Cet article date de plus de deux ans.

Homo sapiens est arrivé en Europe bien plus tôt que rapporté jusqu'ici

Une équipe d'archéologues et paléoanthropologues a analysé des fossiles et outils d'une grotte dans la Drôme. Ils estiment également, dans une étude parue mercredi, que Homo sapiens et Néandertal ont co-existé sur ce territoire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'équipe d'archéologues et paléoanthropologues menée par Ludovic Slimak, lors de fouilles dans la grotte de Mandrin (Drôme), sur une photo non datée transmise le 9 février 2022. (LUDOVIC SLIMAK / AFP)

Il était là avant. L'homme moderne, Homo sapiens, s'est aventuré sur le territoire européen de Néandertal bien plus tôt que rapporté jusqu'ici, comme en témoignent des fossiles et outils de la grotte Mandrin (Drôme), sur le Rhône, en France, selon une étude de Science (en anglais) parue mercredi 9 février. Jusqu'ici, les découvertes archéologiques indiquaient une disparition de Néandertal du continent européen il y a environ 40 000 ans, peu après l'arrivée de son "cousin" Homo sapiens (à environ - 45 000 ans). Sans qu'aucun indice ne trahisse une cohabitation entre ces deux espèces humaines.

La découverte de l'équipe d'archéologues et paléoanthropologues menée par Ludovic Slimak, chercheur CNRS à l'université de Toulouse, repousse l'arrivée d'Homo sapiens en Europe occidentale à il y a environ 54 000 ans. Autre fait remarquable, elle révèle son occupation de la grotte Mandrin en alternance avec Néandertal, là où d'ordinaire Sapiens remplaçait ce dernier pour de bon.

Une piste confirmée par une dent de lait

Ludovic Slimak et son équipe sont parvenus à cette conclusion grâce à l'analyse d'une couche archéologique, baptisée "E", qui recèle au moins 1 500 pointes de silex taillé. De très petite taille, pour certaines inférieures au centimètre, ces pointes "sont normées, au millimètre près, standardisées, quelque chose qu'on ne connaît pas du tout chez Néandertal", explique le spécialiste des sociétés néandertaliennes. La similarité entre les techniques utilisées lui fait supposer que Mandrin est le premier site répertoriant Homo sapiens en Europe. Il a ensuite eu la confirmation que sa piste était la bonne : une dent de lait, trouvée dans la fameuse couche "E", est venue le confirmer.

Ainsi, les chercheurs estiment qu'Homo sapiens est venu dans la grotte Mandrin un an seulement après le passage de Néandertal dans cet abri. Quand Homo sapiens le quitte définitivement, Néandertal y revient, bien plus tard (environ un millier d'années). "A un moment donné, les deux populations ont soit co-existé dans la grotte, soit sur le même territoire", en conclut Ludovic Slimak, qui imagine que Néandertal ait pu servir de guide à Sapiens pour le mener aux meilleures sources de silex disponible. "En ethnographie, la question de prendre des guides en territoire inconnu est universelle", remarque-t-il. La compréhension de leur chevauchement est, en tout cas, indispensable pour expliquer pourquoi nous sommes devenus la seule espèce humaine restante.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.