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Paris : une cinquantaine de sépultures du IIe siècle découvertes à Port-Royal lors de fouilles sur un chantier du RER B

Au cœur de Paris, les bruits de la circulation et des piétons accompagnent le travail des archéologues. Un chantier de fouilles a commencé le 6 mars après des recherches réalisées en prévision des travaux du RER B. Elles ont dévoilé une cinquantaine de sépultures du IIe siècle après Jésus-Christ.
Article rédigé par franceinfo - Anthony Jilli
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

À peine sortie de Port Royal, cette station du RER B, dans le sud de Paris, on aperçoit les préfabriqués qui trahissent la présence du chantier. Les fouilles s'effectuent entre le tunnel du réseau ferroviaire et le brouhaha des voies de circulation. Sur une parcelle de 200 m2, derrière les barrières, aidés de pinceaux et de truelles, les archéologues dévoilent peu à peu des squelettes et de nombreux objets. Tous appartiennent à la plus grande nécropole gallo-romaine de Lutèce, l’ancien nom de la capitale.

Gwenaëlle Desforges, archéologue à l’Inrap, met au jour un squelette de l'une des sépultures antiques découvertes à Port-Royal. (ANTHONY JILLI / RADIO FRANCE)

 

"On fouille le cercueil dont il ne reste que les clous, le bois a disparu. À l’intérieur, on a encore des restes osseux, décrit Hélène Civalleri, archéologue à l'Inrap, l'institut national de recherches archéologiques préventives. On enregistre, on fait des photos, on prend des notes, on fait des dessins et ensuite on démonte les squelettes qui vont être étudiés plus tard en laboratoire, ainsi que les céramiques et les récipients en verre qu’on a découverts."

Archéologues, céramologues, anthropologues... 

Pour les archéologues, c'est un miracle si on retrouve encore aujourd'hui ces vestiges. Ils auraient pu disparaître avec les aménagements du quartier et l'installation du RER, au XXe siècle. Leur bonne conservation permet de mieux comprendre les pratiques funéraires du IIe siècle, explique l’anthropologue Camille Colonna, responsable d'opération à l'Inrap. "Les sépultures sont orientées dans tous les sens. Ce n’est pas du tout organisé comme un cimetière chez les chrétiens où elles sont rangées est-ouest, toujours très classique. C’est l’Église qui impose les normes. À l’époque antique, ce n’est pas du tout le cas. C’est plutôt des espèces de noyaux et on a beaucoup de mal à comprendre l’organisation."

Camille Colonna, anthropologue à l’Inrap, cherche à percer le secret du manque d'organisation des sépultures antiques découvertes à Port-Royal à Paris. (ANTHONY JILLI / RADIO FRANCE)

Lors des analyses en laboratoire, les experts tenteront d'en savoir plus sur cette population, très peu étudiée lors de la découverte d'une autre partie de la nécropole, au XIXe siècle, à l'époque des grands travaux haussmanniens. "Plusieurs études vont être faites, détaille Camille Colonna, une étude anthropologique sur les squelettes pour déterminer l’âge et le sexe des individus et donc comprendre la population qui a été inhumée ici. Et puis il va y avoir différents spécialistes, dont les céramologues qui vont étudier les contenants, donner une datation, essayer de savoir où ça a été fabriqué. Il va y avoir un spécialiste qui va s’occuper du fer donc tout ce qui est clous, de chaussures, de cercueil. Et puis on a trouvé quelques objets d’habillement". Les fouilles prennent fin dans une semaine. Après avoir été analysés, les vestiges seront récupérés par l'État.

Des fouilles à Port Royal ont révélé des sépultures du IIe siècle - Reportage d'Anthony Jilli.

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