La Havane, cité coloniale restée intacte, fête son 500e anniversaire
La Havane fête le 500e anniversaire de son premier conseil municipal, à l'ombre d'un fromager : concerts, spectacles et feux d'artifices sont au programme des festivités
Parée de ses plus beaux atours après des mois de chantiers, La Havane, capitale dont l'air figé dans le temps séduit chaque année des millions de touristes, célèbre vendredi 15 et samedi 16 novembre ses 500 ans.
Le Malecón, célèbre boulevard de bord de mer longé de bâtiments coloniaux colorés, sera l'une des principales scènes des festivités, avec des concerts et un spectacle de 16 000 feux d'artifice vendredi à minuit, après le tir de 21 salves de canon.
Avant cela, à 21h00 (2h00 GMT samedi), aura lieu la traditionnelle cérémonie qui consiste, à chaque date-anniversaire de la ville, à tourner trois fois autour d'un arbre, le ceiba (fromager), en formulant le même nombre de voeux. Chaque année, une foule d'habitants respectent ce rituel censé porter chance.
Une messe et un conseil municipal sous un fromager le 16 novembre 1519
Le 16 novembre 1519, c'est à l'ombre d'un fromager qu'avaient été organisés la première messe et le premier conseil municipal de San Cristobal de La Havane. Pour les spécialistes, c'est l'acte fondateur de cette cité de 2,1 millions d'habitants, créée par des colons espagnols, l'île étant ensuite restée dans le giron de Madrid jusqu'en 1898. Le roi d'Espagne Felipe VI est venu en début de semaine lancer les célébrations.
La cérémonie sera présidée par l'historien officiel de La Havane, Eusebio Leal, considéré comme le "sauveur" de la capitale cubaine, qui a mené ces dernières années un ambitieux travail de conservation et de restauration. "Par magie ou par une série de phénomènes politiques, économiques et sociaux, (La Havane) est restée intacte, elle attendait son heure", a confié à l'AFP l'historien, en référence au coup d'arrêt urbanistique provoqué par la révolution socialiste de 1959, menée par Fidel Castro, puis l'embargo américain imposé à partir de 1962.
Berlines américaines des années 1950, absence de gratte-ciels, centre historique parsemé de rues pavées, de palais et de forteresses (classé au patrimoine de l'Unesco : c'est ce charme désuet qui fascine les touristes. Ils ont été 4,75 millions à visiter l'île en 2018.
La restauration financée par les recettes touristiques
Le modèle d'autogestion imaginé par Eusebio Leal a justement permis d'utiliser une partie des recettes touristiques pour la restauration du quartier historique, où de nombreux édifices tombaient en ruine. La ville a donné un coup d'accélérateur aux chantiers en prévision de son anniversaire d'un demi-millénaire, avec la rénovation de bâtiments anciens et la construction de plusieurs hôtels de luxe, puis plus récemment la réfection de la chaussée du Malecón et d'une partie des rues du centre.
Œuvre phare de cet anniversaire, le Capitole, réplique de celui de Washington, a été rénové et sa coupole recouverte d'or, offert par la Russie. Un don qui reflète le climat diplomatique du moment, alors que Cuba est soumis à une pluie de sanctions américaines et cherche le soutien de ses alliés traditionnels, Moscou et Caracas.
"Les yankees continuent de nous étrangler, mais nous résistons", a lancé jeudi le président Miguel Diaz-Canel lors d'un déplacement dans la province de Guantanamo (sud-est), où se trouve une base militaire américaine. Les Etats-Unis "veulent asphyxier l'économie, en pensant que ce peuple va se rendre", a-t-il ajouté. C'est justement la population qui souffre le plus directement des sanctions, qui ont provoqué notamment des pénuries d'essence sur l'île.
Des représentants de nombreux pays étrangers sont attendus pour les festivités - dont l'ex-président socialiste François Hollande (2012-2017) pour la France - et seront reçus samedi par le président Diaz-Canel lors de la cérémonie d'inauguration du Capitole rénové.
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