La colonnade de la basilique de Trajan renaît à Rome grâce aux financements d'un oligarque russe

L'imposante colonnade de la basilique de Trajan à Rome, trônant dans le forum de cet empereur romain, à deux pas du Colisée, vient d'être en partie restaurée à la suite des dons d'un oligarque d'origine ouzbèke, désormais sous le coup de sanctions.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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La colonnade de la basilique de Trajan à Rome, après rénovations. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Alors que la plupart des chantiers engagés à Rome pour exhumer les ruines antiques obligent les touristes à se pencher, la reconstruction de la colonnade corinthienne à deux niveaux les invite à lever les yeux au ciel, à plus de 23 mètres de haut. "Si les visiteurs ne perçoivent pas la hauteur des monuments, ils ne comprennent pas la signification de l'architecture", explique à l'AFP Claudio Parisi Presicce, conservateur en chef du patrimoine culturel de Rome, lors d'une visite du site.

La basilique Ulpia, un bâtiment sans vocation religieuse à l'époque, est la pièce maîtresse du forum de Trajan, le plus grand et le dernier des forums impériaux, nommé d'après Marcus Ulpius Traianus, empereur de 98 à 117 après J.-C. Inaugurée au IIe siècle, elle s'est en grande partie effondrée au Moyen Âge. Des fouilles datant du début du XIXe siècle et des années 1930 ont permis d'en révéler des ruines. Le projet actuel, qui a débuté en 2021, a mené à l'identification de trois colonnes de marbre vert laissées pendant près d'un siècle "dans un coin", sans aucun lien avec leurs fondations, détaille le conservateur.

Détail de la rénovation alliant vestiges et résine. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

L'empereur Trajan "a construit un monument en utilisant les matériaux les plus précieux pouvant être utilisés à ce moment-là", à l'image de ces marbres colorés extraits en Égypte, en Asie et en Afrique, analyse ce dernier. La basilique, qui abritait les tribunaux civils et pénaux, était composée de cinq allées centrales séparées par des rangées de colonnes.

Conçue par le célèbre architecte Apollodore de Damas, elle était couverte d'un toit en tuiles de bronze. Des statues de prisonniers daces, peuple de l'actuelle Roumanie presque entièrement exterminé par l'empereur, et des fresques représentant les armes des légions victorieuses ornaient la façade.

Un mécène sanctionné par de nombreux pays

Le projet a été financé par un don de 1,5 million d'euros consenti en 2015 par l'oligarque d'origine ouzbèke Alicher Ousmanov. Ce dernier a été sanctionné par l'Union européenne et les États-Unis après l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022. Il est notamment accusé par le Trésor américain d'être proche du président russe Vladimir Poutine. Forbes estimait l'an dernier sa fortune bâtie dans l'industrie métallurgique et minière à 14,4 milliards de dollars.

Nommé "plus généreux donateur" sur la liste des riches mécènes du Sunday Times en 2021 après avoir fait don de 4,2 milliards de dollars à des œuvres caritatives en 20 ans, Alicher Ousmanov est un italophile qui a déjà fait bénéficier Rome de ses libéralités. Interrogé à ce propos, Claudio Parisi Presicce plaide que le financement de M. Ousmanov a été accepté avant les sanctions occidentales. Il fait également savoir que l'héritage antique de Rome est "universel".

Pour la rénovation, les vestiges manquants ont été recréés en résine. Cette technique respectueuse du patrimoine permet au spectateur de voir la différence entre les originaux et les répliques, de noter le caractère réversible de l'intervention. Quelque 150 projets archéologiques sont prévus à Rome jusqu'en 2027. La grande majorité d'entre eux seront financés par les fonds de relance post-pandémie de l'Union européenne.

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