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Journées du Patrimoine : le coffre reliquaire d’Héloïse et Abélard dévoilé à l’ancien Hôpital Laennec

Dans la chapelle de l’hôpital Laennec est exposé, pour la 1re fois de son histoire, le coffre reliquaire d’Héloïse et Abélard, aux côtés d’oeuvres d’art contemporain de la Collection Pinault. A découvrir les 15 et 16 septembre au 40, rue de Sèvres, siège de Kering qui l’a racheté à des collectionneurs. Puis ce trésor rejoindra les collections de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le coffre reliquaire d'Héloïse et Abélard exposé dans la chapelle de l'hôpital Laennec, 2018
 (Cyrille George Jerusalmi/Courtesy of Kering)

Héloïse et Abélard, l’histoire d’un amour tragique

L’histoire d’Héloïse et Abélard est celle d’un amour tragique et impossible au Moyen Âge. Héloïse est l’une des femmes les plus érudites de son époque ; Abélard, son professeur, est un clerc, intellectuel reconnu et maître de théologie. Deux personnages libres contraints de renoncer à leur amour et qui font le choix d’une vie monastique, loin l’un de l’autre. Ils conservent pour seul lien une correspondance intense.
Au XVIIIe siècle, l’histoire des deux amants connaît une popularité grâce aux auteurs romantiques qui y trouvent une source d’inspiration inépuisable, et leur tombeau à Paris devient un lieu de pèlerinage d’amoureux venus de toute l’Europe.

Le reliquaire, un trésor néo-gothique

Alexandre Lenoir, médiéviste et historien du XIXe, l’un des pères du patrimoine et fondateur du Musée des Monuments Français, compose un coffre à partir de reliques et de documents liés à la vie du couple. "Quand Alexandre Lenoir transfére les reliques du couple dans son musée, il va en conserver certaines pour les mettre dans le coffre" explique Alice Thomine, conservatrice aux Beaux-Arts qui rajoute "Ce coffret est lié à la figure d’Alexandre Lenoir qui s’est engagé dans la protection du patrimoine religieux. Le mythe d’Héloïse et Abélard est le mythe fondateur des sentiments et de l’amour. Ce coffret est la matérialisation de ce mythe. Ce qui est important, c’est le symbole". 
Le coffre reliquaire d'Héloïse et Abélard exposé dans la chapelle de l'hôpital Laennec, en 2018
 (Cyrille George Jerusalmi/Courtesy of Kering)
Trésor néo-gothique et symbole romantique, le coffre est préservé dans un écrin en bois d’amarante au sein duquel reposent, dans un précieux coffret en maroquin, quelques reliques des deux personnages. Le reliquaire est composé de plusieurs documents. Le premier est un manuscrit rédigé par Alexandre Lenoir. Il y raconte l’histoire de ces reliques ainsi que la manière dont il est parvenu à les récupérer, avec le soutien de Lucien Bonaparte alors Ministre de l’Intérieur. Le coffre contient aussi une traduction des Lettres d’Héloïse et Abélard, qui préfigure le roman épistolaire français - Jean-Jacques Rousseau, notamment, écrivit la Nouvelle Héloïse sous cette forme romanesque. Édition unique, elle inclut une préface sur la vie d’Abélard écrite par François-Henri Stanislas de l’Aulnay ; elle est accompagnée d’un dessin représentant la maison d’Héloïse et Abélard dans l’Île de la Cité. Le coffre renferme aussi des éléments postérieurs à la vie d’Alexandre Lenoir, mort en 1839. Ce dernier offrit le reliquaire, en 1817, à la comtesse Dumont de Frainays qui y ajouta un exemplaire du catalogue faisant l’inventaire de ses oeuvres, rédigé par Alexandre Lenoir en 1831, ainsi que trois ouvrages consacrés à Héloïse et Abélard.
Le coffre reliquaire d'Héloîse et Abélard exposé dans la chapelle de l'hôpital Laennec à Paris dans le cadre des Journées du Patrimoine
 (Corinne Jeammet)

Le coffre exposé bientôt à l’Ecole des Beaux-Arts

Conservé dans des collections privées depuis 1861, ce reliquaire est aujourd'hui montré au public pour la première fois à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Grâce au mécénat de Kering, qui a répondu à l'appel du Ministère de la Culture et l'a racheté, ce coffre va retrouver sa place d’origine au sein de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il va revenir à l'endroit même où la sépulture des amants légendaires se dressait deux siècles plus tôt, sur le Jardin du Musée des monuments français. Il y sera exposé au 14 rue Bonaparte, du 24 septembre au 24 octobre 2018.

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L’hôpital Laennec abrite une chapelle édifiée sous Louis XIII

Le 40, rue de Sèvres constitue l’un des joyaux patrimoniaux de la capitale. Construit en 1634, l’Hospice dit "des Incurables" a d’abord été consacré au soin des malades trop démunis ou trop gravement atteints pour être accueillis ailleurs. Il deviendra, en 1878, l’Hôpital Laennec, fonction qu’il remplira jusqu’en 2000, avant que ses services ne soient transférés à l’Hôpital européen George-Pompidou. Ce site historique a fait l’objet d’une réhabilitation lui permettant de retrouver sa beauté architecturale d’origine. Il fallait remettre en valeur les lieux sans en trahir l’esprit, retrouver leur beauté originelle sans gommer l’histoire qui les a vus évoluer pendant près de quatre siècles et cela, dans le respect des espaces classés ou inscrits, comme la chapelle édifiée sous Louis XIII, qui abrite ce reliquaire pendant les journées du patrimoine.

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