Domaine de Grignon : l'Etat ne vendra pas la propriété au promoteur immobilier Altarea Cogedim
Après de vives contestations, l'Etat a annoncé abandonner son projet de vente du domaine de Grignon. La préfecture des Yvelines a annoncé qu'une "nouvelle procédure de cession" du domaine "sera lancée au second semestre 2022".
"Il n'est pas possible de maintenir la procédure actuellement engagée. Une nouvelle procédure de cession" du domaine "sera lancée au second semestre 2022", a indiqué dans un communiqué la préfecture des Yvelines, qui précise que cette décision "ne remet pas en cause le calendrier prévu pour l'installation d'AgroParisTech sur le site de Saclay", dans l'Essonne, en 2022.
"Cela doit permettre de s'accorder sur le meilleur projet possible", a pour sa part indiqué dans un tweet le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, lui-même un ancien d'AgroParisTech et dont le ministère avait longtemps vu dans l'option Altarea "un projet réaliste et fiable".
Afin de tenir compte du temps de concertation nécessaire, une nouvelle procédure de cession du site @AgroParisTech de Grignon sera lancée au second semestre 2022.
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) November 15, 2021
Cela ne remet pas en cause l’installation à Saclay mais doit permettre de s’accorder sur le meilleur projet possible. pic.twitter.com/KDKPwus8Po
"Un combat qui dure depuis plus de cinq ans"
"C'est une très bonne nouvelle, c'est le résultat d'un combat qui dure depuis cinq ou six ans et qui permettra, je l'espère, de retrouver un autre avenir pour le domaine de Grignon", a réagi après de l'AFP Georges d'Andlau, co-président de l'association Grignon 2000, opposée à cette privatisation. "Un autre dialogue devra s'ouvrir avec l'Etat vendeur et les collectivités locales", a-t-il ajouté.
Contacté par l'AFP, le groupe Altarea, dont la marque Cogedim est un des grands acteurs français de l'immobilier neuf, a de son côté indiqué "prendre acte de la décision de l'Etat". "A ce stade, nous ne ferons aucun commentaire sur le sujet", a-t-il précisé.
Altarea Cogedim accusée de ne pas respecter le patrimoine environnemental
Le domaine de Grignon comprend un château du XVIIe siècle, inscrit au titre des monuments historiques, 130 hectares de terres agricoles, dont une ferme expérimentale, et plus de 133 hectares de bois. Il est situé dans la petite commune de Thiverval-Grignon, à une vingtaine de kilomètres de Versailles. Les étudiants ne remettent pas en cause leur déménagement sur le site de Saclay, mais s'opposaient à la reprise du domaine par Altarea, officiellement actée à l'été 2021.
Le promoteur projetait notamment de construire sur ce site "une programmation résidentielle adaptée" avec "de nouvelles constructions parfaitement intégrées sur des zones déjà urbanisées" et "une programmation touristique responsable", avec notamment tenue de séminaires et d'événements dans le château.
Tout cela nécessitait notamment de changer le PLU (plan local d'urbanisme) de la mairie, ce que cette dernière s'opposait à faire. De quoi faire rugir élèves anciens et actuels, élus locaux et associations de défense de l'environnement qui reprochaient à Altarea de ne pas respecter le patrimoine environnemental du site et de vouloir "démanteler le domaine".
La justice saisie
Face au promoteur, le projet "Grignon 2026", qui entend faire du site un "centre international sur la transition alimentaire et agricole" porté par l'association Grignon 2000 avec le soutien de la communauté de communes Coeur d'Yvelines, avait vu le jour. Mais leur offre n'avait pas été retenue, le comité de sélection de la Direction immobilière de l'Etat retenant le 4 août le projet d'Altarea.
Après de nombreuses manifestations et un blocage de l'école, les opposants à la vente avaient même déposé le mois dernier un recours contentieux auprès du tribunal administratif de Versailles, arguant que "les conditions auxquelles des forêts, propriété de l'Etat, comme celle de Grignon, peuvent être vendues", n'avaient pas été "respectées".
En 2016, le site avait été envisagé pour recevoir le nouveau centre d'entraînement du club de football du Paris Saint-Germain, un projet à 35 millions d'euros qui avait déjà été abandonné devant la levée de boucliers.
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