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Fin du carnet de tickets de métro parisien : retour sur la saga d'un bout de carton apparu il y a 121 ans

Rose, crème, vert, quand la première ligne de métro est inaugurée, le 19 juillet 1900, les tickets ont trois tarifs et trois couleurs. Retour sur les 121 ans d'histoire du ticket de métro parisien.  

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Station de métro Porte Dauphine, Paris 16e, France, 1900 - 1901, Art Nouveau, construit par l'architecte Hector Guimard, le 28 septembre 2020. (MANUEL COHEN / MANUEL COHEN)

Adieu : le carnet de dix tickets cartonné disparaît définitivement le 21 septembre 2023. Depuis octobre 2021, les carnets de tickets papier n'étaient déjà plus vendus que dans une centaine de gares et stations parisiennes, avant, donc, d'être remplacés par des tickets dématérialisés notamment. Que les ésitériophiles, ces collectionneurs de titres de transports, les touristes et les voyageurs de passage se rassurent : la vente à l'unité reste toujours proposée. "La disparition totale du ticket en carton n'est pas encore au programme", précise d'ailleurs la RATP. 

Mais, reste que pour le ticket de métro, tour à tour de couleur crème, verte, jaune, violette ou blanche, c'est donc le début de la fin d'une aventure commencée il y a 121 ans, à l'époque, évidemment, où les premières rames du métro(politain) ont commencé à circuler dans la capitale. Retour sur la petite histoire du ticket de métro parisien. 

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Quand la première ligne de métro est inaugurée, le 19 juillet 1900, les tickets ont trois tarifs et trois couleurs : rose pour les premières classes, crème pour les secondes et vert pour les billets aller-retour. "Il faut que ça aille vite pour le poinçonneur", explique Grégoire Thonnat, auteur de la Petite histoire du ticket de métro parisien aux éditions Télémaque et collectionneur. "C'est un contrôle visuel, donc il faut qu'il y ait des codes faciles à repérer."

Grégoire Thonnat, ésitériophile (collectionneur d'objets du métro) et auteur de la Petite histoire du ticket de métro parisien, (Éditions Télémaque). (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Les tickets sont alors vendus de 15 à 25 centimes. Ce n'est que 30 ans plus tard qu'apparaissent les premiers tarifs réduits pour les mutilés de guerre. "Ce sont les associations d'anciens combattants, indique Grégoire Thonnat, qui font un lobbying en disant 'non mais attendez, on a souffert on a des droits' et donc ils ont un tarif réduit pour eux." 

Postés à l'entrée des quais, les poinçonneurs, célébrés dans la chanson de Serge Gainsbourg, sont chargés du contrôle des billets. "Un poinçonneur pouvait faire dans les grosses stations plus de 3 000 à 3 500 trous par jour."

 

En 1943, les trous des pinces des poinçonneurs sont agrandis. Ils passent de quatre à six millimètres. Et les responsables de ce changement sont les fraudeurs.

"Des petits malins trouvent le moyen de prendre de la mie de pain, tamponner, écraser, de remplir le trou pour le réutiliser une deuxième fois. Et donc pour essayer de faire disparaître ce petit subterfuge, on élargit la taille du trou."

Grégoire Thonnat, collectionneur d'objets du métro et auteur de la Petite histoire du ticket de métro parisien

à franceinfo

En 1968, le métro aussi vit sa révolution. Avec les premières apparitions, des appareils de contrôle automatique armés de bras tripodes, autrement dit, les tourniquets, pour fluidifier l'accès aux quais : c'est le début des tickets à bande magnétique et la fin des poinçonneurs. "C'est l'apparition du ticket jaune avec cette bande marron, rapporte Grégoire Thonnat, qui permet de noter des informations, donc de coder des choses. À quel endroit vous êtes monté et à quelle heure."

 Au fil des décennies, les tickets changent de couleur. Ils sont tour à tour jaunes, vert jade, violets et blancs, pour plus de visibilité. En 1981, la RATP lance une grande campagne de publicité du "ticket chic et choc". "Il y a besoin de redire que le métro est un moyen de transport facile, pratique, économique, moderne, à la mode", commente le collectionneur. 

 En 2001, le pass navigo marque l'arrivée du sans contact et le début de la fin du ticket de métro cartonné.

L'histoire du ticket de métro : reportage de Sébastien Baer

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