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Bernard Bouveret, le passeur du Jura aux 200 vies sauvées durant la Seconde Guerre mondiale, est décédé à 96 ans

Il était le dernier passeur de Franche-Comté. Le résistant Bernard Boiveret est décédé ce samedi 7 novembre à l'âge de 96 ans.

Article rédigé par franceinfo Culture - Gaël Simon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le héros a raconté son histoire dans un livre paru en 2011. (France 3)

Un héros discret. Bernard Bouveret connaissait l’épaisse forêt du Risoux comme sa poche. Entre 1940 et 1944, il a sauvé près de 200 juifs qui cherchaient à fuir l'oppression nazie. Le résistant s’est éteint ce samedi à l’âge de 96 ans.

Le passeur et résistant jurassien Bernard Bouveret aux 200 vies sauvées durant la Seconde guerre mondiale est décédé à 96 ans
Le passeur et résistant jurassien Bernard Bouveret aux 200 vies sauvées durant la Seconde guerre mondiale est décédé à 96 ans Le passeur et résistant jurassien Bernard Bouveret aux 200 vies sauvées durant la Seconde guerre mondiale est décédé à 96 ans

Pendant plus d’un an, chaque semaine, Gisèle Tuaillon-Nass est allée recueillir la parole de l’ancien passeur, qui s’est engagé à 16 ans dans la Résistance française. Un livre paru en 2011, Le rendez-vous des sages : Itinéraire d'un passeur-résistant, Bernard Bouveret, raconte cette histoire fascinante. "C’est un personnage que je trouve vraiment extra "trait d’union" ordinaire. Une vie simple mais extraordinaire à la fois", estime l’auteure.

Bernard Bouveret en a parcouru des kilomètres entre Chapelle-des-Bois où il résidait et la Suisse voisine. Il transporte d’abord des documents secrets des micro-films, avant d’accompagner des familles juives à travers les bois pour éviter les troupes ennemies. Le Jurassien devient l’un des passeurs les plus fiables du réseau. "Déjà, on n’aimait pas les Allemands. On nous avait monté le coup qu’on était la plus forte armée du monde, et puis en une semaine les Allemands étaient partout en France. Même si on était des gamins, on n’était pas fiers de ça", racontait-il.

Il a ouvert des "chemins de liberté"

"Il a été de ceux qui ont ouvert des chemins de liberté. Cette conscience de l’oppression allemande, de la résistance qui est venue petit à petit tout simplement parce qu’on le privait de sa liberté", estime Gisèle Tuaillon-Nass.

Bernard Bouveret prend des risques immenses pour sauver de nombreuses familles juives, parfois au péril de sa vie. "Une fois il y avait une dizaine de personnes, dont deux petits gamins. On les a porté sur nos épaules avec un ami qui était là puis on les a monté jusqu’à la frontière et puis une fois qu’ils étaient surs en Suisse, on les mettait sur un chemin où ils ne pouvaient plus se perdre et descendaient automatiquement sur la Suisse".

Arrêté en 1944

Un de ses camarades passeurs perd même la vie dans la forêt du Risoux, touché par des balles allemandes. En 1944, Bernard Bouveret se fait arrêter et est conduit au camp de Dachau. Une histoire qu'il a toujours racontée avec humilité et pudeur. "Jamais, jamais il ne s’est mis en avant. ‘J’ai fait ci, j’ai fait ça’. Non, c’était toujours d’une grande simplicité".

Pendant des années, le résistant n’a rien partagé de ce passé douloureux avant d’aller parler dans des classes et dire que même dans les pires moments, il n’a jamais rien regretté.

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