Reportage "Il est radioactif et inutilisable" : les chercheurs de l'Institut Curie, à Paris, défendent la destruction du Pavillon des Sources

La démolition du pavillon des Sources, situé en plein cœur de l'Institut Curie dans le Vème arrondissement de Paris, doit débuter lundi 8 janvier. Ce lieu, qui servait de dépôt pour les déchets radioactifs liés aux travaux de Marie Curie, doit faire place à un laboratoire innovant dans la lutte contre le cancer. Mais ce projet, prévu de longue date, est remis en cause par les défenseurs du patrimoine. Une opposition qui inquiète les chercheurs de l'Institut, ce centre de recherche et de traitement contre le cancer. 

Le plus emblématique des opposants à cette destruction, Stéphane Bern, a appelé jeudi 4 janvier, sur France Culture, Emmanuel et Brigitte Macron à intervenir pour ne pas démolir ce bâtiment. "C'est un patrimoine symbolique, mémoriel", a-t-il déclaré. Le message semble avoir été entendu puisqu'une réunion de dernière minute est organisée vendredi 5 janvier au ministère de la Culture.

Un rebondissement qui provoque la colère des chercheurs qui considèrent que ce site n'a aucune valeur historique. "C'est un bâtiment dans lequel Marie Curie entreposait des matières premières radioactives et des déchets", explique Raphaël Rodriguez, chef d'équipe à l'Institut Curie.

"C'est un laboratoire qui n'a jamais servi à faire des travaux de recherche". 

Raphaël Rodriguez, chercheur à l'Institut Curie

à franceinfo

Il rappelle d'ailleurs que le bâtiment est condamné. "Il est barricadé parce qu'il est radioactif et donc, inutilisable. Personne n'y va, personne n'est même autorisé à marcher trop près de ce bâtiment. Personne ne peut faire d'expérience, ne peut le visiter", indique le chercheur. 

À sa place, un laboratoire de recherche inédit au monde doit voir le jour : "On va mélanger la chimie, la biologie et la médecine. Il faut savoir ce qu'on veut dans la vie. Est-ce qu'on veut soigner des patients qui souffrent  ? Ou est-ce qu'on souhaite protéger un bâtiment insalubre aux frais du contribuable français ?". Plus de 100 chercheurs internationaux spécialisés dans la lutte contre le cancer sont censés travailler bientôt dans ce bâtiment.