Clairvaux : une filiale de Vinci retenue pour la reconversion de l'ancienne célèbre abbaye, devenue prison
C'est un nouveau chapitre pour l'histoire de Clairveaux, cette ancienne abbaye de l'Aube reconvertie en prison. La candidature d'Edeis, gestionnaire d'infrastructures allié à la filiale de Vinci Adim Est, a remporté mardi 19 décembre l'appel d'offres pour la reconversion de la centrale, a annoncé la préfecture de l'Aube. "Ce sont 18 mois de travail intenses qui sont récompensés. Nous sommes honorés de la confiance qui nous est faite par l'État et le territoire", a réagi le groupe Edeis.
L'État "en lien avec les collectivités territoriales (...) entamera une phase de négociation exclusive" avec Edeis-Adim, indiquent dans un communiqué commun la préfecture et ces collectivités. Edeis est le gestionnaire des arènes de Nîmes, du théâtre antique d'Orange ou encore de l'aéroport de Troyes. L'objectif est de "préciser les modalités et conditions d'occupation (culturelle, patrimoniale, économique et juridique) de l'offre retenue", en vue de conclure, "si les conditions sont réunies", une convention d'occupation "à l'été 2024". D'ici là, la préfecture ne souhaite pas communiquer le détail du projet retenu.
Un double héritage
L'histoire de ce site prend ses racines en 1115, année où l'abbaye Notre-Dame de Cîteaux, fondatrice de l'ordre cistercien, fonde quatre abbayes filles : La Ferté, Pontigny, Morimond et Clairvaux. Cette dernière emprunte son nom à son fondateur, Bernard de Clairvaux. À cette époque et jusqu'à sa mort en 1153, le lieu est fréquenté par 888 moines dont un futur pape, Eugène III, qui participera à l'excellente réputation du lieu. En 1708, l'abbé de Clairvaux rompt avec l'austérité originelle du lieu et chapeaute la construction de nouveaux bâtiments de style classique. Toutefois, à la veille de la Révolution, l'abbaye souffre d'un manque de popularité qui s'exprime par la seule présence de 35 moines.
En 1792, le site est vendu comme bien national et racheté par l'Etat. Il devient alors une prison, suivant le principe nouveau de la peine de "privation de liberté" codifiée l'année passée, en 1791. Napoléon profite de cette politique pénale pour transformer d'autres édifices religieux en prison, à l'image du Mont Saint-Michel ou de l'abbaye de Fontevraud. La maison centrale de Clairvaux, telle qu'elle figure aujourd'hui, date de 1971. Elle est construite sur les traces de l'ancienne abbatiale, partiellement détruite en 1809 et 1815.
Les projets de reconversion de ce lieu partiellement classé sont étendus sur 32 hectares. Ils devaient, selon le sous-préfet Barthélémy Champanhet, "intégrer la double dimension du site : sa dimension cistercienne et l'héritage carcéral".
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