"C'est assez exceptionnel pour un archéologue de pouvoir travailler sur un espace aussi grand en centre-ville", a expliqué mercredi Marco Zabeo, responsable d'opération pour l'entreprise Archeodunum, spécialisée dans l'archéologie préventive, alors qu'une partie de la ville antique de Clermont-Ferrand, datant du IIe siècle, est sortie de l'oubli à la faveur de ce chantier.Ces fouilles, qui s'étendent sur 5 000 m2, sont réalisées dans le cadre de la transformation de l'Hôtel-Dieu, ancien centre hospitalier construit dans les années 1770, en bibliothèque. Le chantier a permis de dévoiler une portion de la ville antique, appelée Augustonemetum.Une voie large pour le passage de deux charsUne voie large de 5 mètres, refaite à plusieurs reprises, marque la limite occidentale de la ville, avec un trottoir et un portique. "Cette voie permettait le passage de deux chars", a précisé Marco Zabeo. Une partie bâtie, probablement vouée à des activités artisanales ou commerciales, longe la voie, bordée d'un collecteur d'eaux usées.Si les structures mises au jour sous le futur "jardin de lecture" de la bibliothèque sont datées du IIe siècle, les archéologues s'attendent à découvrir des vestiges plus anciens. Des objets courants ont été retrouvés : reliefs culinaires, clous (issus de charpentes et de canalisations en bois), manche de pilon à mortier en forme de doigt en terre cuite, vase décoré d'une "tête de Zeus, barbue, très bien faite", selon Marco Zabeo. Une partie du chantier qui a dévoilé la ville antique de Clermont-Ferrand (31 mars 2021) (THIERRY ZOCCOLAN / AFP) Un silo enterré, un puit en pierre, des poteriesAu-delà, en direction des bâtiments de l'ancien hôpital, l'équipe d'archéologues a dégagé un silo enterré et un puits en pierre, ainsi que des poteries datées du Moyen-Âge. Et plus haut encore, un bâtiment de l'époque moderne, antérieur à l'hôpital et absent des plans, a été mis au jour.Le projet de bibliothèque, porté par la métropole de Clermont-Ferrand, représente un investissement de 61,7 millions d'euros, dont 3,11 millions d'euros consacrés aux fouilles préventives.