Notre-Dame de Paris : deux ans après l'incendie, des chercheurs tentent de retrouver la "grandiose" acoustique de la cathédrale
Alors que le le chantier de rénovation se poursuit, une équipe du CNRS étudie l'impact des choix architecturaux sur l'acoustique de l'édifice religieux. Les travaux ont aussi permis de révéler des décors datant du Moyen-Âge et jusqu'ici inaccessibles.
Les images ont fait le tour du monde, l'émotion également. Il y a deux ans, le 15 avril 2019, la cathédrale Notre-Dame de Paris prenait feu. Alors que les travaux de sécurisation se poursuivent, un autre chantier a été lancé dans la foulée de l'incendie : "Le chantier scientifique Notre-Dame". Piloté par la CNRS et le ministère de la Culture, il mobilise 175 chercheurs de toutes disciplines pour étudier le patrimoine de la cathédrale et proposer des expertises en vue de sa restauration. Une équipe est notamment dédiée à l'acoustique de l'édifice religieux.
L'impact des travaux sur le son
Brian Katz, chercheur en acoustique au CNRS nous reçoit dans son laboratoire sur le campus de Jussieu à Paris et nous présente une partie de son travail : "Notre mission c'est de travailler un peu comme un consultant aux architectes sur les impacts acoustiques des choix architecturaux. Nous donnons des avis sur comment mieux respecter ou mieux retrouver l'acoustique d'avant l'incendie."
Au tableau, un croquis de Notre-Dame de Paris et des annotations que seul Brian Katz peut comprendre : "On a recréé un concert qui avait eu lieu dans la cathédrale en 2013 avec la capacité de changer la position dans l'église pendant le concert. Par exemple, proche de l'orchestre ou au dernier rang." Un mot pour qualifier la sonorité de la cathédrale ? "Grandiose", répond le chercheur.
Une "conséquence heureuse" de l'incendie
Les travaux sur l'acoustique s'intègrent dans un grand ensemble de recherches, explique Philippe Dillman, directeur de recherche au CNRS et co-responsable du "chantier scientifique Notre-Dame". "Il y a un certain nombre de groupes qui modélisent le comportement de la cathédrale, qui essaient de comprendre la stabilité des voûtes après l'incendie. On étudie également les différents matériaux, la pierre, le bois, le métal."
"On s'est rendu compte que l'incendie avait permis de révéler que des agrafes en fer étaient comprises dans la structure dès le Moyen Âge."
Philippe Dillman, directeur de recherche au CNRSà franceinfo
La cathédrale se dévoile comme elle n'aurait jamais pu le faire avant l'incendie, explique Philippe Dillman : "On pourrait presque aller jusqu'à dire que c'est une conséquence heureuse de l'incendie puisque certaines parties de la cathédrale n'étaient pas accessibles alors que maintenant elle est complètement échafaudée. On va pouvoir par exemple étudier des polychromies du Moyen Âge qui n'étaient pas visibles".
Les recherches scientifiques vont se poursuivre encore longtemps, bien après la restauration. "Notre-Dame révélera encore, nous l'espérons, des secrets dans les dizaines d'années à venir", conclut le directeur de recherche au CNRS. Et d'ici là Notre-Dame aura sans doute retrouvé ses vibrations, sa sonorité, sa voix.
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