Journées du Patrimoine 2023 : Hervé Lemoine, président du Mobilier national : "Les journées du patrimoine, c'est une passion française pour l'héritage du passé"

Créées en 1984, les journées du patrimoine sont devenues un week-end de découvertes populaires dont le succès ne se dément pas. Pour Hervé Lemoine, président du Mobilier national, qui ouvre ses portes chaque année au public, c'est le signe d'un lien très particulier entre les Français et leur histoire.
Article rédigé par Carine Azzopardi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Entrée du Mobilier national, bâtiment classé d'Auguste Perret (Paris) (JACQUES WITT/SIPA / SIPA)

Les journées du patrimoine fêtent cette année leur 40e anniversaire. Depuis 2018, le Mobilier national est ouvert au public. Situé dans un bâtiment du 13e arrondissement de Paris, le bâtiment a été construit par l'architecte Auguste Perret en 1937 sur les anciens jardins de la Manufacture des Gobelins. Son président nous accueille dans l'atelier de restauration de mobilier ancien, où l'on peaufine la préparation de meubles rares avant leur départ pour différentes expositions.

Hervé Lemoine, nous sommes ici au cœur du patrimoine mobilier français, et on le sait, c'est un lieu où les journées du patrimoine s'incarnent particulièrement. Qu'est-ce que ces journées ont changé pour le Mobilier national ?

Hervé Lemoine : Je crois que ce qui a été très important, c'est que c'est vraiment une rencontre entre les Français et un patrimoine qui leur appartient à tous en tant que citoyens. Pour ce qui est du Mobilier national, cela a permis de montrer aussi au public que, certes le mobilier national c'étaient des collections historiques extraordinaires, mais c'étaient aussi des savoir-faire et des métiers extraordinaires comme ceux que l'on pratique dans l'atelier. Et ça, je pense que c'est une vision "de l'intérieur" qu'il n'y avait pas auparavant et que les journées européennes du patrimoine ont rendu possible. Cela a permis de valoriser des métiers qui auraient pu tomber dans l'oubli, et c'était bien de rappeler que les services publics, l'État, entretiennent ces savoir-faire, qu'ils sont vivants. Pour nous, partager cela, c'est vraiment formidable. Les visiteurs viennent très nombreux, ils sont fascinés par les collections, les meubles, mais ils sont tout autant fascinés par tous nos techniciens d'art qui sont dans leurs ateliers et qui présentent ce qu'ils sont en train de faire, comment ils travaillent, les outils qu'ils utilisent, les longues traditions qu'ils perpétuent. La notion de patrimoine n'est pas quelque chose de figé mais au contraire, c'est vivant et cela se transmet.

Les journées du patrimoine sont devenues un événement européen. Est-ce un hasard si la France a été à l'origine de la création de ces journées ?

Hervé Lemoine : La passion française pour le patrimoine, comme la passion française pour la généalogie, comme pour tout ce qui concerne un héritage vivant du passé, c'est quelque chose de très singulier. La culture, en général, a une place très particulière en France. On attend de nos édiles, de nos hommes politiques, qu'ils soient cultivés. Dans d'autres pays, c'est une chose dont on se fiche complètement, pas en France. Tout cet aspect qui tient aux choses de l'esprit a pour nous de l'importance, et le patrimoine en fait partie. Les Français ont toujours été attachés à leur patrimoine, tout simplement parce que cela nous entoure en permanence. On a la chance d'être dans un pays où on a des villes et des villages qui sont riches d'un bâti extraordinaire, on a des musées qui ont toujours été très fréquentés, bien plus en comparaison d'autres pays d'Europe. Cette appétence particulière des Français, c'est ce qui explique sans doute que les journées du patrimoine soient nées en France, et leur succès année après année.

Dans les années 1960, une émission à la télévision s'intitulait "Chefs-d’œuvre en péril". Après la reconstruction d'après-guerre, c'est le moment où on s'aperçoit qu'il va falloir faire quelque chose pour notre patrimoine. Est-ce que c'est toujours le cas, nos chefs-d’œuvre sont-ils toujours en péril ?

Hervé Lemoine : Je suis suffisamment âgé pour avoir vu cette émission formidable à la télévision lorsque j'étais petit. Aujourd'hui, il y a encore des chefs-d’œuvre en péril, on le sait bien, mais il y a à la fois une mobilisation de l'État et des collectivités territoriales pour sauver ce patrimoine et le conserver. Pour autant, on a un patrimoine tellement gigantesque qu'il faut mobiliser des fonds également gigantesques et toutes les initiatives - le loto du patrimoine en est l'une des plus récentes - sont évidemment les bienvenues.

Le président du Mobilier national, Hervé Lemoine. (ISA HARSIN/SIPA / SIPA)

Journées européennes du patrimoine au Mobilier national, 1, rue Berbier-du-Mets, 75013 Paris, les 16 et 17 septembre 2023 de 10 heures à 19 heures.

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