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Dans l'antre du comte Dracula, le héros maléfique des Carpates

Il traverse les montagnes et les nuits depuis des millénaires. Vêtu de sa cape noire, son long visage blanc ne semble altéré par aucun dommages du temps. Et pourtant l'empreinte de Dracula rôde sur la littérature, le cinéma et l'imaginaire populaire tel un pouvoir maléfique et indélébile.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Bran en Roumanie, la demeure de Dracula
 (MARCO CRISTOFORI / ROBERT HARDING PREMIUM / ROBERT HARDING)

Reportage à Bran en Roumanie, dans le château du tyran Vlad III dit "l'empaleur", qui inspira Bram Stocker, l'auteur du premier "Comte Dracula" :

Reportage : Arnaud Boutet, T. Henkel, G. Serbu, B. Boussouar, P. Malacarnet

En fait, le château de Bran n'est pas le véritable château de Vlad Tepes (empaleur en roumain). C'est Nicolae Ceausescu qui est à l’origine de cette assimilation, ayant érigé le guerrier du XVe siècle au rang de héros national, pour avoir âprement combattu contre les Turcs, comme premier instigateur d'une indépendance et unité nationales. Pour ce faire, le despote commanda la restauration de ce château de la même époque, afin d'en devenir le sanctuaire. Rien à voir donc avec les vampires. Ceausescu avait par ailleurs interdit le roman dans son pays, comme produit de la décadence occidentale.

Le vrai château de Vlad n'est aujourd'hui plus que ruines, et oublié, dans les montagnes, non de Transylvanie (alors hongroise), mais de Valachie, la véritable province du voïvode (duc en roumain). Depuis l'indépendance roumaine, le château est plus devenu le sanctuaire du personnage de Bram Stoker, que celui du héros tortionnaire de la fin du moyen-âge. Un colloque annuel est d'ailleurs dédié à Dracula en ces mêmes lieux. C’est Ceausescu qui doit se retourner dans sa tombe…

S'il n'est jamais mort, Dracula est pourtant né officiellement sur le papier, en 1897, grâce à l'imaginaire de Bram Stoker. L'auteur irlandais a puisé son récit dans les légendes populaires soufflées par les vents glacés de Transylvanie.

L'idée de cete créature maléfique qui se nourrissait du sang de ses victimes qui elles-mêmes devenaient vampires, s'appuie à la fois sur les peurs ancestrales et le désir sexuel. "Eros et Thanatos"  en un seul personnage mythique qui traversera les âges et le 7e art, mais aussi de nombreux succédanés romanesques. 

Le premier Dracula que l'on vit imprégner la pellicule est celui de Murnau, en 1922, sous les traits de "Nosferatu, le vampire". Film muet en pleine mouvance du cinéma expressionniste allemand. Le film fit l'objet de plusieurs interdictions voulues par la veuve de Bram Stoker, mais le jugement ne fut pas appliqué et plusieurs copies furent sauvées.  1931, Broadway, l'acteur "spécialiste" de Dracula est  Béla Lugosi. D'origine hongroise, il joue au théâtre l'adaptation du roman de Bram Stoker des centaines de fois, lorsque le cinéaste américain Tod Browning tombe sous le charme de son accent venu de l'est et lui confie le rôle titre de son "Dracula". 
Bela Lugosi et Helen Chandler dans "Dracula" (1931) de Tod Browning
 (Universal)
Viendront ensuite de multiples adaptations du conte : Terence Fischer réalisera en 1958 "Le Cauchemar de Dracula" puis "Dracula, prince des ténèbres" en 1966 sous les traits de l'acteur britannique Christopher Lee. Un personnage qui ne le quittera pas. En 1968, Freddie Francis lui confiera le rôle dans "Dracula et les femmes" et en 1970 il jouera dans "Les Cicatrices de Dracula", de Roy Ward Baker.
 
Christopher Lee dans "Le Cauchemar de Dracula" (1958) de Terrence Fisher
 (PHOTO12.COM - COLLECTION CINEMA / PHOTO12)
En 1993, Francis Ford Coppola prend quelques libertés avec le héros. Cette 156e adaptation érotique et torride donne rendez-vous à Gary Oldman, Winona Ryder, Keanu Reeves et Anthony Hopkins dans un château hanté par les démons de la nuit.


La dernière adaptation en date du mythe de Dracula est signée Dario Argento, qui en juin 2013 fait litteralemnet sortir le vampire de l'écran avec un film sexy et gore en 3D. 

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