Cet article date de plus de deux ans.

Bordeaux va créer un "centre" contre les esclavages et pour l'égalité

Une mission d'une trentaine de membres (associatifs, politiques, membres de la société civile, etc) a été constituée qui devra, à l'horizon d'un an, "imaginer les conditions de réalisation de ce futur centre".

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Une statue du sculpteur haïtien Caymitte Woodly, dit Flipo, représentant Modeste Testas, une esclave emmenée à Bordeaux par ses deux frères au XVIIIe siècle, puis affranchie (2021). (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

La mairie de Bordeaux et l'association Mémoires et Partages ont lancé lundi 9 mai une mission visant à créer un "centre de ressources contre les esclavages et pour l'égalité" dans cette ville symbole de la traite négrière et du commerce triangulaire, afin de "réconcilier l'histoire et la mémoire". Le futur lieu devra notamment "porter sur les esclavages de notre modernité, du XVe siècle à aujourd'hui", explorer de façon pédagogique "les liens entre mémoire des esclavages et discriminations raciales contemporaines" et être ouvert à des évènements artistiques, selon sa feuille de route.

Lieu d'éducation populaire

Une mission d'une trentaine de membres (associatifs, politiques, membres de la société civile, etc) a été constituée qui devra, à l'horizon d'un an, "imaginer les conditions de réalisation de ce futur centre" dont le lieu d'implantation et les sources de financement ne sont pas encore connus. "A Bordeaux, l'espace public ne donne pas assez de place à ce passé" esclavagiste, a plaidé le vice-président de Mémoires et Partages, Daniel Flaharty, médecin. Son président Patrick Serres a souhaité que cette maison devienne "un lieu d'éducation populaire".

La ville de Bordeaux inaugure mardi, jour de commémoration des mémoires de la traite, de l'esclavage et de ses abolitions, ses "journées de la mémoire" (10-23 mai). Des manifestations "en faveur d'un faire mémoire collectif dans l'espace public" auxquelles la ville de Bristol, qui fut le deuxième port négrier de Grande-Bretagne selon la mairie de Bordeaux, est associée. Une statue de marchand d'esclaves avait été déboulonnée par des manifestants en 2020 dans cette cité jumelée à Bordeaux.

508 expéditions négrières

Bordeaux, qui a entamé son effort de mémoire sur l'esclavage il y a une dizaine d'années, va continuer à poser des plaques explicatives à côté des plaques de rue portant les noms de personnes "impliquées dans la traite et l'esclavage". Deux plaques seront ainsi posées rue Colbert, ancien ministre de Louis XIV et initiateur du Code noir.

Comme Nantes ou La Rochelle, la capitale girondine a prospéré sur la traite d'esclaves, avec 508 expéditions négrières, mais aussi le négoce lucratif de denrées coloniales produites par les esclaves. De 1672 à 1837, 120.000 à 150.000 esclaves africains ont été déportés vers les Amériques par des armateurs bordelais.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.