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Pourquoi vos enfants ne danseront probablement jamais de slow

Vous avez peut-être pas mal emballé, dans les années 1990, sur des chansons langoureuses de plus de cinq minutes. Ce temps-là est fini.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Aujourd'hui, la majorité des discothèques de France ne passent plus de slows. (FLICKR RF / GETTY IMAGES)

"Still loving youuuuuuuuuuuu…" Ce titre du groupe Scorpions résume le grand cri d'amour de Strasbourg au slow. Mais si, souvenez-vous, ces chansons sur lesquelles vous dansiez enlacés pendant de longues minutes, en espérant conclure. La capitale alsacienne veut consacrer à cette danse un "conservatoire mondial", sous forme de plate-forme virtuelle. Car presque plus personne ne danse le slow aujourd'hui. Et il est très probable que vos enfants n'en aient jamais l'occasion. Mais pourquoi ?

Parce qu'ils ne danseront plus à deux

Rien de très nouveau. C'est au tout début des années 1960 que tout a changé, avec le twist. Le twist est la première danse qui peut se pratiquer en solo et où hommes et femmes enchaînent les mêmes mouvements, sans que l'un guide l'autre. Il donne ainsi un vilain coup de vieux aux danses de couple que sont la valse, le cha-cha-cha, le fox-trot, le tango… En France, ces pas sont désormais cantonnés à des soirées spéciales pour danseurs confirmés, aux écoles de danse et à la compétition. "La danse a évolué à l’image de la société : elle est aujourd’hui plus individualiste et plus libérale", synthétise Slate.fr.

La danse étant plus individuelle, moins codifiée et moins genrée, les danseurs amateurs ne s'invitent même plus à danser. Ils dansent, point. Forcément, le quart d'heure américain, pendant lequel les femmes invitaient les hommes à danser, souvent sur un slow, est mort.

Parce que les danseurs détestent déjà ça

Rafraîchissons-nous la mémoire. Avant le minimaliste slow que vous avez connu, il y avait le très élaboré et gracieux slow fox-trot et cela n'avait rien à voir (démonstration en vidéo). Pour danser un simple slow, il faut quelques ingrédients basiques : une musique adaptée (voici une liste de quelques incontournables), un couple ou deux inconnus qui se plaisent un petit peu, une lumière tamisée. Pour les pas, il n'y a pas de règle précise et le résultat dépasse rarement le balancement binaire des deux danseurs, à gauche, à droite, à gauche, à droite. Les plus habiles tenteront de tourner, toujours lentement, voire de traverser ainsi la piste de danse.

Le slow est a priori à la portée de quiconque entend correctement le rythme d'une chanson. A tel point qu'il n'a aucun intérêt à proprement parler. "Les vrais amateurs qui maîtrisent quelques pas de valse, de tango, de zouk ou de merengue estiment que le slow, c'est le degré zéro de la danse", explique Christophe Apprill, auteur de Sociologie des danses de couple, au Parisien.

Parce qu'il y a mieux pour danser collé-serré

Dans la grande majorité des discothèques françaises, le slow est définitivement banni. C'était déjà le cas en 2004, date à laquelle Libération ironisait sur cette danse qui "n'emballe plus les foules". Un DJ assurait alors au quotidien avoir remplacé les slows par le zouk love (un exemple ici), "slow nouvelle génération", plus sexuellement explicite. En 2012, à Paris, "c'est la salsa-zouk, la bachata et la kizomba qui font fureur", explique une habitante de la capitale au Parisien. Des rythmes importés des Antilles donc, ou d'Angola, pour la kizomba, plus dansants que les mélopées de Joe Dassin ou les complaintes dégoulinantes des Platters.

Parce qu'il n'y a pas eu de bon slow depuis 1997

C'est loin, 1997. Céline Dion chantait My Heart Will Go On, pour la bande originale de Titanic. Un film que vos enfants ne verront peut-être jamais, parce que vous-même l'aurez oublié. 

Parce qu'ils préféreront prendre un râteau par texto

Pour Libé, le slow était la "drague du timide". Mais la piste de danse n'est plus le lieu de rencontre privilégié des futurs amoureux, même les romantiques. Aujourd'hui, les adolescents envoient des milliers de SMS par mois, y compris la nuit, raconte L'Express. Parmi tous ces textos, probablement quelques sextos. Car désormais, ceux qui doutent de leur pouvoir de séduction draguent à distance, par messagerie, sur Snapchat, sur des applications de rencontres comme Tinder. C'est que, de loin, les râteaux font un peu moins mal.

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