Restitution d’un tableau de Gustav Klimt : "L’enjeu est de reconnaître les exactions et tenter de les réparer", selon le ministère de la Culture
"Un projet de loi va être déposé pour permettre la sortie de cette œuvre", a affirmé David Zivie, chargé au sein du ministère de la Culture de la mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945.
"L'enjeu, c'est de faire la lumière sur les provenances, l'origine, l'histoire de ces œuvres et de reconnaître les exactions, les persécutions et tenter de les réparer", a indiqué sur franceinfo mardi 16 mars David Zivie, chargé au sein du ministère de la Culture de la mission de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945. La France va restituer un tableau de Klimt, Rosiers sous les arbres, à la famille de Nora Stiasny, une victime de la Shoah. Cette œuvre avait été achetée en 1980 et exposée au musée d’Orsay, à Paris.
franceinfo : À qui appartient ce tableau aujourd’hui ?
David Zivie : Aujourd'hui, juridiquement ce tableau appartient encore à la France. Il a été acheté en 1980 pour le futur musée d'Orsay. Il a été vendu en 1938, sous la contrainte, par Nora Stiasny, qui était une Autrichienne et une femme juive qui a subi les persécutions antisémites lorsqu’elles ont commencé tout de suite après l'invasion de l'Autriche par les nazis. À partir de ce moment-là, on peut considérer que la propriété a été faussée, l'œuvre a changé de mains plusieurs fois et été acquise en 1980.
Il a fallu un vrai travail d'équipe. Il y a eu des recherches vraiment complémentaires qui ont été faites dans les quatre ou cinq dernières années, parce que l'histoire de ce tableau n'était pas bien connue. On a eu du mal à retracer dans les générations précédentes le parcours des œuvres de Klimt et le parcours des œuvres qui appartenaient à cette famille.
Pourquoi faut-il un projet de loi pour pouvoir le restituer ce tableau ?
C'est une œuvre qui appartient à l'État et les œuvres qui appartiennent à l'État ou aux collectivités territoriales font partie de ce qu'on appelle techniquement le "domaine public mobilier", donc elles font partie des collections publiques. Elles sont protégées et c'est une bonne chose. C'est un principe ancien, principe d'inaliénabilité. Seule la loi peut faire autoriser la sortie d’une œuvre. Un projet de loi va donc être déposé pour permettre la sortie de cette œuvre.
Comment réagissez-vous à cette restitution ? Est-ce un crève-cœur ou une victoire ?
Ce n’est pas du tout un crève-cœur, c’est plutôt une victoire. C’est la raison d'être de notre équipe d'identifier les œuvres posant problème. On met en œuvre la procédure nécessaire pour voir partir l'œuvre, la restituer. C'est cela qui l'emporte. C’est un tableau important, c'est vrai. Mais là, l'enjeu, c'est de faire la lumière sur les provenances, l'origine, l'histoire de ces œuvres et de reconnaître les exactions, les persécutions et tenter de les réparer.
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