Rachid Taha revient avec le rock épicé de "Zoom"
Entouré d'un casting de luxe qui comprend Brian Eno, l'ancien Clash Mick Jones et Rodophe Burger, "Zoom" est l'album le plus rock de Taha depuis Carte de Séjour après une période d'explorations techno. Produit par le musicien Anglais Justin Adams, guitariste de Robert Plant (Led Zep) et mordu de sonorités africaines, ce disque est réjouissant de bout en bout. Il nous entraîne dans une joyeuse sarabande colorée, où les cordes dominent, qu'elles soient issues de l'Americana ou de la tradition arabe.
Les noces de l'oud et de la guitare
Le ton est donné dès le titre d'ouverture avec le folk "Wesh (N'Amal)" où le luth arabe de Hakim Hamadouche s'enroule amoureusement autour de la guitare country du producteur Justin Adams. Suit "Zoom sur Oum", un poème signé Jean Fauque (parolier notamment de Bashung) sur un écrin de samples d'Oum Kalsoum et un beat envoûtant à la Massive Attack (on pense au beat du "Status" de Billy Cobham utilisé dans "Safe From Harm").
Sur "Now or Never" d'Elvis, adaptation très personnelle de "O Sole Mio" en duo avec Jeanne Added, Taha mêle l'anglais et l'arabe, l'oud et les guitares, et nous emporte dans un tourbillon entêtant de derviche tourneur. Par le simple truchement de la réverb country d'une six cordes, "Galbi' nous précipite sur l'écran d'un western en babouches. La seconde d'après, nous voilà dans une scène sévillane en rouge et noir grâce à "Algerian Tango", un tango version dub orné de la voix chaude de Mick Jones.
Rachid Taha le franc-tireur n'a toujours pas la langue dans sa poche. "Les Artistes", sur une base de rock fifties, a beau être chanté en arabe, les petits cailloux de français et d'anglais qu'il y sème - "visa", "passeport", "carte bleue", "Kurt Cobain", "no cadillac", "no maison", "I'm nothing baby", "walhoo" - parviennent comme par enchantement à nous en communiquer en pointillé tout l'esprit rebelle. Le sel de l'humour en prime.
"Jamila" est de l'aveu même du chanteur, la soeur jumelle de l'impérissable "Zoubida" de Carte de Séjour, cette jeune arabe qui refusait le mariage arrangé et réclamait son indépendance dans les années 80. Zoubida a grandi mais les mots sont les mêmes car sa lutte n'a pas changé. "Elle revit la même chose, la même rebellion contre le machisme dans la société".
Mais dans le genre brûlot, c'est la reprise de son "Voilà Voilà" (sorti en 1993) cette fois avec Mick Jones, Femi Kuti, Camelia Jordana et Eric Cantona, qui emporte le morceau. Trente ans tout juste après "Rock the Casbah" que le jeune Rachid Taha avait inspiré à Clash, entendre Mick Jones chanter les simples mots "voilà voilà, it started again" en sa compagnie fait chaud au coeur. Face à la montée de la xénophobie, cette nouvelle version entêtante reste un rempart galvanisant contre toutes les intolérances. Rachid Taha est en concert le 16 mai à Paris (Trianon), le 17 mai à Allones, le 19 mai à St laurent des Cuves, le 2 juin à Neuchatel (Suisse), le 15 juin à Carcassonne, le 21 juin à Villeurbanne, le 6 août à Sète...
Son album "Zoom" (Naïve) est sorti le 25 mars 2013
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