Le musée des Confluences de Lyon part sur les traces des Sioux et fait voler en éclats les clichés
Une nouvelle exposition du musée des Confluences retrace tout l'imaginaire créé autour de la figure des Indiens d'Amérique. "Sur la piste des Sioux" remonte aux sources de cette représentation, en Europe et en France.
Le musée des Confluences de Lyon invite les visiteurs en quête d'aventures à partir Sur la piste des Sioux. Cette nouvelle exposition explore, jusqu'au 28 août 2022, la représentation des Indiens d’Amérique, depuis près de cinq-cents ans, de l’arrivée des colons jusqu’à aujourd’hui. Elle décrit comment cette image s’est construite, en Europe et en France, tout en la confrontant avec l’histoire et l’évolution de la condition des nations indiennes en Amérique du Nord.
Casser les clichés
Le parcours s'emploie à expliquer les sources de la représentation de l'Indien en évitant toute caricature. Car aujourd'hui encore, tous ces visages et regards laissent une empreinte indélébile et créent un imaginaire de génération en génération. "Les Sioux", nom générique de plusieurs tribus indiennes, incarnent encore dans les esprits, le stéréotype de l'Indien d'Amérique du Nord. "On a essayé de comprendre pourquoi on en était arrivé à cette image partagée de ce qu'on a appelé 'Le Sioux'", explique Yoann Cormier, chef de projet de l'exposition.
Le trésor de la tribu Littlemoon
Tipi, bison, calumet de la paix, flèches, tomahawk, ou encore coiffes de plumes, le parcours met en scène une collection remarquable d’objets lakotas, celle du collectionneur belge François Chladiuk. Passionné depuis son enfance par la culture amérindienne, le collectionneur voit son rêve devenir réalité lorsqu'il reçoit en 2004 un appel d'un antiquaire. Il découvre alors huit malles en métal remplies d’objets indiens. L’ouverture de la première malle lui coupe le souffle. À l'intérieur, des pièces authentiques des années 1920-1930. Il décide de remonter le fil de cette fabuleuse collection et grâce à quelques noms indiens notés sur un agenda, il réussit à identifier 34 des pièces de la collection, ainsi que le nom des familles indiennes. En 2006, il se rend aux États-Unis pour rechercher les Indiens identifiés sur les photographies. Et retrouve ainsi la trace des Littlemoon dans le Dakota du Sud. "Moses et Walter Littlemoon, les deux derniers fils encore en vie de Joe et Rose, présents à l’Exposition universelle et internationale de 1935. J’ai ainsi pu leur remettre une photographie de leur famille. Acquérir ces pièces, pouvoir en retracer la provenance et les authentifier avec l’aide d’un descendant direct : pour un collectionneur, c’est une récompense merveilleuse", raconte François Chladiuk.
Peuple sans terre
En 1890, les peuples indiens perdent leurs terres. Ce que l'on a appelé, à tort, les guerres indiennes sont terminées et perdues pour les quelques 250 000 Amérindiens qui restent sur tout le territoire nord-américain. Un certain Buffalo Bill imagine alors un grand spectacle itinérant, le Wild West Show, qui popularisera le mythe indien dans le monde entier, au début du XXe siècle. Il fige, durant près de cent ans, une image à la fois réductrice et spectaculaire des Amérindiens, "joués" par des Sioux lakotas. Le Sioux de Buffalo Bill se décline sous de nombreuses formes, à commencer par les jouets. On joue aux cow-boys et aux Indiens et les "Peaux-Rouges" ont rarement le beau rôle. "C'est une invention de Buffalo Bill plus ou moins pédagogique avec la volonté de faire un spectacle de ce qu'il avait connu autour de 'La conquête de l'ouest', il fait des contrats de travail à des Sioux qui vont faire le show au cœur de l'arène avec des cavalcades, des lâchers de bisons, des attaques de diligences", détaille Yoann Cormier.
Les Indiens crèvent l'écran
L’exposition invite à suivre le fil de cette longue construction iconographique au cours de laquelle le Sioux a pris peu à peu une place centrale, au point d’incarner, à lui seul, "l’Indien d’Amérique". Et c'est au cinéma que son image va encore subir la caricature. Les westerns pullulent. Les trois quarts du temps, l'Indien y est un guerrier féroce, scalpeur et massacreur de braves pionniers. Il faudra attendre les années 1970 pour que la production cinématographique change enfin de regard sur la culture indienne. "Le stéréotype va glisser et va quitter l'Indien agressif, barbare, sanguinaire pour aller vers un Indien plus valorisé mais tout de même victime d'un autre stéréotype : l'Indien proche de la nature, chamane", rapporte encore l'expert.
À travers des récits de voyages, peintures, objets, photos et films, la piste des Sioux du Musée des Confluences décortique toutes les images folkloriques, voire pire, dont sont façonnés nos imaginaires à propos des Amérindiens. Mais c'est aussi un plongeon dans nos rêves d'enfance.
"Sur la piste des Sioux" - Musée des Confluences de Lyon jusqu'au 28 août 2022
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