Hajj : l'Institut du monde arabe à l'heure du pèlerinage
Le hajj, pèlerinage à La Mecque, en Arabie Saoudite, est un des cinq piliers de l'islam. Un musulman qui en a les moyens et la possibilité physique doit l'accomplir une fois dans sa vie, à une période précise de l'année.
Pendant des siècles, ils n'ont été que quelques milliers par an à entreprendre le grand voyage, parfois dangereux, qui pouvait durer des semaines ou des mois. Ils traversaient l'Afrique, de Tombouctou au Caire, avec caravanes, prenaient des bateaux qui les débarquaient à Djeddah, sur la mer Rouge, porte maritime du Hijaz, la région de La Mecque où le prophète est né.
Sur la route de La Mecque
L'exposition commence avec l'évocation de ces routes, nées après la naissance de l'islam en 632, et celle de ces voyages fascinants. Comme le montrent des cartes, elles convergeaient depuis le Maghreb, l'Irak, la Turquie, l'Asie.
Des figurines représentant des chameaux en bronze ou en terre cuite datant de l'époque antéislamique côtoient des indicateurs de qibla (direction de la Mecque, vers laquelle les fidèles se tournent pour prier). Car déjà avant l'islam la Mecque abritait un sanctuaire polythéiste visité par les caravanes.
L'exposition aborde aussi la fascination occidentale pour le pèlerinage dans une ville interdite aux non-musulmans, et s'intéresse au regard des orientalistes. Une grande toile de Léon Belly, qui voyagea en Egypte et au Proche-Orient en 1850, montre une caravane de "Pèlerins allant à La Mecque", marchant dans le désert sous un soleil de plomb. Tout comme les images de Georges Chevrier, officier en Afrique du Nord et photographe amateur.
La plus grande mosquée du monde
En Algérie, les autorités coloniales françaises délivrent des passeports et des permis de voyager, ou interdisent parfois le pèlerinage. Elles signent des traités d'entente avec "le royaume de Hijaz".
A La Mecque, les pèlerins doivent accomplir un certain nombre de rites. A leur arrivée, les hommes revêtent un habit constitué de deux pièces de tissu blanc. Pas de couleur particulière pour les femmes, qui ne doivent pas couvrir leur visage ni leurs mains.
Au cœur de la cité, la mosquée sacrée (masjid al-haram), plus grande mosquée du monde, s'étend aujourd'hui, après des transformations et des extensions, sur des centaines de milliers de mètres carrés pour accueillir jusqu'à trois millions de fidèles venus de tous les horizons et tous les milieux, dans un immense brassage. Car, avec les transports modernes, il est devenu beaucoup plus facile et plus rapide de voyager.
Des artistes contemporains inspirés par la ville
Dessins, photos et maquettes évoquent la grande mosquée, comme ce panoramique de Peter Sanders, photographe britannique converti à l'islam après avoir travaillé avec les grandes stars du rock. Il a eu l'autorisation de photographier le pèlerinage dès 1971, une chance unique.
La grande mosquée entoure la Ka'aba, édifice cubique de pierre dont les pèlerins doivent faire sept fois le tour.
"Seven Times" (2010), c'est le nom d'une œuvre de l'artiste britannique Idriss Khan, qui a imaginé 49 cubes gravés de versets du Coran. Car à côté de manuscrits anciens, de cartes, de gourdes de pèlerin en terre cuite, l'Institut du monde arabe présente des œuvres d'art inspirées par La Mecque à des artistes contemporains. Comme "The Black Arch" (2010), installation des artistes saoudiennes Raja et Shadia Alem, créée pour la 54e biennale de Venise, avec des boules métalliques serrées évoquant les pèlerins.
La Ka'aba est ornée d'une tenture richement brodée (kiswa), changée tous les ans (un film en montre le remplacement). Aujourd'hui noire brodée de fils d'or, sa couleur a varié dans les premiers siècles de l'islam.
La lapidation des stèles dans un bâtiment couvert
La Ka'aba, existait avant l'islam et abritait des idoles qui ont été détruites. Désormais vide, elle contient sur son côté la "pierre noire". Pierre blanche à l'origine, et donnée par l'ange Gabriel à Abraham, elle a la qualité d'absorber les péchés, qui l'ont noircie.
Les pèlerins doivent encore effectuer la "course", sept fois, entre les monts Safâ et Marwa, aujourd'hui inclus dans le sanctuaire. Une course qui rappelle celle d'Agar, la deuxième femme d'Abraham, à la recherche d'eau pour son fils Ismael. Un ange lui apparut qui lui indiqua la source de Zemzem, dont les fidèles sont invités à boire l'eau, distribuée par des robinets
Après une journée de prière sur le mont Arafat, le fidèle se rend à Mina pour lapider les stèles qui symbolisent Satan. Un film montre une foule dense qui jette des pierres sur des stèles aujourd'hui abritées dans un bâtiment couvert de quatre étages.
Une tour de 600 mètres de haut
En effet, comme nous le montrent des photos, La Mecque, devenue une des villes les plus chères au monde, est une métropole moderne, où ont été édifiées sept tours, dont une, de 600 mètres de haut, porte une horloge géante pour appeler les fidèles à la prière. Il faut dire que les autorités saoudiennes ont dû développer ses infrastructures pour accueillir la foule de pèlerins, qui rapportent aussi beaucoup d'argent au royaume.
Pour terminer l'exposition, coproduite avec la bibliothèque nationale du roi Abdulaziz de Riyad, on peut écouter des témoignages de personnes qui ont fait le pèlerinage et voir des souvenirs qu'ils en ont rapportés, bouteille d'eau, plateau décoré, étoffe blanche.
Hajj, le pèlerinage à La Mecque, Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, 75236 Paris Cedex 05
Du mardi au jeudi : 9h30-19h, nocturne vendredi jusqu'à 21h30, week-end et jours fériés 9h30-20h. Fermé le lundi
Tarifs : 10,5€ / 8,5€
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