Le paysage culturel de Risco Caido et le palais de Mafra classés par l'Unesco
Ils rejoignent les 1117 autres sites classés au Patrimoine mondial de l'Unesco.
Deux sites ont été classés dimanche 7 juillet au patrimoine mondial de l'Unesco : le palais de Mafra au Portugal, monument baroque du XVIIIe siècle, ainsi que le paysage culturel de Risco Caido, en Espagne, avec les montagnes sacrées de Grande Canarie.
Palais de Mafra : vestige de l'empire colonial
Le palais Mafra témoigne de l'opulence de l'ancien empire colonial portugais. L'imposant ensemble, situé à 25 km au nord de Lisbonne, est composé d'un palais royal, d'une basilique, d'un couvent, d'un jardin et d'un domaine de chasse.
A l'instar du château de Versailles près de Paris, du palais de l'Escorial de Madrid ou celui de Schönbrunn à Vienne, Mafra a été érigé par un monarque souhaitant laisser une trace de son pouvoir et de sa richesse. Sous les ordres du roi Jean V, sa construction a débuté en 1717 et a duré une trentaine d'années, la bâtisse de marbre n'ayant été terminée qu'à la mort du monarque en 1750. Sa construction a été financée par l'or du Brésil, joyau du vaste empire colonial portugais dont l'âge d'or touchait alors à sa fin. Son déclin sera précipité notamment par le tremblement de terre qui a dévasté Lisbonne en 1755.
On trouve à Mafra deux des plus grands carillons au monde, avec un total de 98 cloches, et une impressionnante bibliothèque comptant quelque 36.000 volumes rares. L'écrivain portugais José Saramago, prix Nobel de littérature 1998, a consacré à l'histoire de ce monument un de ses romans les plus populaires, Le Dieu Manchot, paru en 1982. L'auteur y rappelle que le roi Jean V avait promis de faire construire le palais si la reine Marie Anne d'Autriche lui donnait un héritier. Il s'est également intéressé au triste sort réservé aux quelque 52.000 ouvriers qui l'ont érigé, dénonçant au passage l'hypocrisie de la foi catholique d'un monarque mégalomane.
Mafra a également servi de décor du film La Reine Margot de Patrice Chéreau, primé à Cannes en 1994.
Risco Caido : dix sites témoins de la civilisation arborigène
Deuxième site classé ce dimanche : le paysage culturel de Risco Caido et les montagnes sacrées de Grande Canarie qui mettent en relief les vestiges de la civilisation aborigène qui habita l'île volcanique jusqu'à sa conquête par l'Espagne à la fin du XVe siècle. Décrit par l'écrivain espagnol Miguel de Unamuno comme une "tempête pétrifiée", ce paysage est situé à l'intérieur de cette île de l'archipel espagnol des Canaries, une zone abrupte avec falaises, ravins et une immense caldeira héritée d'une éruption volcanique.
L'espace protégé inclut dix sites avec des vestiges d'habitations et de lieux de culte qui racontent la vie des communautés héritières des Berbères d'Afrique du nord qui vécurent isolées pendant 1.500 ans. Parmi ces sites, l'ancien village de Risco Caido, un ensemble de logements troglodytes creusés à même une falaise. "C'est une culture isolée sur une petite île, qui ne connaissait pas le métal et avait des ressources très limitées. Le degré de sophistication qu'elle a atteint est surprenant", a assuré à l'AFP le directeur du projet de candidature à l'Unesco, José de Leon. Le joyau du paysage est une grotte-sanctuaire, découverte en 1996, avec un toit surmonté d'une coupole. Des ouvertures dans les parois permettent aux rayons du soleil ou à la lumière de la lune d'entrer et d'éclairer des gravures sur les murs que les experts rapprochent d'un calendrier agricole.
Caractéristique importante de ce paysage protégé, le ciel canarien, très dégagé et prisé des amateurs d'astronomie, était "un élément culturel très important" dans les rites et croyances des anciens habitants de l'île, souligne José de Leon. Avec l'inscription de Risco Caido, l'Espagne compte désormais 48 sites classés au Patrimoine mondial de l'Unesco, ce qui en fait le troisième pays le plus représenté.
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