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A la découverte des trésors cachés des réserves archéologiques de la Ville de Paris

Le 16 septembre, à la veille des Journées du patrimoine, le pôle archéologique de la Ville de Paris ouvrait exceptionnellement ses portes. Une occasion unique (et très limitée dans le temps) de découvrir les trésors que renferment les sous-sols parisiens. Nous avons visité pour vous.

Article rédigé par Rudy Degardin - franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Pièces antiques et médiévales, conservées au pole archéologique de la Ville de Paris. (France Info Culture)

Peu de personnes le savent mais à deux pas du métro porte de la Chapelle se trouve un haut lieu de la mémoire parisienne. Non loin d’un terrain vague, dans un bâtiment sans allure, le pôle archéologique de la Ville de Paris vient de poser bagages. Colonnes antiques, sarcophages mérovingiens, squelettes en tout genre : ici, de la préhistoire à l’époque contemporaine, la riche histoire de la capitale s’entrepose sur palettes. Julien Avinain, archéologue en chef, est à la tête d’une petite équipe mais pour une tâche immense : fouiller, collecter, inventorier, étudier et conserver ce patrimoine parisien exceptionnel. Occasion unique, vendredi 16 septembre 2022, le service municipal ouvre ses portes et propose des visites guidées.

Pourtant, accueillir le public n’est ici pas une priorité. Dès l’entrée, un amas de colonnes est entassé, en provenance d’une fouille rue Cujas : des colonnettes du forum romain, réemployées au XIVe siècle pour l'ancien collège de Cluny. Sans écriteau, ni panneau, deux modestes vitrines exposent aussi les découvertes d’une fouille à l’abbaye Saint-Germain. La terre encore présente sur certains objets trahit la vocation scientifique de ce lieu. “Ce n’est pas un musée, insiste d’ailleurs Julien Avinain. Nous n’avons pas d’équipe de médiation, donc c’est difficile d’organiser des visites en dehors des journées du patrimoine”, confesse-t-il.

De nombreux trésors à découvrir

Depuis 2013, avec l’aide de la Drac (direction régionale des affaires culturelles) Ile-de-France, un grand chantier a été mis en place pour créer ce centre de conservation et d’étude. Avant, les espaces étaient séparés, l’un à Bercy et l’autre à Calais. Ce grand déménagement a alors permis de les rassembler, dépoussiérant au passage le service. “Nous nous sommes rendu compte qu’environ un tiers des objets n’étaient pas reconditionnés, confie le scientifique. C’est-à-dire qu’ils étaient sortis de fouille, sans être identifiés. Nous avions comme une espèce de terra incognita d’objets qui dormaient dans les dépôts". 

7 000 pièces sont conservées, principalement de la céramique, des restes de boucherie, des ossements humains, du métal ou du verre. Modestes en apparence mais non moins essentiels pour comprendre l'histoire de la ville. Plus spectaculaires, les éléments architecturaux sont bien à l'abris dans un grand entrepôt. Un tronçon de l’aqueduc romain, la première inscription chrétienne découverte à Paris, des sarcophages d’une nécropole : une multitude de trésors antiques ou médiévaux, réunis dans une même pièce, pour retracer l'histoire des Parisiens au fil des siècles.

Au cœur des sous-sols parisiens

La force de ce pôle archéologique, c’est d’être à la fois capable de conserver et étudier des objets mais aussi de mobiliser des équipes pour fouiller un site.

Fouille archéologique rue Cujas à Paris. (France Info Culture)

En voici un exemple. Changement de décor. Rue Cujas, dans un ancien cinéma, les archéologues cohabitent avec les ouvriers du BTP. Les uns construisent un hôtel, les autres, au sous-sol, tentent de trouver des vestiges de l’ancienne Lutèce. “C’est une course contre la montre”, explique David Couturier, archéologue en charge de cette fouille. Dans quelques mois, les sous-sols creusés en sillon laisseront place à une piscine. L’objectif est donc de comprendre l’occupation qu’il y a eu sur cette parcelle au coeur du Quartier latin, avant sa destruction. “C’est une sorte de défi à relever. On a six mois, on doit prendre le maximum d’informations avant de laisser le terrain à l’aménageur”, poursuit l’archéologue.

Un œil non averti ne fera guère attention à ce que renferme cette terre. Hormis les colonnes retrouvées, rien de spectaculaire n'a pour l'heure émergé. “Trouver ces blocs, c’est un peu le côté champagne de l’archéologie, ajoute Julien Avinain. Mais pour le public, ce site reste incompréhensible. C’est d'ailleurs tout le paradoxe de l'archéologie, une science très appréciée mais qui reste très méconnue des gens”, poursuit-il, en plaisantant sur la figure d’Indiana Jones.

Après cette fouille, d'autres lieux resteront à explorer. A l’image de l'Hôtel-Dieu, qui pour sa rénovation, va permettre de nouvelles recherches au coeur de l'Ile de la Cité. Tout comme le Palais de justice, qui dans quelques années, pourrait bien permettre de mieux connaître ce lieu occupé par les gouverneurs romains et les premiers Capétiens, de quoi laisser songeuse la petite équipe d'archéologues. 

Pour les Journées européennes du patrimoine, les Réserves archéologiques de la Ville de Paris organisent deux visites le 16 septembre 2022 de 12h30 à 14h15. Rendez-vous 11 rue du Pré, 75018, Paris Gratuit, sur inscription.

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