À Aurignac, la Vénus de Lespugue prend la pose pour une exposition sur les représentations féminines de la Préhistoire
Le musée de l'Aurignacien en Haute-Garonne fête cette année le centenaire de la découverte de la statuette de la Vénus de Lespugue. Jusqu'au 11 décembre 2022, une exposition tente de révéler quelques mystères que portent ces Vénus du Paléolithique.
C'était il y a cent ans, le 9 août 1922 exactement. Suzanne et René de Saint-Périer, passionnés d'archéologie, font une découverte majeure dans la grotte des Rideaux, située sur la commune de Lespugue (Haute-Garonne). Connue mondialement sous le nom de la Vénus de Lespugue, la petite statuette paléolithique et quelques-unes de ses compagnes sont à l'honneur du musée d'Aurignac jusqu'au 11 décembre 2022.
Le mystère de la Vénus de Lespugue
Ce 9 août 1922, sous la pioche du couple d'archéologues, émerge une statuette d'environ 15 centimètres de long sur 6 centimètres de large. Un coup de pioche à la fois malheureux, puisqu'il endommage l'intégrité de la figurine mais aussi heureux car il met au jour un petit trésor d'une incroyable beauté, sculpté dans l'ivoire d'une défense de mammouth il y a 25 000 à 30 000 ans, à l'ère du Gravettien.
Baptisée la Vénus de Lespugue, la jolie dame est exposée au Musée de l'Homme à Paris. Pour fêter le centenaire de sa découverte, une réplique de la statue est présentée à Aurignac. Un regard singulier sur la représentation de la femme à la Préhistoire que les passionnés peuvent admirer. Et chacun est libre de faire sa propre interprétation. "Il n'y a pas une belle représentation féminine plutôt qu'une autre, toutes les femmes peuvent être des Vénus", se réjouit une visiteuse.
Avec sa forme en losange, cette sculpture en ronde bosse garde en elle de nombreux secrets. D'abord par sa taille et son réalisme mais aussi par ce qu'elle représente. Derrière cette petite statue, une symbolique délicate de la vie d’une femme pensée par nos ancêtres du Paléolithique se dévoile. Cinq étapes en une seule sculpture : la naissance, l'adolescence, la maternité, l'accouchement et enfin la maturité. "C'est une composition extraordinairement calculée, tout est mathématique, tout est mesuré, tout est voulu", détaille Nathalie Rouquerol, préhistorienne longtemps membre associée du CNRS (laboratoire Traces) à Toulouse.
La Vénus de Lespugue, une muse inspiratrice
Avec ses formes rondes et sa nudité, l'allure charnelle de la Vénus de Lespugue va influencer de nombreux artistes. Picasso (qui en avait deux moulages), Giacometti ou encore Brassaï, tous vont puiser leur inspiration dans cette énigmatique petite dame, surnommée par certains experts : La Joconde de la Préhistoire.
La Vénus de Lespugue illustre magnifiquement l’art de la statuaire qui se répandit en Europe il y a 25 000 ans. "C'est un élément marqueur pour la Préhistoire à l'échelle nationale et mondiale. Elle n'est pas la première à avoir été découverte dans le monde mais elle va être tellement singulière que cette découverte va révolutionner aussi le monde de l'art", détaille Sébastien Marzin, directeur du Musée de l'Aurignacien.
À ce jour, on dénombre dans le monde environ 250 statuettes de Vénus de la Préhistoire. En verre, en bois, en pierre tendre, en terre cuite ou en ivoire, toutes sont représentées avec les mêmes attributs : des hanches et des seins proéminents.
"Vénus, les représentations féminines de la Préhistoire", au musée de l'Aurignacien jusqu'au dimanche 11 décembre 2022. Ouvert toute l'année du mercredi au dimanche de 14h à 18h, et du mardi au dimanche de 10h à 18h. Tarifs : 6 et 4€. Gratuit pour les moins de 18 ans.
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