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Tame Impala majestueux à Rock en Seine 2015

Tame Impala étaient au moins aussi attendus dimanche à Rock en Seine que les Libertines la veille sur la Grande Scène, le soufre et l'appréhension en moins. Kevin Parker et les siens ont été à la hauteur, donnant un concert sompteux, l’un des plus mémorables de cette édition.

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Kevin Parler (au centre) et Tame Impala, dimanche 30 août 2015 sur la Grande Scène de Rock en Seine.
 (BERTRAND GUAY / AFP)

Avec un son monumental, sculpté, clair et précis comme on aimerait en être gratifiés plus souvent en ce lieu, Kevin Parker et les siens envoient dès les premières minutes le magistral "Let it Happen", phare du tout nouvel album "Currents" sorti au coeur de l'été. On l'attendait et il l'ose : la séquence façon disque rayé placée au coeur du morceau, cette incongruité d’abord irritante durant les premières écoutes de l’album devenue si addictive qu'on la qualifie désormais de géniale.

Pas tout à fait les mêmes qu'il y a deux ans à Rock en Seine

Pieds nus, vêtu d'un T-shirt tie and die rose et d’un jean’s slim juste un peu troué au genou, l'Australien, chef de file du revival psychédélique ces dernières années, salue la foule et exprime sa joie d'être "de retour à Rock en Seine" où son groupe avait joué au même endroit il y a deux ans.

Sauf que ce n’est plus tout à fait le Tame Impala d’il y a deux ans : un tournant majeur a été pris entre temps par la formation. Avec "Currents", sorti le 17 juillet, le cerveau Kevin Parker s’éloigne des rives du psychédélisme tel qu’on le concevait dans les sixties et les seventies pour aborder des rivages beaucoup plus pop et modernes, où les guitares ont été remplacées par les claviers.

Restait à savoir comment le groupe, qui est celui d’un seul homme en studio (Parker, donc) allait réussir à transposer sur scène cette rénovation et ces nouvelles chansons poupées russes pleines de détours et de surprises, qui rappellent autant Pink Floyd que Air.

  (Olivier Flandin)

En balade dans le cosmos

Et bien, ils le transposent magnifiquement. Alors que le soleil se couche sur Rock en Seine, le groupe nous emmène en balade dans le cosmos, à l’abri de la fureur du monde, quelque part où rien ne peut nous atteindre, avec des pépites comme "Eventually", "The Less I know the better" ou "Cause I’m a Man". C’est doux, c'est magnétique, c'est dansant et c’est d’une précision sonore absolue. Magique, à l’instar du solaire "Currents", qui restera pour beaucoup comme l’album de l’été 2015.

Mais les guitares reprennent régulièrement du service car la setlist fait aussi la part belle à son album précédent, "Lonerism", avec des killers comme le très Beatles "Mind Mischief" et le monumental "Elephant".

  (Olivier Flandin)

La grâce de Kevin Parker

Kevin Parker n’est pas ce qu’on peut appeler une bête de scène. Souriant, extrêmement à l’aise, il n’est pas très démonstratif mais ce soir on remarque surtout sa grâce et sa surprenante gestuelle de jeune fille en accord avec sa voix, juvénile et haut perchée.

Derrière le velours, on sent aussi que cet obsessionnel du son mène d’une main ferme ses quatre musiciens. Bien qu'ils vivent désormais chacun à l'autre bout de la planète, ils sont soudés. Tout du long, ils vont réussir la gageure d’offrir un concert à la fois puissant, frais et rêveur, avec une maîtrise absolue.

"Chaque fois que je reviens à Paris, c’est juste un endroit spécial pour moi. Prêts pour les Chemical Brothers ?" demande-t-il avant d’annoncer le dernier titre, "Apocalypse Dreams", mettant la foule en liesse. On savoure notre plaisir jusqu’au bout. Dans notre bulle, captivés par cette dentelle sonore, on n’y est plus pour personne. Qui pourrait rivaliser après ça ? Rendez-vous le 31 janvier prochain au Zénith.

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