Institut de France : une rénovation de ce "patrimoine artistique et culturel exceptionnel" est urgente, selon la Cour des comptes
Risques d'incendie et de sécurité, patrimoine parfois vétuste, l'Institut de France, où se situe notamment l'Académie française, a besoin de gros travaux en urgence, établit la Cour des comptes
L'Institut de France, qui abrite l'Académie française et d'autres institutions comparables, a urgemment besoin de gros travaux de rénovation face au risque d'incendie, constate la Cour des comptes dans un rapport jeudi 15 juillet.
Elle déplore l'état parfois vétuste d'un "patrimoine artistique et culturel exceptionnel, en partie laissé à l'abandon", dans la capitale et ailleurs. C'est le cas du siège de l'Institut, le collège des Quatre-Nations, quai de Conti à Paris, surnommé la "Coupole" pour l'architecture de son ancienne chapelle.
De nombreux risques
"Le palais Conti a été insuffisamment entretenu au cours des décennies passées", écrivent les magistrats de la rue Cambon. Le bâtiment est mal préparé au risque d'incendie, révèle la Cour, qui s'appuie sur un audit de l'inspection du patrimoine du ministère de la Culture fin 2020.
"L'audit souligne l'existence de nombreux risques de sécurité dans les locaux où sont entreposées les archives, avec des dangers importants en cas de départ de feu, y compris dans la zone située au-dessous de la Coupole", lit-on dans le rapport.
"Il est urgent de régler le problème lié au stockage des archives au sein du palais Conti, qui met gravement en danger la sécurité du bâtiment, des personnes et des collections", exhortent les magistrats. Face aux "risques d'incendie des zones d'entreposage", ils recommandent de stocker ailleurs la majeure partie des documents et livres que possède l'Institut de France, mal valorisés aujourd'hui.
Des travaux à environ 25 millions d'euros
L'Institut de France est conscient de la nécessité de ces travaux, qu'il évalue à environ 25 millions d'euros, sans avoir toutefois de devis. Or, ses moyens sont limités : il affiche un "déficit structurel" malgré "un patrimoine financier de près d'un milliard d'euros", souligne la Cour.
Le ministère de la Culture a répondu dans le rapport qu'il refusait toute contribution, conformément à la loi. Pour lui, cela "constituerait une dérogation considérable en termes de montant, qui risquerait de créer un précédent". Il suggère de recourir, si les ressources propres de l'Institut ne suffisent pas, aux "recettes des bâches publicitaires" ainsi qu'au "mécénat, sans contribution du ministère".
De graves désordres dans les comptes
La Cour, par de nombreux exemples, illustre combien cet établissement, placé directement sous l'autorité du président de la République et ses différentes branches, doit "remettre de l'ordre dans leurs comptes". Elle y a repéré "de graves désordres".
Le trou dans le budget, apparu en 2018, a atteint 4,6 millions d'euros en 2020, et devrait être encore de 4,2 millions d'euros cette année. Les magistrats pensent qu'il peut être comblé en rationalisant la gestion quotidienne et en revoyant la stratégie financière.
D'autres sites immobiliers apparaissent en danger ou en déshérence, surtout la villa Ephrussi à Saint-Jean-Cap-Ferrat, près de Nice. Le domaine de Chantilly (Oise) a besoin de travaux pour 17,6 millions d'euros.
Des actions concrètes bientôt présentées
Pour l'Institut, son chancelier Xavier Darcos répond qu'il va travailler à "la mise en ordre des comptes et de la gestion financière". D'après lui, "des actions concrètes seront présentées dans les prochaines semaines". Mais il n'évoque pas directement le problème des rénovations du patrimoine immobilier.
L'Institut de France regroupe cinq académies (française, des inscriptions et belles-lettres, des sciences, des beaux-arts, et des sciences morales et politiques) qui ont pour mission le rayonnement culturel et scientifique du pays.
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