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Face aux musées stars parisiens, les petits musées tentent de résister

Les petits établissements doivent batailler en permanence pour attirer du monde, alors que la 15e Nuit européenne des musées se tient samedi 18 mai.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Le château-musée de Saint-Germain-de-Livet, dans le Calvados, membre du Réseau des musées de Normandie (octobre 2012) (NICOLAS THIBAUT / PHOTONONSTOP / AFP)

D'un côté, il y a les musées qui possèdent des œuvres de Léonard de Vinci, Manet ou Kandinsky, avec à la clé des records de fréquentation. De l'autre, il y a les établissements plus modestes pour lesquels faire venir des visiteurs demande des effforts et de l'imagination au quotidien. Pour près de la moitié des 1.200 musées français, la situation est compliquée. On peut imaginer que des événements comme la Nuit des musées, dont la 15e édition se tient samedi 18 mai, leur donne l'occasion de tirer leur épingle du jeu.

"On assiste à un effet de polarisation, entre des grands établissements qui peuvent se moderniser et accaparent la plupart des visiteurs, et ceux qui n'en ont pas les moyens", explique à l'AFP Jean-Michel Tobelem, professeur à l'École du Louvre et à l'Université Panthéon-Sorbonne. "Si ça continue, il va y avoir de plus en plus de fermetures."

Fréquentation globale des musées en baisse

La fréquentation globale des musées en France a baissé de 8% entre 2014 et 2016. Loin du peloton de tête que forment les cinq géants parisiens - Louvre (plus de 10 millions d'entrées), musée du Quai Branly, Centre Pompidou, musée d'Orsay et musée d'Histoire Naturelle -, le musée d'art et d'histoire de Saint-Denis, rebaptisé musée d'art et d'histoire Paul Eluard, accueille environ 20.000 visiteurs par an.

Si sa fréquentation baisse, ce musée de la proche banlieue parisienne se démarque autrement. En atteste le prix "Osez le musée", obtenu en 2019, qui récompense un projet social et inclusif.

"Nous essayons d'attirer des gens qui ne viennent pas au musée en temps normal, en mettant en place des projets participatifs", notamment dans la confection des audioguides, explique à l'AFP Lucile Chastre, sa médiatrice culturelle. Du choix des "objets à présenter" en passant par "l'écriture du texte" jusqu'à "l'enregistrement", le musée travaille avec des "personnes issues de l'immigration" qui "apprennent le français".

À l'occasion de la Nuit des musées, des lycéens conduiront les visites guidées.
"Malheureusement, les indicateurs classiques - nombre de visiteurs, billetterie - n'embrassent pas la réalité du travail que font les musées", regrette Lucile Chastre qui plaide pour que les pouvoirs publics inventent "d'autres indicateurs pour juger des résultats".

La mutualisation des collections, une solution possible

De nombreux autres musées, financièrement à la peine, sont menacés de fermeture. Alors que certains misent sur le financement participatif et que la dépendance aux initiatives privés augmente, mutualiser des collections pourrait leur donner une seconde jeunesse.

"Plutôt que d'avoir des petits musées qui vivotent, il serait plus intéressant de créer des établissements plus importants, avec plus de moyens techniques et financiers", estime Jean-Michel Tobelem.

Mutualiser, c'est l'objectif du Réseau des musées de Normandie, fondé en 2003 et qui regroupe plus de 100 établissements, explique Margot Frénéa, sa coordinatrice. Dans une région où les plages du Débarquement attirent de nombreux touristes, ce réseau permet d'"accompagner" les "petits musées ayant une fréquentation faible et des petites équipes". Elle souligne ainsi : "Il y a beaucoup d'expositions communes entre deux musées, de mise en commun des collections et des ressources scientifiques."

Cette mise en réseau des musées de Normandie a permis de créer un "logiciel de gestion unifié" qui permet de "documenter les collections ou de faciliter le prêt des œuvres".

Importance de "se sentir intégré dans un réseau" et du soutien mutuel sur les réseaux sociaux

S'il est "difficile d'en mesurer l'impact concret" sur la fréquentation, la responsable insiste sur l'"importance de se sentir intégré dans un réseau plus large" pour des musées avec une audience faible. Leurs expositions sont aussi mises en valeur sur les réseaux sociaux des uns et des autres.

Des propos corroborés par Thierry Ehrmann, président de Artprice, leader mondial des banques de données sur la cotation de l'art, pour qui un "musée doit être présent sur internet et les réseaux sociaux". "Être ludique et utiliser les nouvelles technologies permet d'attirer de nouveaux visiteurs. Aujourd'hui, 90% des musées dans le monde ont l'intégralité de leurs collections sur Internet."

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