Shame, Joey Purp, Acid Arab ou Robbing Millions : 5 nouveaux noms à découvrir au Pitchfork Festival 2016
SHAME
Qui ? On ignore presque encore tout d'eux, ils viennent à peine d'éclore, n'ont rien sorti encore, mais on sait déjà que le rock de ces cinq jeunes "lads" (19 ans de moyenne d'âge) originaires de Brixton (banlieue du sud de Londres) voisins de salle de répét' des dingos de Fat White Family, va bientôt cramer un paquet de cerveaux et remettre de l'huile dans les rouages de bien des guiboles.
Pourquoi on les attend ? Les quelques vidéos glânées sur internet, y compris leur toute récente session à BBC6, nous ont filé les frissons direct et donné de fols espoirs. On entrevoit à travers Shame un retour d'un punk-rock aussi flamboyant que Clash, aussi teigneux que The Fall, aussi fiévreux que le Gun Club. Du rock sans compromis, rageur mais stylé, mélodique et capable de subtilité, avec un chanteur à la fois cérébral et gouailleur. On a compris surtout qu'à force d'écumer les rades anglais et européens depuis deux ans, Shame s'y entend à mettre un public à genoux. Pitchfork, qui sera la plus grande salle où ils auront joué jusque là, s'annonce comme une épreuve. Parce qu'ils passent trop tôt dans la soirée et que la bière et la promiscuité leur feront pour une fois méchamment défaut. Quoi qu'il en soit vous nous trouverez au premier rang.
Quand ? Samedi 19 octobre à 19h45
A suivre en streaming Live sur Culturebox
JOEY PURP
Quoi ? Du rap surdoué de Chicago
Qui ? Membre du Savemoney Crew de Chance The Rapper avec lequel il a sorti récemment le réjouissant single "Girls", Joey Purp a publié en juin, à 22 ans, un premier album (une mixtape de 11 titres) qui l'impose déjà comme une voix indispensable du rap actuel.
Pourquoi on l'attend ? Parce qu'à l'écoute de "IiiDrops" on comprend immédiatement que la relève est là (Kanye recouche-toi). Joey Purp sait à peu près tout faire. Le flow, il l'a. La profondeur aussi. Sur des beats enlevés, parfois même euphoriques, il raconte la violence à laquelle il a été exposé dès l'enfance ("Cornerstore", "Morning Sex") . Il sait aussi faire preuve de légèreté, avec un badinage de clubber roué sur "Say You Do" dont le beat semble tout droit sorti de la fabrique The Neptunes et sur le sautillant "Girls" qui a su nous harponner le premier.
Quand ? Samedi 29 octobre à 17h30
ACID ARAB
Quoi ? Un dialogue fécond entre électronique et musiques orientales
Qui ? Au départ ils étaient deux DJ's, Hervé Carvalho et Guido Minisky, fous de house music réunis par l'amour des musiques orientales. Une compilation (Acid Arab Collections) présentant le meilleur des deux mondes plus tard, ce duo d'électronique français se met à la production et passe à quatre, avec Pierrot Casanova et Nicolas Borne en renfort.
Pourquoi on l'attend ? Fruit de cette évolution, le premier album d'Acid Arab, "Musique de France", vient de sortir début octobre. La musique chaâbi algérienne s'y mêle sensuellement à des beats trap, la TB303 au luth turc ou aux claviers syriens (ceux de Rizan Saïd repéré chez Omar Souleyman) et les sonorités techno à des voix arabes, dont celle de Rachid Taha, génialement expressif sur "Houria" (on dirait du Suicide). "On ne fait pas de la musique arabe, ces musiques sont en France depuis toujours", explique Guido dans Tsugi magazine au sujet du titre politique de ce manifeste musical. Dans le climat actuel, Acid Arab fait du bien. A la tête comme aux hanches.
Quand ? Samedi 29 octobre à 00h35
ROBBING MILLIONS
Quoi ? De la pop équilibriste belge
Qui ? Après deux EP en guise de préambule, ces cinq Bruxellois emmenés par les deux amis d'enfance Lucien (guitares voix) et Gaspard (voix), viennent de sortir leur premier album. Un drôle d'OVNI de pop psychédélique.
Pourquoi on les attend ?
Parce qu'ils sont assez inclassables justement et plein d'audace, les Robbing Millions intriguent. Leur mélange équilibriste et touffu, reflet disent-ils du "mélange composite" de leur ville natale, semble toujours retomber sur ses pattes comme par miracle. C'est joueur, drôle et léger comme une bulle de savon mais capable aussi de gravité. C'est décomplexé, un peu siphonné mais plutôt abouti. Leurs clips soignés, signés d'une très talentueuse Bilou, sont la meilleure porte d'entrée dans leur univers. Ca sent la déconne studieuse, la folie douce mariée à la rigueur. Très belge, au fond.
Quand ? Mercredi 26 octobre à 19h30 au Café de la Danse dans le cadre des "Avant-Garde" du festival
MINOR VICTORIES
Quoi ? De la coldwave trempée au shoegaze
Qui ? Voilà ce qu'on appelle un supergroupe. Minor Victories réunit en effet des musiciens officiant dans quatre formations différentes : Slowdive (la chanteuse Rachel Goswell), Mogwai (le guitariste et éminence grise Stuart Braithwhite), Editors (le guitariste Justin Lockey) et Hand Held Cine Club (le bassiste et vidéaste James Lockey).
Pourquoi on l'attend ? Cette nouvelle entité, manifestement créée par pur plaisir, a sorti un premier album en juin. Un dix titres conçu à distance (chacun étant soit en tournée soit en studio avec son groupe respectif, le quatuor a travaillé via internet) et pourtant habité. Propulsés par des rythmiques puissantes et des guitares furibardes, les morceaux doivent surtout leur grâce à la voix éthérée de l'ensorceleuse Rachel Goswell et à des parties de cordes fragiles. Un mélange tourmenté de shoegaze et de coldwave qu'on imagine bien subjuguer La Villette.
Quand ? Samedi 29 octobre à 20h35
Le Festival Pitchfork parisien 2016 se déroule à La Grande halle de La Villette les 27, 28 et 29 octobre 2016.
En préambule, deux soirées "Avant-Garde" dédiées aux jeunes pousses programment une quarantaine d'artistes dans plusieurs petites salles du quartier de la Bastille : Le Café de la Danse, Le Badaboum, La Mécanique Ondulatoire, Le Supersonic, La Loge, Pop-Up du Label et le Café de la Presse.
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