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Le Palais de justice de Paris, un décor de rêve pour le cinéma

Le 16 mars, le nouveau tribunal de Paris imaginé par Renzo Piano ouvrira ses portes au public. Quant au Palais de justice historique, il continuera d’abriter la cour d’appel et la Cour de cassation... et de nombreux tournages ! Le site est très prisé comme décor pour les films et fictions TV. Pourquoi ? Réponse avec ceux qui y travaillent au quotidien : avocate, archiviste, bâtonnier et magistrat.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Les salles d'audience du Palais de justice de Paris peuvent se louer 8000 € pour une journée de tournage.
 (France 3 Culturebox)

17, c’est en moyenne le nombre de tournages qui se déroulent chaque année au Palais de justice de Paris. Il faut dire que le site et son ambiance ont de quoi séduire les cinéastes.

Un décor unique au monde

Le Palais de justice est installé dans l’ancien Palais de La Cité qui fut la résidence et le siège du pouvoir des rois de France, du Xe au XIVe siècle. Parmi les vestiges encore visibles de cette époque, il y a notamment  la Conciergerie qui abrite la grande salle des Pas-Perdus et sa file de piliers ornés de statues des rois de France. Nos collègues de France 3 Paris-Ile-de France rappelent aussi que ces murs ont abrité des procès historiques comme celui de Marie-Antoinette en 1793 ou encore celui de Gustave Flaubert en 1857 suite à la parution de "Madame Bovary."

Pour le réalisateur et comédien Albert Dupontel qui avait posé pendant plus d’un mois ses caméras pour le tournage du film "9 mois ferme,", "ce décor est unique au monde. Aucun Palais de justice n’existe dans un lieu aussi ancien et prestigieux. Le paradoxe réside entre la beauté des lieux et les tragédies qui s’y déroulent au quotidien… »

Reportage : E. de Pourquery / P. Comte / A-L. Berthiau / D. Fuet / L. Calvy / A. Ongala / P. Guény

Des décors qui n'ont pas bougé...

Avec ses 17 km de couloirs, ses nombreuses salles et ses escaliers dérobés, le Palais est un lieu gigantesque où les avocats avouent parfois se perdre ! Et s’il est tant prisé des cinéastes, c’est aussi parce qu’ici "on peut quasiment tourner en décors naturels" comme le souligne Yves Ozanam, archiviste au Palais de justice de Paris. "Les salles d’audience des années 1880 n’ont guère bougé. Le procès d’Emile Zola dans l’affaire 'J’accuse' en 1898, vous pouvez parfaitement le tourner en décors naturels aux Grandes Assises de Paris."

En 35 ans de carrière, Yves Ozanam a assisté à des "juxtapositions pittorresques entre les professionnels et les acteurs. On voit un vrai gendarme à côté d'un faux, pareil pour les avocats..." 
Yves Ozanam, archiviste au Palais de justice pose dans le bureau du Président du Barreau de Paris.
 (GERARD JULIEN / AFP)

... Et des magistrats consultants pour la TV

Mais les décors du Palais ne sont pas les seuls à servir. Certains magistrats font plus que de la figuration. C’est le cas de Gilbert Thiel. L’ancien juge d'instruction antiterroriste a été consultant sur la série TV "Engrenages" diffusée sur Canal + et tournée au sein du Palais. "C’est essentiellement un rôle de conseiller technique pour donner de la crédibilité aux scènes. On n’interroge pas un gamin de 14 ans comme un pépère de 70 ans, ni un terroriste présumé du FLNC comme un islamiste présumé activiste" souligne le magistrat à la retraite qui a aussi figuré au casting de la série en incarnant un président de tribunal qui martyrisait un juge d’instruction.

De 2000 à 8000 € la journée de tournage

Pour l'autorité judiciaire, quel est l'intérêt d'accueillir ainsi des tournages qui doivent pourtant compliquer la gestion et la sécurité des lieux ?
 
Le premier intérêt est pécuniaire. Depuis 2009, un décret visant à valoriser le "riche patrimoine de l'institurion judicaire" permet aux sites judiciaires de percevoir une redevance pour services rendus.

Une journée de tournage dans un couloir est facturée 2000 euros. Une journée dans une salle d'audience peut aller jusqu'à 8000 euros pour les plus prestigieuses. Des sommes qui ne découragent pas les cinéastes : depuis la parution de ce décret, le nombre de tournages a fortement augmenté. 
  (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Un intérêt éducatif

Mais l'argent n'est pas la seule motivation. Marie-Aimée Peyron, bâtonnier au Barreau de Paris y voit aussi un enjeu éducatif et l’occasion de sortir des images préconçues voire des confusions : "En France, quand on parle de procès et d’avocats, on vous dit 'Objection votre Honneur !'. Non, ça, c’est le système américain !".

Le nouveau tribunal, ses 38 étages parés de verre et ses 90 salles d'audience, installé en bordure du périphérique à la porte de Clichy, séduira -t-il autant les cinéastes ? Réponse dans les années à venir...

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