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"Get On Up" : Sept bonnes raisons d'aller voir le biopic sur James Brown
"Get On Up" retrace l'ascension du flamboyant James Brown, depuis son enfance dans un milieu très pauvre jusqu'à son couronnement de parrain de la soul. Réalisé par Tate Taylor (La couleur des sentiments), ce film aussi explosif que l'était le funky man, relève plusieurs défis et tient ses promesses. Voilà sept bonnes raisons d'aller danser dans les bras de votre fauteuil.
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1. Parce que la musique et les scènes live sont au cœur du film
Qui parle le mieux de Mr Dynamite ? Sa musique ! Le réalisateur Tate Taylor l'a bien compris et a mis le paquet côté son. Dans "Get On Up" on entend non seulement des dizaines de chansons de James Brown, mais on y assiste surtout à de formidables reconstitutions de scènes live capitales.
La plus grosse scène de concert, censée démontrer que le crooner de la soul est connu dans le monde entier, se déroule à l'Olympia en 1971 (voir plus bas ci-dessous). La scène du T.A.M.I. show en 1964, qui inaugure le gimmick live de la cape, est également mémorable (voir la scène originale ci-dessous), tout comme celle du Boston Garden en avril 1968, lorsque James Brown calme la foule échauffée au lendemain de l'assassinat de Martin Luther King.
Seul regret : l'absence de reconstitution du formidable concert de Kinshasa en octobre 1974 qui réunissait James Brown, Miriam Makeba et BB King à l'occasion du combat de boxe opposant Mohamed Ali et George Foreman, documenté dans le film "Soul power".
Les producteurs s'étaient fixés un but : donner au public l'envie irrésistible de danser depuis leur fauteuil. Mission accomplie. De fait, c'est presque une torture tant l'envie est pressante de se lever pour bouger son corps. Et une fois sortis de la salle, les chansons du Godfather of Soul résonnent encore dans la tête durant trois jours, et on n'a qu'une envie : s'en resservir une louche. Ca tombe bien, la B.O. du film, bien dosée entre gros hits inusables et titres moins rebattus – "Caldonia", "Mother Popcorn", "Release the Pressure" etc – sort ces jours-ci chez Universal. 2. Parce qu'on connait sa musique mais pas bien la vie de James Brown
On se doutait bien que James Brown, né en Géorgie au début des années 30, n'était pas né une cuillère en or dans la bouche. Mais on n'avait pas idée d'une enfance passée dans une misère aussi noire ni de l'abandon par ses parents, toutes choses qui forgèrent la carapace et la pugnacité à toute épreuve de cet autodidacte.
"Je me suis toujours débrouillé seul. Je fonce et je reste en vie", dit-il dans le film. Tate Taylor a pris le parti de ne pas raconter la vie de cette figure du XXe siècle de façon chronologique et linéaire. A l'aide d'un montage nerveux, il alterne les scènes de différentes périodes pour mieux prendre en tenaille les facettes du personnage et surtout montrer les racines de sa personnalité. 3. Parce que ce biopic explore aussi la part d'ombre de Mr Dynamite
"Qui a utilisé mes chiottes privées ?" braille James Brown dans la scène d'ouverture du film. Nous sommes en septembre 1988, dans un bâtiment de bureaux dont il est propriétaire à Augusta, en Géorgie. Furibard et visiblement défoncé au PCP, Mr Dynamite débarque, armé d'un fusil, en plein séminaire d'une compagnie d'assurances.
Cet aspect moins reluisant de sa personnalité, qui le conduira à passer deux ans derrière les barreaux, n'est pas le seul exposé dans le film. On découvre aussi qu'il était imbuvable avec ses musiciens, leur collant des amendes à tout bout de champ lorsqu'ils juraient ou omettaient de lui donner du "Mr Brown". C'était aussi un homme violent, arrêté plusieurs fois pour violences conjugales. Dans le film, on voit notamment le coup porté à sa femme Dee Dee jouée par la chanteuse Jill Scott. 4. Parce qu'on y apprend des tas de choses
On y découvre en particulier le rôle pivot qu'eut Bobby Byrd dans sa carrière et dans sa vie. Considéré comme un proche collaborateur de James Brown, à l'égal du saxophoniste Maceo Parker, ce chanteur et compositeur fut bien plus que ça. Il a non seulement découvert James Brown, à 17 ans, alors qu'il était derrière les barreaux pour le vol d'une veste, mais l'en a aussi fait sortir et lui a présenté son premier groupe, les Famous Flames. Bobby Byrd, incarné par Nelson Ellis (La Fayette dans la série "True Blood"), était la tempérance faite homme face à l'éruptivité de James et joua longtemps le rôle de tampon entre les humeurs irrascibles de Mr Dynamite et ses musiciens. Il veilla sur lui presque toute sa vie, avec une patience proche de l'héroïsme, car il était pour lui un génie.
On y apprend aussi que malgré son statut, James Brown était victime du racisme. Ce mal se fait sentir en filigrane, de façon subtile, tout au long du film. Chez King Records en 1955, le vieux patron blanc ne croit pas à son talent en écoutant "Please, Please, Please" et lâche, méprisant : "Où est le refrain ? Un nègre qui supplie ça ne suffit pas".
Plus tard, James Brown insista auprès de la Maison Blanche pour aller jouer pour les GI's au Vietnam - ce qui n'en fait pas un pro-guerre pour autant, il voulait juste divertir un peu les soldats américains. Là, à l'issue d'un vol périlleux et mouvementé, un colonel venu l'accueillir sur le tarmac lui donne pour consigne de ne jouer que 30 mn et se fait envoyer ballader. "On a essayé de tuer James Brown aujourd'hui. Tu veux entrer dans l'histoire comme l'homme qui a tué le funk ? Est-ce que je vous dis quand vous devez attaquer ? Est-ce que je vous dis que vous avez merdé à l'offensive du Tet ? Non ? Alors ne me dites pas de couper mon funk". Une scène réjouissante qui nous venge un peu de celle de King Records. 5. Parce qu'on y découvre un acteur prometteur en Chadwick Boseman
Choisir un jeune acteur plutôt qu'un habitué de Broadway rompu au chant et à la danse pour endosser le rôle charismatique de James Brown, était un pari risqué. Chadwick Boseman, qui incarnait le joueur de baseball Jackie Robinson dans "42, relève le défi.
Il est fantastique tout du long et parvient habilement à faire évoluer son personnage dans le temps, avec le petit coup de pouce des perruques – pas moins de 25 différentes arborées dans le film ! Il est surtout à la hauteur du showman explosif qu'était James Brown et parvient à s'approcher au plus près de sa gestuelle et de ses pas de danse, qui ont inspiré tant d'artistes, de Jagger à Michael Jackson ou Prince.
Il est particulièrement bluffant dans le T.A.M.I. show et, sur la fin, au concert de l'Olympia. A noter que dans toutes les scènes de concert, c'est la voix de James qu'on entend. Ce n'est celle de Boseman que dans les scènes chantées qui ne sont pas en concert (comme celle de la prison).
6. Parce que "Get On Up!" est co-produit par Mick Jagger
On savait que James Brown avait beaucoup inspiré Mick Jagger mais on ne savait pas à quel point. La scène du T.A.M.I. (Teenage Award Music International) Show, où les Rolling Stones se mesurèrent à James Brown en 1964, en donne la mesure. Les Rolling Stones, stars montantes, passaient en dernier, donc en tête d'affiche, de cette soirée. Ce n'était pas du goût de James Brown dont c'était la première grande télé nationale. Piqué au vif, il promet de "leur faire regretter d'avoir posé le pied aux Etats-Unis".
De part et d'autre, la tension est palpable. Lorsqu'ils voient depuis les coulisses la prestation de James, les Stones les ont à zéro. Jusqu'alors plutôt réservé devant son micro, Mick se surpasse ce soir là et tente d'imiter James : il inaugure pour l'occasion une gestuelle plus sportive que d'habitude, qui restera. Aujourd'hui, le chanteur des Stones admet sans honte s'être largement inspiré de son énergie, de sa présence et de sa manière de danser. On ne s'étonne pas de le retrouver en co-producteur de cette résurrection du soul brother. 7. Pour le clin d'oeil Dan Aykroyd
Il est réjouissant de retrouver cet acteur attachant dans le rôle de Ben Bart, le manager de James Brown. En tant que "Blues Brother", Dan Aykroyd avait en effet rencontré James Brown à l'occasion de ce film mythique de John Landis sorti en 1980. Le parrain de la soul y incarnait un prêtre gospel fiévreux haut en couleurs resté dans les mémoires. L'épisode ne figure pas dans "Get on Up" mais comme la note bleue dans le jazz, il y figure de façon subliminale grâce à la présence d'Aykroyd.
Qui parle le mieux de Mr Dynamite ? Sa musique ! Le réalisateur Tate Taylor l'a bien compris et a mis le paquet côté son. Dans "Get On Up" on entend non seulement des dizaines de chansons de James Brown, mais on y assiste surtout à de formidables reconstitutions de scènes live capitales.
La plus grosse scène de concert, censée démontrer que le crooner de la soul est connu dans le monde entier, se déroule à l'Olympia en 1971 (voir plus bas ci-dessous). La scène du T.A.M.I. show en 1964, qui inaugure le gimmick live de la cape, est également mémorable (voir la scène originale ci-dessous), tout comme celle du Boston Garden en avril 1968, lorsque James Brown calme la foule échauffée au lendemain de l'assassinat de Martin Luther King.
Seul regret : l'absence de reconstitution du formidable concert de Kinshasa en octobre 1974 qui réunissait James Brown, Miriam Makeba et BB King à l'occasion du combat de boxe opposant Mohamed Ali et George Foreman, documenté dans le film "Soul power".
Les producteurs s'étaient fixés un but : donner au public l'envie irrésistible de danser depuis leur fauteuil. Mission accomplie. De fait, c'est presque une torture tant l'envie est pressante de se lever pour bouger son corps. Et une fois sortis de la salle, les chansons du Godfather of Soul résonnent encore dans la tête durant trois jours, et on n'a qu'une envie : s'en resservir une louche. Ca tombe bien, la B.O. du film, bien dosée entre gros hits inusables et titres moins rebattus – "Caldonia", "Mother Popcorn", "Release the Pressure" etc – sort ces jours-ci chez Universal. 2. Parce qu'on connait sa musique mais pas bien la vie de James Brown
On se doutait bien que James Brown, né en Géorgie au début des années 30, n'était pas né une cuillère en or dans la bouche. Mais on n'avait pas idée d'une enfance passée dans une misère aussi noire ni de l'abandon par ses parents, toutes choses qui forgèrent la carapace et la pugnacité à toute épreuve de cet autodidacte.
"Je me suis toujours débrouillé seul. Je fonce et je reste en vie", dit-il dans le film. Tate Taylor a pris le parti de ne pas raconter la vie de cette figure du XXe siècle de façon chronologique et linéaire. A l'aide d'un montage nerveux, il alterne les scènes de différentes périodes pour mieux prendre en tenaille les facettes du personnage et surtout montrer les racines de sa personnalité. 3. Parce que ce biopic explore aussi la part d'ombre de Mr Dynamite
"Qui a utilisé mes chiottes privées ?" braille James Brown dans la scène d'ouverture du film. Nous sommes en septembre 1988, dans un bâtiment de bureaux dont il est propriétaire à Augusta, en Géorgie. Furibard et visiblement défoncé au PCP, Mr Dynamite débarque, armé d'un fusil, en plein séminaire d'une compagnie d'assurances.
Cet aspect moins reluisant de sa personnalité, qui le conduira à passer deux ans derrière les barreaux, n'est pas le seul exposé dans le film. On découvre aussi qu'il était imbuvable avec ses musiciens, leur collant des amendes à tout bout de champ lorsqu'ils juraient ou omettaient de lui donner du "Mr Brown". C'était aussi un homme violent, arrêté plusieurs fois pour violences conjugales. Dans le film, on voit notamment le coup porté à sa femme Dee Dee jouée par la chanteuse Jill Scott. 4. Parce qu'on y apprend des tas de choses
On y découvre en particulier le rôle pivot qu'eut Bobby Byrd dans sa carrière et dans sa vie. Considéré comme un proche collaborateur de James Brown, à l'égal du saxophoniste Maceo Parker, ce chanteur et compositeur fut bien plus que ça. Il a non seulement découvert James Brown, à 17 ans, alors qu'il était derrière les barreaux pour le vol d'une veste, mais l'en a aussi fait sortir et lui a présenté son premier groupe, les Famous Flames. Bobby Byrd, incarné par Nelson Ellis (La Fayette dans la série "True Blood"), était la tempérance faite homme face à l'éruptivité de James et joua longtemps le rôle de tampon entre les humeurs irrascibles de Mr Dynamite et ses musiciens. Il veilla sur lui presque toute sa vie, avec une patience proche de l'héroïsme, car il était pour lui un génie.
On y apprend aussi que malgré son statut, James Brown était victime du racisme. Ce mal se fait sentir en filigrane, de façon subtile, tout au long du film. Chez King Records en 1955, le vieux patron blanc ne croit pas à son talent en écoutant "Please, Please, Please" et lâche, méprisant : "Où est le refrain ? Un nègre qui supplie ça ne suffit pas".
Plus tard, James Brown insista auprès de la Maison Blanche pour aller jouer pour les GI's au Vietnam - ce qui n'en fait pas un pro-guerre pour autant, il voulait juste divertir un peu les soldats américains. Là, à l'issue d'un vol périlleux et mouvementé, un colonel venu l'accueillir sur le tarmac lui donne pour consigne de ne jouer que 30 mn et se fait envoyer ballader. "On a essayé de tuer James Brown aujourd'hui. Tu veux entrer dans l'histoire comme l'homme qui a tué le funk ? Est-ce que je vous dis quand vous devez attaquer ? Est-ce que je vous dis que vous avez merdé à l'offensive du Tet ? Non ? Alors ne me dites pas de couper mon funk". Une scène réjouissante qui nous venge un peu de celle de King Records. 5. Parce qu'on y découvre un acteur prometteur en Chadwick Boseman
Choisir un jeune acteur plutôt qu'un habitué de Broadway rompu au chant et à la danse pour endosser le rôle charismatique de James Brown, était un pari risqué. Chadwick Boseman, qui incarnait le joueur de baseball Jackie Robinson dans "42, relève le défi.
Il est fantastique tout du long et parvient habilement à faire évoluer son personnage dans le temps, avec le petit coup de pouce des perruques – pas moins de 25 différentes arborées dans le film ! Il est surtout à la hauteur du showman explosif qu'était James Brown et parvient à s'approcher au plus près de sa gestuelle et de ses pas de danse, qui ont inspiré tant d'artistes, de Jagger à Michael Jackson ou Prince.
Il est particulièrement bluffant dans le T.A.M.I. show et, sur la fin, au concert de l'Olympia. A noter que dans toutes les scènes de concert, c'est la voix de James qu'on entend. Ce n'est celle de Boseman que dans les scènes chantées qui ne sont pas en concert (comme celle de la prison).
6. Parce que "Get On Up!" est co-produit par Mick Jagger
On savait que James Brown avait beaucoup inspiré Mick Jagger mais on ne savait pas à quel point. La scène du T.A.M.I. (Teenage Award Music International) Show, où les Rolling Stones se mesurèrent à James Brown en 1964, en donne la mesure. Les Rolling Stones, stars montantes, passaient en dernier, donc en tête d'affiche, de cette soirée. Ce n'était pas du goût de James Brown dont c'était la première grande télé nationale. Piqué au vif, il promet de "leur faire regretter d'avoir posé le pied aux Etats-Unis".
De part et d'autre, la tension est palpable. Lorsqu'ils voient depuis les coulisses la prestation de James, les Stones les ont à zéro. Jusqu'alors plutôt réservé devant son micro, Mick se surpasse ce soir là et tente d'imiter James : il inaugure pour l'occasion une gestuelle plus sportive que d'habitude, qui restera. Aujourd'hui, le chanteur des Stones admet sans honte s'être largement inspiré de son énergie, de sa présence et de sa manière de danser. On ne s'étonne pas de le retrouver en co-producteur de cette résurrection du soul brother. 7. Pour le clin d'oeil Dan Aykroyd
Il est réjouissant de retrouver cet acteur attachant dans le rôle de Ben Bart, le manager de James Brown. En tant que "Blues Brother", Dan Aykroyd avait en effet rencontré James Brown à l'occasion de ce film mythique de John Landis sorti en 1980. Le parrain de la soul y incarnait un prêtre gospel fiévreux haut en couleurs resté dans les mémoires. L'épisode ne figure pas dans "Get on Up" mais comme la note bleue dans le jazz, il y figure de façon subliminale grâce à la présence d'Aykroyd.
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