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Exposition : quand le divertissement était obligatoire à Versailles
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Jeu, théâtre, promenade, beaucoup de bals et de fêtes : les courtisans de Versailles n'avaient pas le temps de s'ennuyer, encore moins de travailler. Une exposition dans le château fait revivre les divertissements royaux, à la fois remèdes contre l'oisiveté et instruments de pouvoir.
Plaisir qui guérit de l'ennui
"Nous avons délibérément adopté le point de vue du courtisan", affirme Elisabeth Caude, un des commissaires de l'exposition (ouverte jusqu'au 26 mars) avec Béatrix Saule, directeur-conservateur général des musées de Versailles, et Jérôme de la Gorce, directeur de recherche au CNRS. Divertissement: le mot est alors aussi récent que la chose. Il a pris peu de temps avant le règne de Louis XIV le sens de "plaisir qui guérit de l'ennui" et le nouveau souverain va très vite comprendre tout l'avantage qu'il peut tirer de cette idée neuve."Cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec leur souverain, les touche et les charme plus qu'on ne peut le dire", écrit le roi dans les "Mémoires pour l'instruction du Dauphin".
Dès lors, le divertissement sera présent partout et tout le temps : ordinaire ou extraordinaire, s'adressant au corps comme à l'esprit. Danses, promenades, concerts, soirées de jeu dignes de celle d'un casino : le divertissement n'est pas seulement envahissant, il est obligatoire. "On assiste à un phénomène nouveau, une institutionnalisation du divertissement qui, par son caractère systématique (...), est propre à la cour de Versailles", écrit Béatrix Saule dans le catalogue de l'exposition.
"Divertissement royal par excellence", la chasse à courre ouvre le parcours. Tapisseries dessinées par Jean-Baptiste Oudry et peinture d'un repas faussement improvisé au pied d'habitations paysannes rappellent que le Roi-Soleil et ses successeurs étaient férus de chasse.
Moins traditionnel et apprécié de Louis XIV, la promenade dans les jardins est l'autre grand divertissement de plein air. Bosquets et bassins sont propices aux activités ludiques ou sportives: on joue au mail (ancêtre du golf), on pêche à la ligne, on fait du canotage sur le Grand Canal à bord de flottilles baroques...
Tripot de luxe
Versailles est aussi une immense salle de jeux : "on joue à tous les étages, dans les salons, les cabinets ou les carrosses", souligne Elisabeh Caude. Jeux de cartes (le lansquenet, l'hombre), jeux de stratégie (échecs, tric-trac, ancêtre du backgammon, dont Louis XVI était fervent) ou d'adresse (comme le billard). Des vidéos permettent de s'initier aux règles de certains d'entre eux.Jeux d'argent aussi (le cavagnole, le pharaon). Tous les jeux de hasard interdits dans le royaume sont pratiqués à Versailles qui ressemble certains soirs à un luxueux tripot. De grosses sommes changent de main, mais les montants exacts des gains et des pertes sont difficiles à connaître.
Les bals costumés, les opéras de Lully, les pièces de Molière : Versailles est associé dans l'imaginaire collectif à la danse, à la musique, au théâtre et plus largement aux grandes célébrations.
Beatrix Saule souligne "l'apparent paradoxe entre l'absence d'espaces dédiés et l'omniprésence du divertissement". Le spectacle est à la fois partout et nulle part.
Les peintres et les menuisiers du service des Menus Plaisirs du roi font merveille : le manège de la Grande écurie devient, le temps d'une soirée, une scène de théâtre ou une salle de bal. Des théâtres éphémères, des structures temporaires sont dressés dans les jardins. Certaines de ces réalisations sont restituées en 3D.
Lieu du paraître par essence, le bal est au cœur des divertissements royaux. Il est aussi le plus redoutable des exercices, même si l'apprentissage de la danse commence très jeune.
Le plus périlleux est le bal paré où les couples se produisent tour à tour devant la cour assemblée. Plus débridé, le bal costumé est l'occasion de toutes les excentricités, comme celui où Louis XV est apparu travesti en if, un déguisement reconstitué pour l'exposition.
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