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Limiñanas à Rock en Seine : “Nos concerts sont des numéros très fragiles”
Véritable coup de coeur de la première journée de Rock en Seine, Limiñanas a signé un concert d’une belle énergie avec beaucoup de chaleur et d’engagement. Nous en avons profité pour rencontrer Lionel et Marie, les leaders de cette formation singulière. Histoire de comprendre aussi comment ce couple et ses musiciens sont devenus le groupe de rock français le plus en vu du moment.
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Ce concert était un peu le lot de consolation des amateurs de rock frustrés par la programmation de la première journée de Rock en Seine. Dans le contexte particulier d’un parc de Saint Cloud à moitié vide - voir notre article sur la bataille des festivals parisiens - , ceux qui n’ont pas cédé à la tentation d’aller voir le phénomène Die Antwoord au même moment sur la grande scène, ne l’ont pas regretté.
Des riffs brûlants, une guitare phosphorescente psychédélique, une rythmique de transe, un homme d’une élégance surannée qui danse seul en fond de scène, une reprise incandescente de "Gloria" : voici quelques ingrédients de la recette d’un bon concert de Limiñanas.
Emmanuelle Seigner a même fait une apparition surprise au moment du titre “Shadow People” qu’elle chante sur leur dernier album. Les invitations de ce genre sont au coeur du projet du groupe comme nous l’ont expliqué Lionel et Marie un peu plus tôt dans l’après midi.
Votre dernier album “Shadow people” propose de belles collaborations avec d’autres musiciens (Emmanuelle Seigner, Anton Newcombe, Bertrand Belin, Peter Hook). Quelle est l’importance des rencontres dans votre carrière et dans votre façon de faire de la musique ?
Lionel : Notre groupe vient d’une rencontre, celle avec Pascal Comelade qui a participé à nos deux premiers albums. Il m’avait au départ invité à enregistrer des guitares sur un disque ("A Freak Serenade"). Je m’attendais à jouer avec un groupe mais il était seul avec l’ingénieur du son. J’avais trouvé ça étonnant d'enregistrer mes parties de guitare ainsi car je venais d’un milieu garage rock ultra codifié, habitué à jouer en groupe. Cela m’a vraiment ouvert l’esprit. Je me suis dit que c’était un moyen de contourner le problème des groupes qui se cassent la gueule à cause de l’un ou l’autre qui ne peut plus ou que ne veut plus jouer. C’est un moyen de contrôler le process de A à Z.
Vous avez connu de nombreuses expériences musicales avant le succès de Limiñanas. Comment expliquer que c’est cette formation, basée autour d’un couple, qui a fonctionné ?
C’est justement parce qu’on a renoncé au process démocratique du groupe classique. On a décidé de faire la musique qu’on voulait produire réellement, tous les deux, comme on veut, et à notre rythme. On est de gros bosseurs (rires). On adore répéter et passer beaucoup de temps en studio à la maison.
Quand vous travaillez vos nouveaux morceaux chez vous du côté de Perpignan, êtes-vous du genre à tout ficeler ou laissez-vous un peu de liberté pour les musiciens invités ?
Il y a toujours un peu de frustration à laisser de d’air dans la musique mais on est obligés de le faire. Quand on a bossé pour la première fois avec Peter Hook (bassiste de New Order), on a fait de la musique par mails en s’envoyant des pistes enregistrées. Marie m’avait encouragé à envoyer des versions très simples et sobres pour lui laisser la place d'intervenir. Et ça a fonctionné : il a fait plusieurs pistes de basses, plein de choeurs, et au final beaucoup plus de boulot qu’on pensait au départ !
Reportage dans les coulisses du concert de Liminanas à Rock en Seine
Anton Newcombe de Brian Jonestown Massacre qui produit votre dernier album est entré en contact avec vous par le biais de Twitter avant de travailler avec vous. A vos débuts, vous avez étés repérés par des labels américains via MySpace... C’est un passage obligé, les réseaux sociaux, pour la réussite d'un groupe aujourd'hui ?
Je crois que ce qui est vraiment important c’est d'abord de faire des choses. On peut ensuite les partager. Si on peut donner un conseil à un jeune groupe, c’est d’abord qu’il ne se soucie pas que ça marche. Il faut faire de la musique pour soi d’abord, être fier de ce qu’on fait et ne faire aucune concession. Au début on s’est fait critiquer parce qu’on aimait à la fois la New wave anglaise et les Cramps, ce qui était inconcevable pour les puristes de l’époque. Il ne faut écouter personne et d’abord faire sa propre musique. Les réseaux sociaux peuvent ensuite devenir un allié important. Mais nous, on est un peu crétins en la matière (rires). Le tweet d’Anton Newcombe, c’est un copain journaliste du Monde qui nous en a parlé , on ne l’avait même pas vu !
Une petit question “batterie” pour Marie : pourquoi n’utilisez vous pas de charleston ni aucune cymbale sur scène ?
Marie : C’est uniquement pour le son, pour laisser de la place à tous les petits instruments qu’il y a à côté. Dans notre groupe, le tambourin est hyper important. Si on met des cymbales on n'entend plus rien ! Ni le tambourin, ni les petits pianos. Et puis ça permet aussi de rester dans une sorte de transe tribale tout au long du set.
Comment travaillez-vous vos textes ? Vos thèmes sont très larges. Vous êtes capables de faire une chanson sur une pédale d’effet fuzz pour ou sur une simple recette de cuisine...
Lionel : Pour la recette de cuisine, on n'a rien inventé, c’est la recette des Migas de ma Grand mère . Je vous conseille de retrouver le 45 tours ! Si vous appliquez les paroles à la lettre, vous aurez votre repas du midi. Parce que c’est pas un truc à manger le soir, c’est trop lourd (rires). C’est de la semoule frite dans de la graisse de charcuterie espagnole ! Les textes, c’est ce qui nous nous demande le plus de boulot. Le choix d’écrire en français ne facilite pas les choses. On peut vite être ridicule quand c’est mal écrit. Je signe la plupart des textes, mon grand frère Serge en propose aussi de temps en temps...Et puis il y a Bertrand Belin, qui a écrit “Dimanche” sur notre dernier album que j’aime vraiment beaucoup. C’est un auteur qui a une façon unique de raconter les histoires. J’encourage tout le monde à écouter ses disques et à le voir en concert !
Lors de cette tournée, vous jouez dans toutes sortes de salles et de gros festivals de l’été comme ici à Rock en Seine. Comment vous adaptez-vous à ces différentes ambiances ?
Nous avons beaucoup travaillé sur la setlist, qu’on adapte simplement suivant la durée qu’on nous accorde. Nos concerts sont des numéros très fragiles car très electriques et on est sept sur scène. C’est de la musique répétitive basée sur des riffs joués parfois en boucles et si l'un de nous à une galère sur scène, ça compromet tout ! On est vraiment reconnaissants envers nos copains qui tournent avec nous depuis très longtemps. Ils nous ont suivis dans nos galères quand le groupe n'intéressait personne. C’est vraiment cool pour nous tous d’avoir cette reconnaissance du public aujourd’hui.
Les photos du concert de Limiñanas à Rock en Seine
Des riffs brûlants, une guitare phosphorescente psychédélique, une rythmique de transe, un homme d’une élégance surannée qui danse seul en fond de scène, une reprise incandescente de "Gloria" : voici quelques ingrédients de la recette d’un bon concert de Limiñanas.
Emmanuelle Seigner a même fait une apparition surprise au moment du titre “Shadow People” qu’elle chante sur leur dernier album. Les invitations de ce genre sont au coeur du projet du groupe comme nous l’ont expliqué Lionel et Marie un peu plus tôt dans l’après midi.
Votre dernier album “Shadow people” propose de belles collaborations avec d’autres musiciens (Emmanuelle Seigner, Anton Newcombe, Bertrand Belin, Peter Hook). Quelle est l’importance des rencontres dans votre carrière et dans votre façon de faire de la musique ?
Lionel : Notre groupe vient d’une rencontre, celle avec Pascal Comelade qui a participé à nos deux premiers albums. Il m’avait au départ invité à enregistrer des guitares sur un disque ("A Freak Serenade"). Je m’attendais à jouer avec un groupe mais il était seul avec l’ingénieur du son. J’avais trouvé ça étonnant d'enregistrer mes parties de guitare ainsi car je venais d’un milieu garage rock ultra codifié, habitué à jouer en groupe. Cela m’a vraiment ouvert l’esprit. Je me suis dit que c’était un moyen de contourner le problème des groupes qui se cassent la gueule à cause de l’un ou l’autre qui ne peut plus ou que ne veut plus jouer. C’est un moyen de contrôler le process de A à Z.
Vous avez connu de nombreuses expériences musicales avant le succès de Limiñanas. Comment expliquer que c’est cette formation, basée autour d’un couple, qui a fonctionné ?
C’est justement parce qu’on a renoncé au process démocratique du groupe classique. On a décidé de faire la musique qu’on voulait produire réellement, tous les deux, comme on veut, et à notre rythme. On est de gros bosseurs (rires). On adore répéter et passer beaucoup de temps en studio à la maison.
Quand vous travaillez vos nouveaux morceaux chez vous du côté de Perpignan, êtes-vous du genre à tout ficeler ou laissez-vous un peu de liberté pour les musiciens invités ?
Il y a toujours un peu de frustration à laisser de d’air dans la musique mais on est obligés de le faire. Quand on a bossé pour la première fois avec Peter Hook (bassiste de New Order), on a fait de la musique par mails en s’envoyant des pistes enregistrées. Marie m’avait encouragé à envoyer des versions très simples et sobres pour lui laisser la place d'intervenir. Et ça a fonctionné : il a fait plusieurs pistes de basses, plein de choeurs, et au final beaucoup plus de boulot qu’on pensait au départ !
Reportage dans les coulisses du concert de Liminanas à Rock en Seine
Anton Newcombe de Brian Jonestown Massacre qui produit votre dernier album est entré en contact avec vous par le biais de Twitter avant de travailler avec vous. A vos débuts, vous avez étés repérés par des labels américains via MySpace... C’est un passage obligé, les réseaux sociaux, pour la réussite d'un groupe aujourd'hui ?
Je crois que ce qui est vraiment important c’est d'abord de faire des choses. On peut ensuite les partager. Si on peut donner un conseil à un jeune groupe, c’est d’abord qu’il ne se soucie pas que ça marche. Il faut faire de la musique pour soi d’abord, être fier de ce qu’on fait et ne faire aucune concession. Au début on s’est fait critiquer parce qu’on aimait à la fois la New wave anglaise et les Cramps, ce qui était inconcevable pour les puristes de l’époque. Il ne faut écouter personne et d’abord faire sa propre musique. Les réseaux sociaux peuvent ensuite devenir un allié important. Mais nous, on est un peu crétins en la matière (rires). Le tweet d’Anton Newcombe, c’est un copain journaliste du Monde qui nous en a parlé , on ne l’avait même pas vu !
Une petit question “batterie” pour Marie : pourquoi n’utilisez vous pas de charleston ni aucune cymbale sur scène ?
Marie : C’est uniquement pour le son, pour laisser de la place à tous les petits instruments qu’il y a à côté. Dans notre groupe, le tambourin est hyper important. Si on met des cymbales on n'entend plus rien ! Ni le tambourin, ni les petits pianos. Et puis ça permet aussi de rester dans une sorte de transe tribale tout au long du set.
Comment travaillez-vous vos textes ? Vos thèmes sont très larges. Vous êtes capables de faire une chanson sur une pédale d’effet fuzz pour ou sur une simple recette de cuisine...
Lionel : Pour la recette de cuisine, on n'a rien inventé, c’est la recette des Migas de ma Grand mère . Je vous conseille de retrouver le 45 tours ! Si vous appliquez les paroles à la lettre, vous aurez votre repas du midi. Parce que c’est pas un truc à manger le soir, c’est trop lourd (rires). C’est de la semoule frite dans de la graisse de charcuterie espagnole ! Les textes, c’est ce qui nous nous demande le plus de boulot. Le choix d’écrire en français ne facilite pas les choses. On peut vite être ridicule quand c’est mal écrit. Je signe la plupart des textes, mon grand frère Serge en propose aussi de temps en temps...Et puis il y a Bertrand Belin, qui a écrit “Dimanche” sur notre dernier album que j’aime vraiment beaucoup. C’est un auteur qui a une façon unique de raconter les histoires. J’encourage tout le monde à écouter ses disques et à le voir en concert !
Lors de cette tournée, vous jouez dans toutes sortes de salles et de gros festivals de l’été comme ici à Rock en Seine. Comment vous adaptez-vous à ces différentes ambiances ?
Nous avons beaucoup travaillé sur la setlist, qu’on adapte simplement suivant la durée qu’on nous accorde. Nos concerts sont des numéros très fragiles car très electriques et on est sept sur scène. C’est de la musique répétitive basée sur des riffs joués parfois en boucles et si l'un de nous à une galère sur scène, ça compromet tout ! On est vraiment reconnaissants envers nos copains qui tournent avec nous depuis très longtemps. Ils nous ont suivis dans nos galères quand le groupe n'intéressait personne. C’est vraiment cool pour nous tous d’avoir cette reconnaissance du public aujourd’hui.
Les photos du concert de Limiñanas à Rock en Seine
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