: Vidéo Première Guerre mondiale : comment l'armée filmait des batailles mises en scène pour ne pas choquer
Durant la Première Guerre mondiale, l'État français ne voulait absolument pas montrer l'horreur du front. Alors, il a mis en scène les champs de bataille, avec parfois des incohérences.
Entre 1914 et 1918, des opérateurs professionnels ont été recrutés par l'armée et envoyés au front pour filmer la guerre. Au service cinématographique de l'armée, au fort d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), se trouve la mémoire officielle de la Grande Guerre, avec 2 000 films montés et des milliers de bobines.
Ce service a été créé en 1915, dans l'urgence, pour contrôler les films projetés dans les salles de cinéma. Parmi les images diffusées à l'époque, des documents enregistrés par les Allemands. Un paradoxe pour le public français, inondé par les films de l'ennemi.
Des images aseptisées des deux côtés
Les professionnels envoyés pour filmer le front ont un travail bien difficile. Le cameraman reste en retrait lors des batailles pour ne pas être repéré. Les assauts et les corps-à-corps sont donc impossibles à enregistrer. Alors il a fallu faire autrement. La plupart des images rapportées sont en réalité de fausses batailles, mises en scène. En y regardant de plus près, on remarque des soldats à terre qui respirent encore, des regards vers la caméra et une multitude d'incohérences.
Ces libertés prises avec la réalité ne sont pas l'apanage des Français. Côté allemand aussi, de nombreux faux documents ont été produits durant la Première Guerre mondiale. Des deux côtés du Rhin, cette propagande sert une image aseptisée de la guerre. Le mot d'ordre : "éviter de choquer les familles des mobilisés", analyse Laurent Veray, historien du cinéma. Alors que sur le front, les scènes sont particulièrement terribles. Rares sont les films qui en rendent réellement compte, ils montrent des corps entassés les uns sur les autres.
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