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La Monnaie de Paris inaugure son musée et s'ouvre sur la ville

La Monnaie de Paris, qui devient le 11 Conti - Monnaie de Paris, ouvre ses nouveaux espaces réaménagés par l'architecte Philippe Prost avec un nouveau musée, des vues sur les ateliers toujours actifs, une circulation dans ses cours, pour la première fois accessibles au public, et toujours des expositions d'art.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Dans la cour de la Méridienne de la Monnaie de Paris, une "Théière" de Joana Vasconcelos et l'affiche de la prochaine exposition temporaire, "Women House"
 (photo Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions)

"Notre entreprise, fondée en 864, est la plus vieille entreprise de France", souligne Aurélien Rousseau, le PDG de la Monnaie de Paris, entreprise publique qui s'occupe depuis onze siècles de frapper la monnaie française. Siégeant d'abord dans le quartier du Louvre, elle s'est installée au 11 quai de Conti en 1775. L'architecte Jacques-Denis Antoine "a conçu ce site pour être l'usine de la monnaie" et le bâtiment néoclassique qu'on va pouvoir découvrir a "toujours été ce site industriel", explique le PDG.
 
L'usine fonctionne toujours, elle est "la dernière usine de Paris, avec des vrais salariés", fait remarquer Aurélien Rousseau, même si aujourd'hui le site parisien se consacre essentiellement à une production liée aux métiers d'art : les médailles, les décorations, les pièces en or (200.000 pièces par an). Une deuxième usine, à Pessac (Gironde), a une production plus industrielle (1,4 milliard de pièces par an dont la moitié pour l'étranger).

Une vitrine du musée de la Monnaie de Paris
 (Bruno Levesque / IP3 Press / MaxPPP)

Un site conçu comme un coffre-fort

Un des objectifs du projet était d'ouvrir la Monnaie de Paris au public et de l'ouvrir sur la ville. "Ce n'était pas facile parce que ce bâtiment a été pensé comme une sorte de coffre-fort et il est l'expression même du pouvoir régalien. C'est un bâtiment qui devait pouvoir se défendre et être impénétrable", explique l'architecte du projet, Philippe Prost. On pourra désormais circuler dans sa succession de cours, plusieurs entrées permettront d'accéder au site (quai de Conti, rue Guénégaud et impasse Conti) et de le traverser.
 
"L'écriture architecturale pour moi ne faisait pas de doute, ça devait être le métal", ajoute l'architecte. "C'est le métal qui relie ce lieu à l'œuvre des artisans, des ouvriers qui travaillent dans ce site : ils travaillent à la transformation du métal, depuis plusieurs siècles tous les jours."
L'entrée du musée de la Monnaie de Paris
 (photo Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions)


Une immense collection de pièces, d'outils, d'œuvres d'art

Des plaques de métaux différents, et donc de différentes couleurs, ornent le mur de l'escalier qui mène au musée, des façades ont été décorées avec des planches de métal ajourées qui ressemblent à celles dans lesquelles on taille les flans (pièces de métal brutes qui vont être frappées). Une passerelle qui a été ajoutée au bâtiment est longée d'une baie vitrée doublée d'une fine maille métallique. Depuis cette passerelle, on peut observer, à travers des vitres, les ateliers de patine et de ciselure. Car le projet a voulu mettre le geste au centre du musée.
 
Sur 2000 m2, celui-ci permet de découvrir les collections de la Monnaie de Paris, "qui n'ont rien à voir avec une simple collection de monnaies", souligne Victor Hundsbuckler, conservateur du patrimoine à la Monnaie de Paris. Elles comprennent plus de 14.000 outillages, 75.000 médailles françaises et étrangères, plus de 30.000 pièces de monnaie, des milliers de coins (pièces sur lesquelles est gravée l'empreinte d'une monnaie et qui sert à la frapper), plus des documents, tableaux, sculptures, films, photographies… Le musée ne se veut pas un musée monétaire, il se veut "pluriel". 
 
Son parcours est passionnant et très complet, on pourrait y passer des heures. 
Un tour à réduire de la Monnaie de Paris
 (photo Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions)

L'histoire, l'économie, la chimie, les techniques

Une première partie est consacrée aux différents métaux, à leur chimie et à leur transformation qui sont au cœur de la production, avec de grands cartels pédagogiques, des instruments et objets (balances, mètre et kilo étalons).
 
Une section historique montre aussi bien deux vitraux du 16e siècle évoquant la fabrication de la monnaie qu'une vue du bâtiment peinte par Pierre-Antoine Demachy ("Le Louvre et la Monnaie vues du Pont-Neuf", 1783) ou une médaille de bronze patiné figurant le bâtiment, frappée pour célébrer la pose de la première pierre en 1770.
 
Une grande salle aborde la question de la fabrication et l'évolution des techniques, depuis la frappe au marteau, pratiquée de l'Antiquité à la Renaissance, puis au balancier et à la presse industrielle. Comme partout dans le parcours, un grand panneau résume la chronologie de cette évolution.
Des coins anciens, pièces qui servaient à frapper la monnaie avant la mécanisation
 (photo Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions)


Des machines et des trésors

Des machines historiques, conçues pour la Monnaie de Paris, sont exposées. Le visiteur peut en lancer certaines lui-même, comme ce tour à réduire : un motif est créé en grand par le graveur et la machine le réduit à la taille d'une pièce ou d'une médaille. Le tour à réduire permet également de frapper le même motif à des formats différents.
 
Chaque visiteur se verra offrir un jeton qu'il pourra frapper lui-même en actionnant une machine à balancier.
 
Le musée parle également des aspects économiques et politiques de la monnaie, qui "véhicule les images et les symboles de l'Etat nation", des aspects ethnologiques avec des monnaies en graines, perles ou objets divers.
 
Le musée de la Monnaie de Paris montre ensuite des "trésors" qui sont tombés dans ses collections. Le trésor impérial de Huê (Vietnam) ou plutôt un échantillon de ce qu'il en reste : ces lingots d'or, médailles d'or et barres d'argent fabriqué sous la dynastie des Nguyen entre 1820 et 1883 furent saisis par les troupes coloniales françaises en 1885 et fondus. Seuls quelques éléments ont été préservés.
La salle dite du Grand monnayage, à la Monnaie de Paris
 (photo Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions)

Les machines ont réintégré la salle du Grand monnayage

Plus près de nous, le "trésor de la rue Mouffetard" : lors de la démolition d'un immeuble, en 1938, les ouvriers découvrent plus de 3000 louis d'or roulés dans des parchemins. Cette fortune était celle de Louis Nivelle, un dignitaire du roi sous Louis XV.
 
A l'étage en dessous, la salle dite du "Grand monnayage" est revenue à sa destination première, sous l'œil de la statue de la Fortune, sculptée en 1775 par Louis Philippe Mouchy, restaurée et nettoyée pour l'ouverture au public : on peut voir les machines de frappe qui y sont installées à travers une grande baie vitrée. Les visiteurs pourront voir travailler les ouvriers en dehors des week-ends. Mais, dans une autre salle, des graveurs feront des démonstrations les mercredis, samedis et dimanches.
La façade de la Monnaie de Paris, sur le quai de Conti
 (photo Valérie Oddos / Culturebox / France Télévisions)


Première exposition d'art contemporain en octobre

Les expositions temporaires d'art contemporain vont se poursuivre dans l'espace qui leur était déjà dédié. Cet espace "de 600 m2, à l'étage, va être augmenté d'un espace de 300 m2" au rez de chaussée, annonce Camille Morineau, la directrice des expositions et des collections. A partir du 20 octobre, l'exposition "Women House" sera dédiée à "la manière dont les artistes femmes ont repensé et illustré l'espace domestique".
 
Par ailleurs, la Monnaie de Paris va faire une place privilégiée à la sculpture, en l'accueillant dans ses cours. Une "Théière" géante en fer forgé de l'artiste portugaise Joana Vasconcelos est actuellement dans la cour de la Méridienne et, au printemps prochain, le sculpteur indien Subodh Gupta, qui travaille souvent à partir d'objets métalliques, va s'installer à la Monnaie de Paris.
 
D'autres expositions feront dialoguer art et arts appliqués : l'automne prochain, ce sont les céramiques, tapisseries et sculptures en métal de l'artiste britannique Grayson Perry qu'on pourra découvrir dans les espaces d'expositions temporaires. 

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