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Vidéo Qu'est-ce que la rumeur d'Orléans dit de la culture de l'époque ?

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Article rédigé par Brut.
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L'historien Thomas Snégaroff revient sur plusieurs rumeurs, notamment la rumeur d'Orléans. Fabulations, extrapolation ? Voici ce que cette rumeur illustre de l'époque post-mai 68. 

La scène se passe au mois de mai 1969. Des jeunes femmes entrent dans des cabines d'essayage, dans des magasins de vêtements, puis elles disparaissent. On dit qu'elles s'évanouissent en se faisant piquer les pieds. "On raconte à l'époque qu'elles disparaissent selon un chemin très particulier", raconte Thomas Snégaroff.

Elles disparaîtraient dans les sous-sols des grands magasins. "On les amène discrètement sur la Loire. De la Loire, dans des sous-marins, elles partent vers l'océan et elles disparaissent", poursuit l'historien. "Une véritable traite des blanches", commente-t-il.

Jamais aucune jeune fille n'a disparu dans une cabine d'essayage (…) La police l'a même évoqué publiquement.

Thomas Snégaroff

à Brut

Mais l'histoire va finir par prendre une dimension extraordinaire. "Quelques jours seulement après le déclenchement de la rumeur, vous avez des manifestations devant des magasins. On demande des comptes aux commerçants", détaille Thomas Snégaroff. D'une part, selon lui, il y a une dimension antisémite. D'autre part, c'est une toute autre hypothèse que Thomas Snégaroff va étayer. Une hypothèse défendue par le sociologue Edgar Morin qui a également mené une longue enquête pour comprendre davantage cette rumeur.

Parmi les conclusions tirées par le sociologue, Thomas Snégaroff s'est arrêté sur une qu'il trouve particulièrement intéressante : la réticence naissante pour la nouvelle mode de la jeunesse. "Ils voient là l'illustration concrète du danger que représente, pour eux, toute cette nouvelle mode pour la jeunesse et pour la jeunesse féminine", disait Edgar Morin. "Il y a l'idée que la modernité, la femme libre qui s'habille comme elle veut, y compris de manière dévêtue, ça peut la conduire vers le pire", conclut Thomas Snégaroff.

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