L'incendie de Notre-Dame de Paris a mis en lumière le manque de moyens alloués en France à l'entretien du patrimoine. Un patrimoine immense qui fait de notre pays la première destination touristique du monde. Mais certains joyaux se trouvent sur le territoire de petites communes qui n'ont tout simplement pas les moyens de les assurer. C'est le cas à Saint-Savin dans la Vienne.
La peur du feu...Bien avant l'incendie qui a dévasté Notre-Dame de Paris, Jean-Maire Rousse, maire de Saint-Savin (Vienne) redoutait déjà les flammes. Il faut dire que sur sa commune se trouve un édifice inestimable, l'Abbaye de Saint-Savin, qui abrite notamment des peintures murales datant du 12e siècle. Le bâtiment, classé à l'Unesco, n'est pas assuré ! La commune, propriétaire de lieux, n'en a pas les moyens. C'est donc le maire qui inspecte régulièrement les combles pour voir si tout va bien.
La hantise d'un départ de feu ou d'un grave incendie, c'est parce qu'ici nous sommes propriétaires des lieux. Donc il y a une responsabilité énorme pour un élu d'une commune rurale comme moi
Jean-Marie Rousse Maire de Saint-Savin
France 3 Poitou-Charentes
Des peintures uniques en Europe
En France, de très nombreux maires de petites communes sont confrontés au même problème que Jean-Marie Rousse. Il a bien contacté des assureurs, mais l'addition est trop salée. 80 000 euros par an, soit 10% du budget de la commune ! Impossible pour la municipalité. Et pourtant, l'Abbaye de Saint-Savin est classée à l'Unesco depuis 1983, notamment car elle possède des peintures murales datant du 12e siècle, symbolisant l'Ancien Testament. Un ensemble unique en Europe .
Un cri d'alarme
Suite au drame de Notre-Dame, de nombreuses voix se sont levées ces derniers jours pour alerter sur la gestion du patrimoine français et les moyens alloués à sa restauration. Interrogé par franceinfo, l'historien de l'art Alexandre Gaby s'est indigné "L'état du patrimoine n'est pas du tout à la hauteur d'un grand pays". "Le patrimoine, c'est une charge régalienne, c'est l'image de la France" a-t-il rajouté. "A force de faire des petits bouts de trucs à droite et à gauche, on finit par le mettre en danger". L'assurance des oeuvres d'art les plus célèbres ou importantes par leur rareté, comme l'ensemble de Saint-Savin est quasi-impossible. Interrogé par l'AFP, l'assureur suisse Swiss Re a déclaré que "les oeuvres d'art et reliques ne sont généralement pas assurées parce qu'elles sont souvent inestimables".
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