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Mort d'Hélène Carrère d'Encausse : académiciens et politiques rendent hommage à "un être d'exception"

La mort samedi de l'historienne, première femme à avoir été à la tête de l'Académie française, a suscité de nombreuses réactions dans le monde politique et littéraire.
Article rédigé par franceinfo
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Hélène Carrère d'Encausse, le 7 mai 2022. (LUC NOBOUT / MAXPPP)

Première femme à avoir été à la tête de l'Académie française, Hélène Carrère d'Encausse s'est éteinte samedi 5 août à l'âge de 94 ans. À l'annonce de sa mort, les réactions ont été immédiates. Décrite comme "ardente" et "infatigable", "une femme de conviction, curieuse de tout", Hélène Carrère d'Encausse est aussi saluée pour "son esprit éclairé et sa détermination".

Jean-Christophe Rufin : "À travers la langue, elle défendait la France"

Hélène Carrère d'Encausse "était extrêmement dévouée à sa tâche, sur le plan institutionnel, mais aussi humain", s'émeut dimanche 6 août sur franceinfo l'académicien Jean-Christophe Rufin. L'ancien diplomate salure l'Académicienne "active jusqu'au bout" au sein de l'institution, qui "prenait des nouvelles de tout le monde. Elle nous conseillait pour nos carrières, pour nos œuvres".

Jean-Christophe Rufin salue la "force" et la "dignité" d'Hélène Carrère d'Encausse. Née apatride, elle avait acquis la nationalité française en 1950 et "défendait deux identités parallèles". "À travers la langue, elle défendait en France et à l'étranger, la France qu'elle incarnait".

Depuis le début des années 2000, Hélène Carrère d'Encausse était régulièrement pointée du doigt pour sa proximité avec le pouvoir russe. Son "amour inconditionnel de la Russie veut pas dire [celui] de ses dirigeants", insiste Jean-Christophe Rufin. Il explique qu'elle "ne supportait pas les réactions très violentes au début de la guerre en Ukraine, qui parfois ont pris des formes terribles d'attaque personnelle contre tout ce qui était russe. Elle avait cette envie que la Russie reste présente de façon éternelle dans les relations qu'on pouvait avoir nous Français avec ce pays", affirme l'écrivain. Il précise qu'Hélène Carrère d'Encausse "ne pouvait pas rompre avec ce pays qu'elle aimait et dont elle se sentait tellement proche". 

Jean-Marie Rouart : "Une femme amusante d'une curiosité encyclopédique"

L'académicien Jean-Marie Rouart a salué en Hélène Carrère d'Encausse samedi soir sur franceinfo "une femme amusante qui était vraiment d'une curiosité encyclopédique". L'historienne avait soutenu la candidature du romancier à l'Académie. Il a souligné un "destin admirable de courage" et fait part d'une "terrible émotion" à la nouvelle de sa mort.

Issue d'une famille géorgienne émigrée en France, son père avait été assassiné en France quand elle était adolescente.

"Elle a transformé cette adversité en destin, elle a décidé de se prendre en main et de vaincre tous les obstacles."

Jean-Marie Rouart

à franceinfo

Jack Lang : "Une Européenne enthousiaste"

"C'était une grande dame, une femme qui a donné à l'Académie française et à la culture française un éclat, un prestige, une élégance et un rayonnement incontestable", a réagi l'ancien ministre de la Culture Jack Lang sur franceinfo samedi soir.

Il se souvient d'"une personne solide, entêtée, convaincue, travailleuse. C'était un bonheur, un plaisir, de l'entendre parler de la Russie, de la littérature russe, de l'histoire russe. Elle avait une érudition incomparable, en même temps une passion qui, peut-être, l'a conduite à ne pas voir totalement clair sur Vladimir Poutine dans la dernière période", explique l'ancien ministre.

L'historienne a également été députée européenne de 1994 à 1999. "Elle était une Européenne enthousiaste, convaincue, et elle a à plusieurs reprises pris position avec force". Son engagement pour la construction de l'Europe était "une de ses grandes vertus", souligne Jack Lang.

Élisabeth Borne : "Une historienne habitée par la passion de la vérité"

La Première ministre a rendu hommage samedi soir sur Twitter à "une historienne habitée par la passion de la vérité. Femme engagée et grande écrivaine, elle a puisé dans ses racines un témoignage littéraire incontournable sur la Russie et l’URSS".

Nicolas Sarkozy : "Un être d’exception"

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy évoque quant à lui sur le réseau social "un être d’exception qui aura consacré sa vie à la défense de la langue et de la culture française" et se souvient "de sa grande intelligence, de son sens de l'humour et de son engagement pour la liberté". Il rend enfin hommage à "l’amie si chère à [s]on coeur et dont la fidélité ne [lui] a jamais fait défaut [...] Je pense aux siens et leur adresse mes pensées les plus affectueuses."

Pierre Moscovici : "Ardente, infatigable [...] immortelle"

L'ancien ministre chargé des Affaires européennes entre 1997 et 2002, Pierre Moscovici, rappelle sur Twitter qu'elle "a marqué les études sur l’Union soviétique et la Russie". "Ardente, infatigable, Hélène Carrère d’Encausse semblait (vraiment) immortelle", écrit-il. 

Anne Hidalgo : "Une femme de conviction"

La maire de Paris, Anne Hidalgo, salue sur Twitter la mémoire d'"une grande historienne", et se souvient "d’une femme de conviction, curieuse de tout, une Européenne convaincue à l’intelligence si vive"

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