Funkindustry : quand six musiciens strasbourgeois découvrent qu'ils font groover une partie de l'Asie
Rencontre avec les musiciens strasbourgeois du groupe Funkindustry dont la musique est plébiscitée au Japon lors de battle de street dance.
A l'heure où la plupart des artistes sont privés de scène et de tournée, découvrir que sa musique est très prisée à l'autre bout de la terre, ça fait forcément du bien. C'est ce bonheur - d'autant plus grand qu'il est inattendu - que vivent les membres du groupe strasbourgeois Funkindustry.
Fin juillet, ils sont contactés par Yutaro Yoshihara, professeur de danse à Osaka au Japon. Il coache un groupe de jeunes filles qui souhaite utiliser un de leurs morceaux, le très très dansant Do it, pour une compétition de "locking" au Japon, le Dance Stadium, un concours interlycées.
Une musique faite pour le locking
A ce stade de la lecture, une précision s'impose : en anglais, "to lock" signifie "verrouiller". Le locking (ou lock) est une danse de club appartenant aux funk-styles. Cette danse a été inventée dans les années 70 par l'Américain Don Campbell qui "bloquait" sur certains mouvements que ses amis essayaient de lui apprendre. Pour reprendre la définition du site ladansehiphop.com, "c’est une danse festive qui se caractérise par des mouvements fluides et arrondis, très funky, associés à des arrêts pour surprendre le spectateur."
Ce style de danse est très populaire dans les pays d'Asie du sud-est, où le public est aussi fan de musique funk. Pour exemple, un groupe comme Jamiroquaï, avant d'être reconnu aux Etats-Unis, comptait déjà des milliers de fans au Japon.
De fil en aiguille, Funkindustry découvre que plusieurs artistes apprécient leurs compos à l'image du chorégraphe Pog Yuichi. Ayant découvert les titres du groupe via Apple Music, il a utilisé le single Do it sur une de ses vidéos publiée en décembre 2019. Contacté par le groupe français, il a confirmé que les morceaux de Funkindustry circulaient en Chine, en Corée du Sud, au Japon et à Taïwan, partagés par les danseurs de locking.
Voir que malgré ce qui se passe, la musique voyage quand même à l'extérieur de la France et de l'Europe, sans qu'on s'en rende compte, c'est gratifiant et ça fait vraiment plaisir.
NathanChanteur Funkindustry
Phase de prospection
Les musiciens français n'ont pas l'intention de demander quelques royalties que ce soit pour ces utilisations. En revanche, ils espèrent que cette notoriété inattendue leur facilite l'accès au marché asiatique, tout en sachant qu'avec les incertitudes liées au coronavirus, il ne faut pas s'emballer trop vite. "Là, on est au stade de la prospection" confie François-Xavier, le claviériste du groupe. "On contacte des tourneurs qui font des échanges entre la France et l'Asie. On est rentrés en contact avec les Alliances françaises... L'idée, c'est de lancer la machine."
Promouvoir le groove
L'aventure Funkindustry a commencé en 2014 avec à l'origine trois amis d'enfance, François-Xavier, claviériste, Jean-Mathieu à la basse et son frère Nathan à la guitare et à la voix. Le trio est devenu sextuor avec l'arrivée de Rémi au saxophone, David à la batterie et Cédric à la trompette. En 2017, Funkindustry sortait son premier album, Let's do It again. Un second opus éponyme est prévu pour avril 2021.
En 2019, Funkindustry a fait une prestation très remarquée sur la place Kléber, à Strasbourg, à l'occasion de la Fête de la musique. Le groupe est fait pour le live, avec une capacité à mettre de l'ambiance, à faire danser et à jouer avec le public. Ce soir là, Nathan le chanteur, s'était installé en bas de la scène, juste devant la foule, pour faire chanter le public.
Cette énergie et ce son grooove, Funkindustry entend bien les faire grandir au niveau local. Pour cela, le, le groupe a créé son propre label indépendant, Original Tape Records.
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