Le célèbre musée de Pergame à Berlin a fermé ses portes pour une restauration qui va durer quatorze ans
Célèbre pour ses monuments antiques de premier ordre, le musée de Pergame à Berlin, le plus visité de la capitale allemande, a fermé ses portes le 23 octobre pour une restauration en profondeur dont la fin est attendue en 2037. Situé dans l'île aux Musées, classée au patrimoine mondial de l'Unesco, dans le cœur historique de la ville, le musée de Pergame abrite des trésors, comme l'Autel romain de Pergame, qui date du IIe siècle avant notre ère, et la Porte babylonienne d'Ishtar avec la Voie des processions, construite il y a 2 600 ans.
Construit sur une rivière de l'ère glaciaire
Ouvert en 1930, le musée attire plus d'un million de visiteurs par an quand tous les objets d'exposition sont accessibles. Ces derniers mois, l'annonce de cette rénovation en profondeur a attiré Berlinois et touristes avides de jeter un dernier regard sur les œuvres. "Nous avons eu beaucoup de chance d'avoir les derniers tickets. À mon âge, je ne suis pas certaine d'être encore en vie avant la réouverture", a confié à l'AFP une visiteuse berlinoise, enseignante retraitée de 75 ans.
Après avoir découvert entre 1878 et 1886 les ruines de l'Autel romain de Pergame (dans l'actuelle Turquie), des archéologues allemands les ont transférées à Berlin, en vertu d'un accord passé entre l'Allemagne et l'Empire ottoman. La reconstruction de cet autel dura jusqu'en 1902. Le musée de Pergame, dont l'architecture rappelle celle d'un temple antique, a été spécialement conçu pour exposer et mettre particulièrement en valeur cet autel et la Porte babylonienne d'Ishtar.
Cependant, le temps et le poids des collections, qui reposent sur le lit d'une rivière de l'ère glaciaire, ont mis à mal les fondations du musée qu'il va falloir renforcer. Une tâche herculéenne estimée à près de 1,5 milliard d'euros et prévue pour durer plus d'une décennie. L'usure du bâtiment et les dommages durables causés par la Seconde Guerre mondiale ont entraîné des fuites d'eau en cas de pluie, explique Barbara Helwing, directrice du musée du Proche-Orient ancien au sein des musées d'État berlinois. Il est "urgent", selon elle, de commencer les réparations pour protéger les précieuses collections et assurer la sécurité des visiteurs. "Le bâtiment est en très mauvais état et il s'affaisse", explique-t-elle.
Ouverture partielle en 2027
Le coût exorbitant de la rénovation et le fait qu'à l'exception de quelques panneaux solaires, rien ne sera très écologique, ont été dénoncés par les critiques. "Lorsqu'il sera entièrement rénové en 2037, le musée de Pergame sera, en termes de technologie climatique et d'énergie, un bâtiment du passé alimenté par des combustibles fossiles", a asséné le critique d'architecture Nikolaus Bernau, dans l'hebdomadaire allemand Die Zeit.
Autre problème en perspective : la demande éventuelle de restitutions de certaines œuvres, alors que de plus en plus d'institutions occidentales rendent des objets aux pays d'où ils proviennent. Le mois dernier, dans le quotidien allemand Tagesspiegel, une archéologue du ministère turc de la Culture, Zeynep Boz, a demandé si l'Allemagne avait vraiment le droit de posséder l'Autel de Pergame. Barbara Helwing reconnaît que c'était une question "difficile" et assure que les recherches sur la provenance des collections du musée continueront pendant les travaux de rénovation.
L'aile nord du musée avait déjà été fermée pour rénovation en 2012 et l'Autel de Pergame est déjà caché derrière un échafaudage depuis 2014. Si tout se passe comme prévu, ce sera la toute première partie du musée qui pourra à nouveau être visitée en 2027. Des milliers d'objets – sculptures, urnes, tapis – vont être rangés dans des entrepôts. Une petite partie d'entre eux sera prêtée à d'autres institutions. Les grands monuments, comme la Porte babylonienne d'Ishtar, protégés par un revêtement, resteront en place pendant les travaux.
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