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Noël : comment limiter votre impact écologique pendant les fêtes et devenir un vrai lutin vert ?

Concilier magie de Noël et lutte contre le réchauffement climatique n'est pas simple, mais rien n'est impossible. Voici quelques conseils, c'est cadeau !

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
  (PIERRE-ALBERT JOSSERAND / FRANCEINFO.FR)

"Moi, le soir du réveillon, j'offre des poèmes et des ampoules basse consommation. Les enfants sont ravis. Je sers à mes invités du riz avec une fondue de poireaux et j'ai tricoté moi-même mon sapin de Noël à partir de pulls recyclés. Ça m'a pris deux ans, mais les voisins sont jaloux. Le matin du 25, je distribue du lait d'avoine à des espèces menacées en forêt de Fontainebleau." 

                                                                   – Jean-Michel Menteur, 24 novembre 2021.

Il est facile de caricaturer ce que pourraient être des fêtes de fin d'année estampillées "écolo". En associant dans l'imaginaire collectif traditions et consommation, magie et abondance, Noël fait briller les injonctions contradictoires entre nos habitudes et l'exigence de sobriété voulue par la crise climatique. Verdir son Noël reste une contribution de lutin face aux émissions colossales des pays industrialisés et des foyers les plus riches (dont les émissions de CO2 sont deux à quatre fois plus importantes que les plus modestes). Mais prendre conscience de certains excès et réfléchir à des alternatives qui nous conviennent est à la portée de tous.

Et voici quelques informations pour vous y aider.

Dans la hotte : évitez les cadeaux inutiles         

Avant de culpabiliser, rappelons la base : une famille modeste qui a profité des soldes du Black Friday pour commander une hotte de cadeaux Made in China sera toujours moins émettrice en gaz à effet de serre sur l'année qu'une famille aisée qui s'offre des gants de toilette en fibres de bambou et des jouets en bois dans un hôtel 4 étoiles à Bali. Pour autant, tout le monde peut éviter "le cadeau de la mort". Dans une tribune publiée dans The Guardian il y a (déjà) 11 ans, le journaliste George Monbiot dénonçait ces "cadeaux" que l'on fait à ses proches qui "ont tout". Celui qui coûte quelques euros, qui est produit au bout du monde dans de mauvaises conditions et qui ne sert strictement à rien. La reine d'Angleterre en plastique qui fait coucou de la main ? Le mug autochauffant ? La machine à pop-corn pour une personne ? Le tube de dentifrice goût bacon ? Marrant, certes, mais mortel, ce "cadeau de la mort" participe par sa fabrication, sa livraison et son inévitable destruction au réchauffement climatique et doit être – si vous voulez verdir Noël – chassé de la chaussette. Pour ces proches-là, George Mon prônait à l'époque les options immatérielles.

"Faites-leur un gâteau, écrivez-leur un poème, embrassez-les, racontez-leur une blague, mais pour l'amour de Dieu, arrêtez de détruire la planète pour leur dire que vous tenez à eux. Cela ne fait que prouver l'inverse."

Le journaliste George Monbiot

dans "The Guardian"

De l'abonnement au cinéma à l'acquisition symbolique d'un bout de terrain à préserver, l'arbre planté ou l'étoile renommée... Les possibilités sont infinies. Pour les autres – ceux qui ont besoin de quelque chose d'utile, ou les enfants, pas toujours très fans du concept du cadeau conceptuel – la seconde main vit ses heures de gloire. Selon les sondages, les Français sont entre 47% et 64% à envisager d'offrir à Noël un cadeau d'occasion. En ligne, via des sites bien connus tels que Le Bon Coin ou Vinted, où en boutiques de seconde main, telles que les ressourceries et autres magasins Emmaüs, répartis sur tout le territoire. 

Pour le neuf, il convient, si l'on veut limiter son empreinte carbone, de privilégier les produits fabriqués en France et d'éviter de commander en ligne à l'autre bout du monde. Ainsi, méfions-nous des promesses vertes du géant Amazon. Si l'entreprise américaine assure qu'elle atteindra la neutralité carbone en 2040, son modèle reste très émetteur de gaz à effet de serre, pointe l'association Les Amis de la Terre. "Les émissions d'Amazon ont augmenté de 19% l'année dernière", dénonçait l'ONG en novembre, rappelant qu'"Amazon augmente de 29% le transport de ses produits par avion pour livrer en moins de 24 heures les consommateurs. [Un choix] neuf fois plus polluant que le transport routier, 100 fois plus que le transport maritime". Boostée par nos achats, l'entreprise émet aujourd'hui en une année autant qu'un pays comme la Bolivie.

Dans l'assiette : préférez le poisson

Quelques chiffres avant d'enfiler le tablier : la production alimentaire compte pour un quart des émissions de gaz à effet de serre. Parce que des forêts sont détruites pour faire place à des terres agricoles, parce que les bovins émettent du méthane, parce que les engins tournent avec de l'essence, parce que les abattoirs et les usines de traitements des aliments consomment de l'énergie, tout ce que l'on mange participe à nos émissions. Mais pas toujours dans les mêmes proportions, comme le montre le site OurWorldinData.org. On y apprend qu'en général, l'élevage génère beaucoup plus de gaz à effet de serre que les exploitations qui cultivent fruits, légumes, légumineux et céréales.

Plus il y a de viande sur la table de Noël, plus votre assiette contribuera au réchauffement climatique. Et si vous n'imaginez pas un repas festif végétarien, vous pouvez toutefois préférer une dinde ou un chapon au bœuf. Déguster un kilo de viande bovine produit 10 fois plus d'émissions qu'un kilo de volaille (99,48 kgCO2eq contre 9,87 kgCO2eq). Et ce même lorsqu'il est local : le transport ne compte en effet que pour 6% du total des émissions attribuées au bœuf. Pensez aussi au fromage, parfois plus émetteur que certaines viandes.

Et le poisson dans tout ça ? Un kilo émet entre 5 kgCO2eq (pour de l'élevage) à 3 kgCO2eq (pour du sauvage.) Ici, ce n'est pas tant le poids des émissions que l'impact sur la biodiversité et les ressources marines qui entrent en jeu. En 2017, WWF a édité un guide pratique (PDF) pour s'y retrouver et consommer du poisson sans mettre en péril les espèces. Le mulet est ainsi une bonne alternative au bar, victime de la surpêche. Quant au saumon, il reste un invité problématique : les associations écologistes dénoncent depuis des années les conditions de son élevage intensif. Décimé par un parasite (le pou de mer), le saumon y est traité aux antibiotiques.

Préférer la truite fumée au saumon permet donc de limiter l'impact écologique de l'assiette, surtout si elle provient d'un petit élevage artisanal. Si vous habitez près du littoral, l'association Pleine mer liste les points de vente qui vous garantissent une pêche éthique, durable et en circuit court. Ailleurs en France métropolitaine, les sites Poiscaille ou Hissez-Oh livrent aussi le poisson pêché dans de meilleures conditions par des pêcheurs français. Et c'est aussi valable pour les fruits de mer.

Dans le salon : renoncez au sapin

Le développement de la conscience écologique des Français a fait du sapin de Noël un objet polémique. Un "marronnier" même, qui revient chaque année, généralement porté à la une par le choix de certaines mairies écologistes d'y renoncer. Mais à la maison aussi, le sapin devient un choix politique. Si ne pas en installer reste le choix le plus respectueux de la planète, on le retrouve dans un quart des foyers, notamment quand il y a des enfants, précise sans surprise un rapport de l'agence Kantar pour France AgriMerEn 2019, 5,8 millions de sapins naturels ont ainsi été vendus en France, contre 1,15 million de sapins artificiels. 

Encore peu répandue, la location se développe doucement, via des sites tels que Ecosapin et Treezmas qui proposent de replanter ou de recycler l'arbre après les fêtes. Car consacrer 4 000 à 5 000 hectares (et une dizaine d'années !) à la culture de sapins qui finiront à la poubelle un mois plus tard, n'a évidemment pas grand sens écologique. Toutefois, le sapin naturel reste plus "vert" que l'artificiel. Sur son site internet, l'Association française du sapin de Noël naturel assure que "les émissions de CO2 équivalent pour le cycle de vie complet sont de 3,1 kg pour l'arbre naturel et de 8,1 kg pour l'arbre artificiel sur une base annuelle (48,3 kg pour la totalité de sa durée de vie)".

Par ailleurs, selon l'Agence de la transition écologique (Ademe), 80% des sapins de Noël naturels achetés par les Français sont cultivés sur le territoire métropolitain. Mais tous ne se valent pas : "Si vous optez pour un sapin naturel, cherchez les labels : Plante bleue, MPS, Agriculture biologique... Ils aident à reconnaître les sapins cultivés dans le respect de l'environnement." Les sapins artificiels, confectionnés à l'étranger, doivent être ressortis de la cave pendant au moins une dizaine d'années pour compenser les émissions liées à leur fabrication et à leur transport, détaillait CarbonTrust en 2013. L'Ademe, elle, porte à 20 ans cette estimation. Alors pourquoi ne pas se tourner pour l'occasion vers son sapin en plastique ?

Tous s'accordent toutefois sur l'option la plus responsable : le sapin en pot, qui pourra être replanté dans le jardin après les fêtes, à condition d'être bien traité durant son court séjour dans le salon. Il est recommandé de le garder à l'intérieur moins d'une semaine, loin de toute source de chaleur et bien entendu de ne pas l'asperger de neige artificielle. Si vous ne disposez pas de jardin, l'Ademe rappelle que certains magasins organisent la récupération de sapins de Noël, lesquels finissent "compostés ou broyés pour servir de paillage dans les jardins".

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