Le voyage au Moyen Age raconté par le musée de Cluny
Installée dans le frigidarium aussi long que large du bâtiment qui abrite le Musée parisien dédié au Moyen Age, l'exposition n'a pas de sens obligé, on peut y circuler comme on le désire. On est accueilli par une carte toute en longueur, la table de Pentinger, recensant les routes de l'empire romain et arrivée jusqu'à nous grâce à une copie du XIIIe siècle.
A pied, à cheval ou en chariot
L'homme médiéval voyage, quel que soit son milieu, mais il ne voyage pas de la même façon. La plupart du temps c'est à pied, et souvent pieds nus. Avec un peu plus de moyens, il ira à cheval, en chariot ou en bateau et pourra transporter un peu plus d'affaires. De tout ceci témoignent des chaussures du XIIIe et du XVe siècle, des fers à cheval et des étriers, des chandeliers pliants ou gigognes, des coffres ou même une boîte à jeu portative.
On peut voyager pour chercher fortune, et certains sont des professionnels du voyage comme les commerçants ou les messagers. Mais le voyage, au Moyen Age, a souvent une raison spirituelle. C'est l'époque où le pèlerinage se développe en Europe. On va loin, à Rome, Jérusalem, Saint Jacques de Compostelle, ou bien plus près, pour guérir d'une maladie, obtenir fertilité ou pardon d'une faute, s'assurer le salut. Un vitrail représente saint Jacques, une carte allemande, reproduite en masse à l'époque, indique "le chemin de Rome".
Une peinture représente sainte Ursule dont la légende dit que, partie pour Rome afin d'échapper au mariage, elle fut tuée par les Huns à son retour.
Les religieux voyageurs
Le voyage est plein de dangers, réels ou surnaturels, et, pour s'en prémunir, on se met sous la protection des saints spécialisés, comme saint Christophe ou saint Georges. On se déplace avec des images ou des objets qui les évoquent. Une peinture du XVe siècle représente saint Dominique sauvant des naufragés.
Les ecclésiastiques cheminent beaucoup, vers Rome ou Avignon pour rencontrer les autorités religieuses, ou autour de chez eux pour bénir des maisons, administrer l'extrême-onction, visiter leur diocèse. Ils transportent des autels portatifs ou des troncs de quête.
Le "rouleau des morts" est un témoignage étonnant d'un certain type de voyage, celui qu'un moine entreprenait pour annoncer la mort d'un de ses compagnons. Il allait d'abbaye en abbaye avec ce rouleau sur lequel étaient inscrits les détails de son périple, des engagements de prière pour le défunt et, parfois des mots personnels à sa mémoire recueillis en route.
Peu de restes des croisades
Les hommes de pouvoir voyagent pour se faire voir et maintenir leur autorité, tandis que l'histoire de l'art est le fruit des échanges et des influences croisées grâce à l'itinérance des peintres à travers l'Europe.
Paradoxalement, un des grands déplacements du Moyen-Age, la croisade, a laissé peu de traces matérielles, si ce ne sont les témoignages écrits : une croix pectorale qui aurait servi de reliquaire lors de la première croisade, une croix rare rapportée de Turqui, qui aurait appartenu à un chevalier chrétien…
On ne suivra peut-être pas les organisateurs de l'exposition quand ils affirment que l'époque contemporaine conserve un solide héritage de certains aspects du voyage médiéval, même s'il est vrai qu'on peut retrouver quelques motivations similaires.
Voyager au Moyen Age, Musée de Cluny (musée national du Moyen Age), 6 place Paul-Painlevé, 75005 Paris
Tous les jours sauf le mardi, le 25 décembre et le 1er janvier, 9h15-17h45
Tarifs : 9 € / 7 € - gratuit le premier dimanche du mois
Du 22 octobre 2014 au 23 février 2015
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