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Que vaut l'expo Bowie ? 10 enseignements et anecdotes

Le Victor & Albert Museum de Londres consacre depuis samedi et jusqu'au 11 août une vaste rétrospective au musicien et icône culturelle David Bowie. Cette exposition est-elle réussite ? Et qu'y apprend-on ? Nous n'y avons pas encore mis les pieds, mais nous avons glané 10 détails intéressants auprès des premiers visiteurs.
Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'exposition au Victor & Albert Museum vise aussi juste que l'Archer Bowie de la tournée "Station to Station".
 (John Robert Rowlands)
1 . Bowie est un maniaque de l'archivage
On savait que Bowie contrôlait étroitement tous les aspects de son travail, et en particulier son image, bien au-delà de la musique. Mais on n'imaginait pas qu'il était aussi conservateur : c'est bien simple, il a tout gardé pendant quarante ans ! Du costume dans lequel il est apparut à Top of the Pops le 6 juillet 1972 à la moindre note manuscrite. Il faisait d'ailleurs appel à un archiviste particulier. Pour l'exposition, le musée dit avoir été libre de choisir absolument ce qu'il voulait dans cette caverne d'Ali Baba. A la seule condition que Bowie ne soit sollicité ou investit d'aucune façon. Du coup, les organisateurs affirment qu'ils ne l'ont pas rencontré. Et qu'ils n'ont jamais parlé avec lui.
"David Bowie Is", la rétrospective au Victor & Albert Museum.
 (Tony Kyriacou / Rex Features)
2. Concrètement, comment se déroule le parcours ?
L'exposition se présente sous forme de déambulation dans l'histoire de l'artiste, né en janvier 1947 dans le quartier londonien défavorisé de Brixton (sud). Les visiteurs sont guidés par ses tubes, tels que "Space oddity" ou "Heroes", et les commentaires de Bowie sont distillés dans les casques individuels en fonction des objets présentés et du passage d'une salle à l'autre. Des vidéos de concerts sont également projetées sur les murs d'une des salles, tandis qu'une autre pièce dévoile les années berlinoises, à la fin des années 70, pendant lesquelles l'artiste s'était remis de sa toxicomanie et avait créé le personnage emblématique du Thin White Duke. Les visiteurs peuvent également écouter les extraits des chansons de son dernier album "The Next Day" qui se classait une semaine après sa sortie en tête des ventes au Royaume-Uni, avec plus de 94.000 copies écoulées.
Une salle de l'expo "David Bowie is"
 (Tony Kyriacou / Rex Features)
3. Les tenues sont la grande affaire de cette exposition.
Il y en a une soixantaine, toutes plus extravagantes les unes que les autres, du fameux bodysuit de Yamamoto pour la tournée Aladdin Sane, au costume de Pierrot de Ashes to Ashes,  en passant par celui qu’il portait en 1975 aux Grammy Awards, avec un costume noir à revers blancs, nœud papillon blanc et chapeau mou. Certains de ces costumes sont  exposés à côté des dessins originaux de David Bowie, preuve qu'il maîtrisait toute la chaîne créative et artistique de ses différentes incarnations. Dans les années 70, commentant ses tenues de scène flamboyantes, il expliquait à un reporter "Je suis la dernière personne à prétendre être une radio. Je préfère être une télé en couleur." L'humour en plus !
Bowie aux Grammy Awards en 1975 en compagnie Art Garfunkel, Paul Simon, Yoko Ono, John Lennon et Roberta Flack.
 (Stephen Morley /REX/SIPA)
4. Un dandy précurseur, oui, mais pas un passionné de mode.
Cette rétrospective, pleine de vêtements qui ont marqué l'histoire, est une aubaine pour les amateurs de mode. Pourtant, si Bowie a écrit le tube "Fashion", il a toujours dit qu'il n'était pas interessé par la mode. Ce qu'il voulait, c'était être en adéquation visuelle avec sa musique. De fait, aiguillon à l'avant-garde, il n'a jamais suivi la mode mais l'a toujours précédée. Aujourd'hui comme hier, l'artiste caméléon est une source d'inspiration inépuisable pour les créateurs, dont Hedi Slimane (Dior) et Phoebe Philo (Chloé, Céline), comme pour le grand public. Gaffe à ne pas dépenser tous vos euros dans des excentricités à l'anglaise en sortant du musée.
Le costume de Pierrot somptueux que portait Bowie dans le clip de "Ashes to Ashes" est exposé.
 (Jon Furniss/AP/SIPA)
5. Bowie écrivait tout le temps et l'expo fourmille de manuscrits
Cette exposition fourmille de détails et de l'avis général il est difficile d'en faire vraiment le tour en une fois. On y voit en particulier une foule de manuscrits. Bowie écrivait beaucoup. Et il a tout gardé ! Il y a bien sûr les paroles de chansons, dont certaines phrases n'ont pas été conservées dans la version finale. Telle ce "You love like a bomb/You smell like a ghost" sur Station to Station. On peut lire aussi les notes manuscrites accompagnant ses costumes comme cette injonction : "Il doit être facile à mettre et à enlever". Et puis, il y a les notes prises durant les enregistrements. Pendant les sessions de "Young Americans", Bowie demandait ainsi explicitement à son producteur Tony Visconti de "revenir à 1969".
Bowie au Zénith de Paris pour tournée Young Americans en 1979. 
 (VILLARD/SIPA)
6. Bowie était déjà un chevelu avant de cultiver l'androgynie
A 17 ans, Bowie était un de ces chevelus mal vus des gens convenables. Il avait créé la Societé pour la prévention des cruautés sur les hommes aux cheveux longs. Plus tard, il aimait s'habiller en femme. Lors de son premier voyage aux Etats-Unis, cela lui valut de se faire refuser l'entrée d'un restaurant de Los Angeles qui ne tolérait pas les drag queens.
Le Bowie chevelu de 1964, à 17 ans.
 (Dezo Hoffmann/ Rex Fea/REX/SIPA)
7. Où est passé le sexe du chien de Diamond Dogs ?
Sur l'oeuvre originale de la pochette de Diamond Dogs, signée de l'illustrateur belge Guy Peelaert, la créature mi-Bowie mi-chien était dotée d'un magnifique service trois pièces. Mais il a a disparu de la pochette pour les raisons qu'on imagine. Aujourd'hui, on peut admirer l'oeuvre originale à l'exposition. Dans toute son intégrité. On peut aussi y voir un portrait de Iggy Pop par Bowie. Qui se révèle bon peintre, dans le style Bacon.
La pochette de Diamond Dogs (1974) signée Guy Pellaert.
 (RCA)
8. La marionnette de "Where Are We Now?" vous regarde
L'étrange marionnette bicéphale qui apparaît dans le clip du premier single de son album, "Where Are We Now ?", dévoilé le jour de son 66e anniversaire, fait partie des objets présentés. Et apparemment, elle flanque la frousse. Au moins autant que dans ce clip étrange. La présence de cet objet pose par ailleurs question : doit-on croire les organisateurs de l'expo lorsqu'ils affirment qu'ils ne savaient absolument pas qu'un album sortait en 2013 ?
L'étrange marionnette du clip "Where Are We Now ?" de David Bowie.
 (Columbia)
9. Mark Chapman au coin de la rue, on l'a échappé belle !
Selon le NME, on apprend au détour de l'exposition que Mark Chapman, le meurtrier de John Lennon, avait acheté des billets pour aller voir le show dans lequel Bowie jouait à l'époque sur Broadway. Il devait aller voir ce "Elephant Man", dans lequel Bowie incarnait John Merrick, à New York le lendemain de l'assassinat de l'ancien Beatles le 8 décembre 1980. Brrr !
 
David Bowie joue "Elephant Man" sur Broadway (New York) en 1980.
 (DR)
10. Si vous comptez y aller, ne traînez pas
Cette exposition est d'ores et déjà un succès. Le Victor & Albert Museum, prestigieux musée d'art et de design créé en 1852, n'avait jamais vendu de billets aussi rapidement de toute son existence. Deux jours avant l'ouverture des portes samedi, il s'en était déjà vendu 50.000 en prévente. Et mardi 26 mars, la billetterie affichait déjà complet pour les mois de mars, avril, mai et juin. Bref, si vous voulez y aller, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Sauf si vous voulez patienter jusqu'à 2015, où l'expo devrait atterrir à Paris.

Exposition "David Bowie Is"
Du 23 Mars au 11 août  2013
Victoria and Albert Museum
Cromwell Road, London SW7 2RL
Station : South Kensington

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