès dû au multiculturalisme de la série et à l'attention portée aux "émotions", estime Thomas Astruc, le créateur de cette production animée franco-coréo-japonaise.
Miraculous est une série animée en 3D, diffusée dans plus de 120 pays, notamment sur Netflix et TF1, et qui se déroule habituellement à Paris. Le temps d'un téléfilm de 55 minutes (contre une vingtaine pour les épisodes habituels), elle va transporter ses héros à New York. Le film doit être proposé en avant-première samedi matin, 26 septembre, sur Disney Channel.
Avec ses décors (Tour Eiffel, Trocadéro, Louvre...) dignes d'une carte postale, Miraculous est le programme pour enfants le plus regardé dans les cinq principaux marchés européens (France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne) derrière Alvin et les Chipmunks et Bob l'éponge, selon une étude Médiamétrie publiée fin 2019. Et elle a remporté un prix lors des Teen Choice Awards (cérémonie à destination des ados) aux États-Unis en 2018.
Des papillons maléfiques qui exploitent les émotions négatives
Dans cette série, on suit la double-vie de Marinette Dupain-Cheng, collégienne franco-chinoise qui, aidée d'une créature magique, revêt son costume rouge à pois noirs pour devenir Ladybug (coccinelle en anglais) et protéger Paris des akumas, des papillons maléfiques qui transforment les humains en méchants en s'appuyant sur leurs émotions négatives. Ladybug est épaulée dans sa tâche par Chat Noir, épris de la super-héroïne dont il ne connaît pas l'identité, et qui n'est autre qu'Adrien, le garçon dont Marinette est amoureuse sans connaître ses activités de félin masqué...
"C'est le premier projet que je réalise et que j'ai aussi créé, pour un coup d'essai je suis assez content", concède à l'AFP Thomas Astruc, 45 ans, dont "pas mal d'années à faire des storyboards pour l'industrie de l'animation". "J'ai pu y glisser tout ce que j'aimais quand j'étais petit, faire un gloubi-boulga de toutes mes influences américaines, japonaises, françaises, et apparemment les gens y sont réceptifs", explique le réalisateur, "biberonné aux comics", admirateur du mangaka Osamu Tezuka (papa d'Astro Boy), et dont l'héroïne-coccinelle étudie au collège "Françoise Dupont", clin d'œil à Fantômette... La série emprunte aussi beaucoup à Sailor-Moon, célèbre manga du studio japonais Toei Animation, son coproducteur.
Un destin bouleversé par une coccinelle sur un t-shirt
Formé à l'école des Gobelins, Thomas Astruc travaillait sur une autre série (W.I.T.C.H) quand Ladybug a fait sa première apparition. "Une jeune fille qui venait d'intégrer l'équipe avait sur son t-shirt une coccinelle. Comme c'est la coutume dans les studios d'animation, on a commencé à s'échanger des posts-it avec des dessins, je me suis mis à la caricaturer", a-t-il expliqué lors d'une masterclass.
Une quinzaine d'années plus tard, la marque Miraculous se décline en jouets, en téléfilm (un autre situé à Shanghaï est également prévu pour Disney Channel), en spectacle musical, bientôt dans un long-métrage... Elle bénéficie aussi d'un fort impact sur les réseaux sociaux, ses diverses chaînes YouTube officielles cumulant plus de 14 millions d'abonnés, et inspire les amateurs de cosplay, pratique qui consiste à se grimer en personnage de fiction.
En 2016, "la première année de la diffusion de Miraculous en Espagne, j'ai fait des dédicaces pendant six heures lors d'une convention à Madrid. C'était démentiel", raconte Thomas Astruc. "Petits, ados, adultes, grands-mères... J'ai vu des familles entières venir déguisées", s'étonne-t-il encore. "Ça marche à tous les âges !"
Une étape new-yorkaise pour "payer son tribut" aux héros qui ont marqué le créateur de la série
"Dans le divertissement on a tendance à segmenter les choses : pour les filles, pour les garçons... Nous, on essaie d'écrire pour tout le monde, en trouvant le petit angle émotionnel qui va résonner en chacun", explique le créateur. Avec l'escapade new-yorkaise de Ladybug, qui a nécessité un "travail titanesque d'un an", dont "six mois" rien que pour la reconstitution de la Grosse Pomme, Thomas Astruc entend "payer son tribut à tous les personnages américains qui l'ont marqué". Tout en rappelant que les "premiers superhéros étaient français" : les aventures de Nyctalope, Judex... nourrissaient des films et des romans au début du XXe siècle avant que les Américains ne s'emparent de cette "tradition pour en faire des bandes dessinées. Quasiment un siècle plus tard, ces deux univers se retrouvent à nouveau", se réjouit-il.
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