Découverte rare d'une statue en marbre dans les ruines de la ville antique Heraclea Sintica en Bulgarie

En Bulgarie, des archéologues ont découvert dans un ancien égout romain une statue antique en marbre de deux mètres de haut dans un excellent état de conservation.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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L'équipe d'archéologues posent à côté de la statue antique découverte le 4 juillet 2024 sur le site archéologique d’Heraclea Sintica, près de la ville de Pétritch, en Bulgarie. (DOBRIN KASHAVELOV / AFP)

Profil élancé, tête intacte, marbre immaculé : une exceptionnelle statue datant vraisemblablement du IIe siècle de notre ère a été déterrée vendredi 12 juillet des ruines de la ville antique Heraclea Sintica, dans le sud-ouest de la Bulgarie.

Des œuvres similaires "existent à Athènes et au nord de la Grèce, ou encore au musée parisien du Louvre, mais elles sont rares", explique à l'AFP le chef de l'équipe, Ludmil Vagalinski.

Divine surprise

C'est en explorant la Cloaca Maxima, la grande canalisation souterraine de la cité, que les chercheurs sont tombés sur cette divine surprise. "Nous ne nous y attendions pas du tout, nous étions en train d'inspecter les lieux au troisième jour de notre mission" quand un pied est apparu, raconte-t-il. Enfouie sous la terre, la sculpture – qui semble représenter un roi aux traits divins – a résisté aux aléas du temps, aux séismes et aux inondations du IVe siècle, grâce à sa localisation très particulière.

"En cette période de christianisation forcée dans tout l'empire romain, la statue, symbole des temps païens, a été soigneusement cachée", souligne en effet le professeur Vagalinski. Il se félicite de l'intérêt international qu'éveille cette trouvaille, dont "la taille d'environ 2,10 m visait à démontrer la supériorité du dieu sur l'homme". Taillée dans un bloc monolithe de marbre, elle était couchée sur le côté gauche, une partie du bras droit paraissant intentionnellement coupée.

Excavation délicate

Une semaine après la découverte, les archéologues ont procédé à sa minutieuse excavation. À l'intérieur du canal, la statue a été soulevée avec des cordes. Les parties les plus fragiles, comme le cou et les chevilles, ont été protégées et la statue a été recouverte de mousse.

Elle a ensuite été déposée dans un coffre en bois pour être transportée au musée régional de Pétritch, où elle doit être examinée par des spécialistes avant d'être présentée au public.

Statue antique découverte le 4 juillet 2024 sur le site archéologique d'Heraclea Sintica, près de la ville de Pétritch, en Bulgarie. (DOBRIN KASHAVELOV / AFP)

Joyau de la cité Heraclea Sintica évoquée dans les écrits d'Homère et d'Hérodote, cette sculpture illustre les splendeurs d'un site découvert à la fin des années 1950, au pied du mont volcanique Kojouh, près des frontières avec la Grèce et la Macédoine du Nord.

Mais dans ce pays pauvre miné par la corruption, des mosaïques et objets d'art ont été pillés. Du marbre a même été détruit à l'explosif pour servir à la construction d'une ligne ferroviaire dans les années 1970.

Site longtemps délaissé

Il a fallu la saisie par la police en 2002 d'une plaque dotée d'une inscription en latin pour qu'on réalise l'importance historique du site, explique Katïa Stoïanova, chargée de la gestion du patrimoine culturel à la mairie de Pétritch.

Des fouilles de grande ampleur sont lancées cinq ans plus tard. A peine 10% de la ville, qui s'étendait sur environ 10 km2 pour une population estimée à 50 000 habitants, a été explorée à ce stade.

Fondée par les Thraces au IVe siècle avant notre ère, Heraclea Sintica, devenue cité hellénique prospère grâce au commerce du bois et des masques peints en céramique pour le théâtre, s'est fortement développée sous la domination des Romains à partir du IIe siècle. Victimes d'une série de catastrophes naturelles, ses habitants trouvèrent ensuite refuge sur le mont Kojouh, autour de l'acropole, où la ville en déclin subsista jusqu'au VIe siècle.

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