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"It rains love", nouvel album de Lee Fields : chanter l'amour comme un hymne

Lee Fields, l'un des derniers seigneurs de la Soul américaine, est en concert le lundi 29 Avril 2019 à Paris à l'église Saint-Eustache, et le mardi 30 Avril à l'Aéronef de Lille. Pour présenter son dernier album "It rains love", il nous a reçu et nous a offert un extrait intimiste de son titre phare.

Article rédigé par Laurent Hakim
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Lee Fields  (Alexis Jacquet)

Il a d'abord tiré le rideau pour s'isoler avec son musicien dans un petit réduit au 1er étage du showroom d'un célèbre fabricant de guitares. De là sont bientôt sorties quelques notes de guitares et la voix magique et éraillée de Lee Fields. Le dernier seigneur de la Soul tenait à nous offrir le meilleur de son nouvel album "It rains love" (Il pleut de l'amour) dans un Live exclusif et minutieusement réglé en guitare-voix. Quand il a reparu, Lee Fields avait endossé son costume de scène, pantalon noir et veste de velours rouge carmin bordée de satin. L'élégance de sa musique ne souffre d'aucun à-peu-près...

Lee Fields Live
Lee Fields Live Lee Fields Live (Alexis Jacquet)

    Images: Alexis Jacquet 

Un 7e album célébrant l'amour 

A 69 ans, Lee Fields propose donc son 7e album dans lequel il célèbre son sujet favori, l'amour. "C'est le début d'une tempête d'amour" n'hésite pas a affirmer Lee Fields, expliquant à sa manière que si l'humanité choisit une autre option le monde est fichu. "Chacun de nous est concerné par son voisin car notre monde est un seul et même lieu. On a tous besoin des uns et des autres pour trouver des solutions a nos problèmes. Les gens commencent à s'en rendre compte". "L'amour est définitivement notre hymne: c'est mon message à tous mes frères et soeurs, à tous les habitants de cette planète", poursuit Lee Fields.

Lee surnommé "Little JB", le petit James Brown

Son idéalisme presque utopique résonne bien sûr de sa foi, qui l'a amené très tôt - dès l'âge de 14 ans - a chanter du gospel comme sa maman dans les églises de sa Caroline du Nord. Premier 45 tours à 17 ans mais le succès n'est pas au rendez-vous. Et pourtant la "filiation" artistique est là: non seulement Lee enregistre une reprise de James Brown, mais a fortiori le studio de new york est celui où 2 ans plus tôt en 1966 le "Godfather de la Soul" a lui-même immortalisé son inoubliable "Papa's got a brand new bag". D'ailleurs, au fil de ses disques, plus ou moins confidentiels, Lee est surnommé Little JB (le petit James Brown) en raison de sa ressemblance a la fois physique et vocale. "Depuis je me suis trouvé moi, j'ai trouvé Lee. C'est d'ailleurs ce que James Brown m'avait encouragé à faire quand je l'avais rencontré", explique Lee Fields.

Lee ne renonce pas, même quand dans les années 70 - et alors que la Soul laisse plus volontiers la place au disco et au funk - il doit lui-même, quasiment tel un représentant de commerce, vendre son propre disque Let’s talk it over (1979). Le succès tarde a venir, c'est peu dire, car il lui faut attendre une bonne 30e d'années pour faire une réelle percée en 2002 avec Problems.  

Lee Fields reste l'un des derniers seigneurs de la Soul

Il a dès lors rejoint les grands de la Soul - Sharon Jones, Charles Bradley - au sein du label new yorkais Daptone Records. Depuis la disparition prématurée des deux artistes successivement en 2016 et 2017, Lee Fields reste l'un des derniers seigneurs de la Soul. Porteur d'un héritage, mais très affecté par leur absence: J'étais très proche de Charles et de Sharon, il ne se passe pas un jour sans que je pense a eux. Alors il faut absolument retourner la pochette de son dernier album (version vinyle) pour le découvrir posant entouré de tableaux de félins, seigneur incarné: Lee le lion au milieu des tigres... C'est avec The expressions, le formidable groupe de musiciens de Sharon Jones et d'Amy Winehouse, que Lee Fields enregistre ses albums depuis plus de 15 ans.  

Pochette Album (Pochette Album)

 Si avec It rains love Lee Fields confirme son attachement a son message d'amour et de réconciliation, d'apaisement de l'âme et d'espérance, et ainsi aux racines vraies de la Soul, cette musique populaire afro américaine des années 50 issue du Rhythm'n blues et du Gospel, il se tient toujours a distance de toute démarche politique au contraire de certains de ses prédécesseurs. Ainsi, si Aretha Franklin en appelait en 1967 au Respect sur un texte d'Otis Redding, ou James Brown l'année suivante clamait Say it loud,I'm black and I'm proud ! (Dites le bien fort, je suis noir et j'en suis fier !), Lee reste en retrait de ce genre de message.

"N'es tu pas fatigué de tous ces mensonges? chante-il 

Encore que... Dans cet album "It rains love", Lee ose un Wake up dans la lignée d'un What's going on (Mais qu'est ce qui se passe?) de Marvin Gaye qui s'interrogeait sur la marche du monde au début des années 70. Il entend dénoncer la tendance aux fake news qui polluent notre information. N'es tu pas fatigué de tous ces mensonges? Il est temps de te réveiller, et d'ouvrir les yeux (...) Je ne veux croire que ce que je vois,, Parce que ce que je ressens fait sens, Tu ne peux pas me dire qui je dois être Parce que tu es toi et je suis moi, Et seule la vérité permet notre liberté.  

Ce n'est pas un prétexte pour aborder la question politique, assure Lee Fields, mais pour prouver que la vérité est une quête, la seule en laquelle il faut croire.   Avec son album It Rains Love, Lee Fields confirme son statut de seigneur et de crooner de la Soul, et se permet même – enfin ! pourrait-on dire - un peu plus d’audace que d’habitude.    

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