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France-Allemagne, deux siècles d'Interférences architecturales à Strasbourg

L’architecture peut transcender les conflits et les différences culturelles. C'est ce que montre l’exposition "Interférence" proposée jusqu'au 21 juillet au Musée d'Art Moderne et Contemporain à Strasbourg. A travers plus de 400 œuvres et objets rarement ou jamais exposés, elle retrace les rivalités et les échanges entre la France et l'Allemagne qui ont modelé l'espace architectural européen.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
"Interférences" au Musée d'Art Moderne et Contemporain à Strasbourg 
 (M. Bertola / Musées de Strasbourg)

« Interférences » s’organise sur un parcours qui se veut chronologique, de 1800 à 2000, autrement dit des lendemains de la Révolution française et de l’Empire jusqu’à nos jours. Deux siècles d’architecture, d’art et d’histoire qui se déclinent à travers Plans, dessins d'architectes, maquettes d'édifices et de villes, photos et textes. Et au final, un constat s’impose : pas de suprématie d’une nation sur l’autre, mais un échange perpétuel, qui n’exclut pas une certaine forme de rivalité.

Reportage : Olivier Stephan, Grégory Fraize, Esthel Horrenberger

La France de l'après-Révolution, un modèle

La modernité sera incarnée tour à tour par la France ou l’Allemagne. Ce fut le cas après la Révolution française quand des architectes allemands viennent à Paris chercher l’inspiration. Ce fut ensuite les travaux du Baron Hausmann qui influencèrent les plans d’extension de Berlin dans les années 1860. Mais l’annexion de l’Alsace-Moselle en 1871 va renverser ce rapport. L’Empire allemand apposera sa « patte » sur ces territoires et notamment à Strasbourg.
Eduard Gaertner, Rue Neuve-Notre-Dame à Paris, 1826, Huile sur toile, 44 x 33 cm, Stiftung Preußische Schlösser und Gärten, Berlin-Brandenburg/
 (Gerhard Murza)
Strasbourg, vitrine du savoir-faire allemand 

A partir de 1880, les Allemands vont ainsi ériger la Neustadt (« nouvelle ville »), un quartier du centre historique de Strasbourg, situé à l’est de la ville. Il s’agit d’une véritable extension de la cité qui va tripler de surface. Ce sera un véritable terrain d’expérimentation pour les architectes avec plus de 1000 édifices construits. Il s’agissait alors d’une sorte de vitrine du savoir-faire allemand en matière d’urbanisme et d’architecture. Loin de renier cette part de son histoire, la ville a demandé que ce quartier soit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco d'ici 2016. Dans le cadre de l’exposition « Interférences », des parcours guidés sont proposés au cœur du Neustadt.
"Interférences" au Musée d'Art Moderne et Contemporain à Strasbourg 
 (M. Bertola / Musées de Strasbourg)
L'exposition retrace aussi les ambitions architecturales de Hitler qui voulait transformer Berlin en centre du monde. Le dictateur avait confié à Albert Speer le soin d'imaginer une cité qui s'inspirait notamment de Paris, de ses Champs-Elysées, de son Arc de Triomphe. Hitler considérait en effet cette ville comme la plus belle du monde.
"Interférences" au Musée d'Art Moderne et Contemporain à Strasbourg 
 (M. Bertola / Musées de Strasbourg)
Finalement, c'est aujourd'hui et depuis la réunification allemande que la coopération entre France et Allemagne est devenue la plus féconde, sans rapport de force, avec de vrais projets collaboratifs pour donner aux territoires qui bordent le Rhin, une identité qui dépasse les conflits nationaux.

Après Strasbourg, cette exposition, qui est une co-production franco-allemande, sera ensuite présentée à partir d'octobre au Deutsches Architekturmuseum de Francfort.
A noter qu'elle bénéficie du label de l'Année franco-allemande, à l'occasion du cinquantenaire du Traité de l'Élysée. 
"Interférences" au Musée d'Art Moderne et Contemporain à Strasbourg 
 (M. Bertola / Musées de Strasbourg)
"Interférences / Interferenzen. Architecture. Allemagne-France, 1800-2000" jusqu'au 21 juillet au Musée d'Art Moderne et Contemporain à Strasbourg - Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi - Tarifs : de 3,5 à 7 euros

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