Les découvertes sur les vaccins se font dans des laboratoires ultra sécurisés, à force de manipulations et d'observations. Elles sont la victoire suprême des chercheurs, mais elles ne sont possibles que grâce à des inconnus, des cobayes prêts à prendre des risques. Le premier dans l'histoire de la médecine est un enfant anglais, répondant au nom de James Phipps. Il est le fils des domestiques d'Edward Jenner, l'inventeur du premier vaccin au monde ; le consentement n'est pas encore la règle. En mai 1796, l'enfant de huit ans reçoit deux scarifications sur le bras, avec du pus prélevé sur la main d'une laitière : un pas vers l'inconnu. L'enfant ne développe pas la maladieJames Phipps est censé être la preuve que la vaccine, communément appelée "variole de la vache", peut protéger l'homme de la variole. "Ensuite, il va promener à l'enfant (…) auprès de tous ceux qui ont la variole dans le comté", explique le professeur Jean-Noël Fabiani, directeur de l'enseignement de l'Histoire de la médecine à l'université Paris Descartes. Résultat : James Phipps ne développe pas la maladie. Conscient des risques qu'il lui a fait prendre, Edward Jenner lui offre un cottage dans la campagne anglaise.