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Solange, la cadette de Beyoncé, a mis le feu à la pelouse de We Love Green 2017

De tous les noms de cette édition de We Love Green, c’est celui de Solange que nous attendions avec le plus d’impatience. Parce que le troisième album de la petite sœur de Beyoncé, "A Seat At The Table", est une merveille de néo-soul dont on ne se lasse pas depuis sa sortie fin septembre 2016. Et parce qu’on brûlait de voir enfin sur scène cette chanteuse singulière au caractère bien trempé.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La chanteuse Solange au festival We Love Green, le 10 juin 2017.
 (Sadaka Edmond / SIPA)

Scénographie solaire pour tempérament de feu

Une simple sphère géante, rouge, telle un soleil ou un ballon, est suspendue en fond de scène. Elle aimante les regards. Très graphique, la scénographie promet d’être la plus élégante de la journée de samedi à We Love Green.  Et elle l’est. Lorsque Solange débarque, entourée de six musiciens et deux choristes, tous sont vêtus comme elle d’un beau rouge qui claque. Rouge de colère ? Peut-être, tant la chanteuse est connue pour  ses prises de position ardentes et son tempérament fougueux (on se souvient de la façon dont elle avait frappé son beau-frère Jay Z dans un ascenseur il y a quelques années, un geste resté inexpliqué).
 
La cadette de Beyoncé, qui fêtera ses 31 ans dans quelques jours, a toujours cultivé sa différence et son indépendance (elle a monté son propre label) et refusé de rentrer dans le rang. Longtemps dans l’ombre, composant pour sa sœur et pour d’autres, elle s’est muée ces derniers temps en femme de combat. Sur son dernier album,  "A Seat at the table", elle manifeste de la plus belle des façons la fierté noire, la colère et le tourment de l’expérience afro-américaine, la doublant d’une prise de position féministe.

Pas de prêchi-prêcha chez elle. Mais une douleur, une inquiétude et une rage sourde emballées dans un R&B contemporain voluptueux et délicat, frottant la rondeur de la soul des origines à des arrangements modernes audacieux.
 

Solange et la choré de son groupe de scène sur "Junie" au festival We Love Green #wlg2017

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Voix claire et beauté sans artifice

Le concert démarre avec les trois premiers titres de cet album, "Rise", inspiré des affaires de bavures policières contre des Noirs à Ferguson et Baltimore, puis "Weary" et "Cranes in the sky". Sa voix limpide de soprano déjoue tous les pièges de ces chansons majestueuses mais ô combien casse-gueule. Nous voilà rassurés. Et déjà envoûtés par la présence solaire de ce feu follet magnétique.

Mais bon sang qu’elle est belle ! Sans aucun artifice, en pantalon et T-shirt à manches longues, le visage nimbé d’une phénoménale couronne de cheveux, elle irradie littéralement. Elle nous apprendra plus tard au micro que sa sobriété vestimentaire est involontaire : toutes ses tenues de scène ont été perdues entre deux avions. Pas de quoi la désarçonner. "Fuck that shit !" conclut-elle.

Gestuelle gracieuse et déhanché souple, elle s’acquitte avec un sourire de gamine des chorégraphies synchronisées en compagnie de ses musiciens et de ses choristes. Excellente danseuse capable de rivaliser avec toutes les stars du R&B, elle ne joue pas de ses charmes, refusant le petit jeu du sexy ostentatoire. Solange est une déesse arty. Son terrain à elle est celui de l’art avec un grand A. Elle entend être prise au sérieux mais n’en oublie ni le plaisir ni la joie.
Solange "Pas touche à mes cheveux", au festival We Love Green 2017.
 (Sadaka Edmond / SIPA)

La déesse ne trébuche que dans le rétro

Sur l’hymne "FUBU", un clin d’œil à une marque de vêtements qui est aussi un message d’autodétermination (For Us By Us) contre la réappropriation de la culture noire, elle s’asseoit en bord de scène puis glisse dans la foule, au contact. Elle en ressort manifestement galvanisée, heureuse de constater que le public connaît les paroles par cœur. Prêt, espère-t-elle, à écouter quelques uns de ses vieux morceaux ?

Pas sûr. Les tentatives de retour sur ses deux précédents albums, avec des titres comme "Some Things Never Seem to Fucking Work" (sur l'album "True " en 2013) ou "T.O .N.Y", (extrait de  son premier album "So Angel" en 2008) sont infructueuses et le charme menace de se rompre. Déjà, dans le public, rares sont ceux à connaître ces titres vieux de cinq à dix ans. Mais surtout, le formidable producteur Raphael Saadiq n’était pas alors aux manettes et cela fait une sacrée différence. Au mieux, Solange rappelle la pop de Janet Jackson, mais sans les refrains accrocheurs.

Heureusement, la belle retombe vite sur ses pieds en dédiant "Don’t Touch My Hair" (Ne touchez pas mes cheveux, un titre contre la fétichisation hypocrite des attributs de la féminité noire) à toutes les "black girls" du public. D’un mouvement de tête, Solange fait alors onduler comme une vague sa chevelure mousseuse, qui semble soudain dotée d’une vie propre. Pas touche. Douce et légère, cette chevelure là peut aussi mordre. 

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