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Les Rolling Stones dans les 70's : 15 clichés commentés signés Dominic Lamblin

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Durant 20 ans, Dominic Lamblin a été l'interlocuteur privilégié des Rolling Stones en France. Sur scène ou sur les tournages, il a pris quelques photos. Des clichés saisis dans l'intimité du groupe au naturel, loin des poses étudiées. La galerie parisienne Blumann expose jusqu'au 5 mai quelques dizaines de ces instantanés réalisés entre 1970 et 1975. En voici un aperçu, commenté par l'auteur.

Reportage : Jean-Claude Desjacques, Pascale Sorgues, Olivier Badin et Roma CarlesCMS-ContentHasMedia_ 

"J'ai connu les Rolling Stones à ce moment-là", raconte Dominique Lamblin, à gauche sur la photo. Il avait 19 ans. Decca l'avait missionné pour s'occuper de cette bande de "jeunes chevelus".  "Sur cette photo en noir et blanc, je suis en costume-cravate mais il faut savoir que la chemise est rose et orange quand même, je suis rock'n'roll, raccord avec le groupe. Là, ils ont déjà fait une première tournée aux Etats-Unis qui ne s'est pas très très bien passée mais leur premier album commence à très bien marcher. En fait, ils sont à la veille d'exploser."
 (Archives Dominic Lamblin)
Brian Jones ? "Je l'adorais. C'était un musicien extraordinaire. Ca pouvait être un salopard, c'est sûr, mais il était surtout totalement schizophrène", se souvient Dominic. "Il ne faut pas oublier que c’était lui, le leader du groupe, les deux premières années. Après, il a perdu le contrôle, il est tombé dans la dope et les excès", se désole son admirateur.
 (Archives Dominic Lamblin)
"Là c'est à Lyon, j'avais vraiment une place privilégiée. On a du mal à être plus près d'eux, je suis sur la scène à 2-3 mètres du groupe. 
 (Dominic Lamblin)
"Là c'est à Paris et je suis sur scène. En tant qu'interlocuteur numéro des Stones en France côté business, Mick Jagger est celui que j'ai le plus vu durant les années 70. Mais aujourd'hui que je ne travaille plus pour eux, ceux avec lesquels je suis resté copain, c'est Charlie et Keith. J'aime beaucoup Charlie. C'est un vrai gentleman, avec un bon sens de l'humour, c'est vraiment un mec bien."
 (Dominic Lamblin)
Ici, le groupe répète à Montreux, lors du tournage d'une émission de télé allemande, tranquille, la bouteille de bourbon à portée de main. "L'idée c'était de se servir des images pour réaliser des clips censés illustrer l'album "Exile on Main Street". C'est un bon souvenir, l'ambiance était sympa, décontractée.  En plus Montreux est une ville qu'ils adorent car c'est la ville de Claude Nobs, une légende, fondateur du festival de Montreux, mort bêtement au ski en janvier 2013. Il n'y avait pas de photographes ce jour-là à part moi. Seul Ian Stewart avait un appareil et Anita Pallenberg avait une caméra Super 8."
 (Dominic Lamblin)
"Pour tourner cette émission, ils avaient loué un cinéma de Montreux, le Rialto, qui avait été transformé pour l'occasion en studio de télévision", raconte Dominic. "On avait viré quelques rangées de fauteuils, la batterie de Charlie est installée sous l'écran et en fait il y a du matériel partout, entassé dans ce décor assez kitsch." "Attendre, c'est un peu l'histoire de ma vie", a dit un jour Charlie. "Sur 25 ans, j'ai bossé 5 ans et attendu 20 ans. On attend toujours dans ce métier". "J'ai envoyé un tirage de cette photo à Charlie récemment. Il m'a appelé pour me remercier". 
 (Dominic Lamblin)
Ce cliché est celui dont Dominic Lamblin est le plus fier. On a l'impression que Keith chante alors qu'il s'étire. "Il doit dire un truc du genre "it's so fucking long ! " ou "I'm tired of waiting ! ". Comme toutes les émissions de télé, le tournage de Montreux traînait en longueur. D'abord c'est la lumière qui ne va pas, ensuite c'est le son qui n'est pas bon, ou bien la guitare est désaccordée. Ils ont commencé à s'emmerder très vite. Et au final ils n'ont enregistré qu'un seul titre vraiment valable, "Tumblin Dice", alors qu'ils auraient pu en enregistrer trois ou quatre à des fins promotionnelles."
 (Dominic Lamblin)
"Sur celle-ci, Mick et Keith sont en train de se partager un calumet de la paix, enfin un chilum. Pour la loi Evin, mes photos ne sont pas très politiquement correctes".
 (Dominic Lamblin)
"Cette photo, personnellement je l'adore. Beaucoup de gens passent à côté, mais j'aime ce que Keith a dans le regard. On y lit  'quand est-ce que ces putains de techniciens vont être prêts ? Moi, je suis prêt.'  Elle est très rock'n'roll cette photo. Si on regarde bien la guitare, on voit qu'il n'y a que 5 cordes car Keith aimait jouer en open tuning sur sa guitare, donc la corde de mi n'y est pas."
 (Dominic Lamblin)
"Ca c'est à Londres, lors du tournage des clips de "Goat's Head Soup".  Pour "Silver Train", Mick a une tenue improbable. Le premier clip qu'ils ont tourné c'était "Angie". Mick était super classe en costard blanc et puis il est parti se changer dans sa loge et il est revenu vêtu comme ça, avec ce pantalon découpé en lamelles à partir du genou...".
 (Dominic Lamblin)
"Sur le tournage de "Angie", ils avaient utilisé un système astucieux pour obtenir ce halo flatteur sur le visage de Mick. A ses pieds, il y a une bassine d'eau. Dans le fond de la bassine, il y a des miroirs, et un projecteur est braqué sur la bassine aux miroirs afin que cela se reflète sur le visage de Mick. Pour un effet encore plus romantique, un machiniste hors champ agite l'eau avec une très longue perche pour faire ondoyer les reflets."
 (Dominic Lamblin)
"Nous étions à Munich pour une interview en Allemagne avec le grand reporter et réalisateur français Freddy Hausser. On me dit toujours 'elle est chouette cette photo, on voit qu'elle est prise au réveil'. Sauf que non, il est 8 heures du soir, même si c'est vrai que c'est un peu leur réveil à eux. Cette photo accroche beaucoup, à cause de la tenue improbable de Mick et sa chapka, pieds nus sur le canapé. Entre nous, il aurait été habillé normalement, la photo aurait beaucoup moins d'intérêt", reconnaît Dominic Lamblin.
 (Dominic Lamblin)
"Charlie, toujours très élégant", note Dominic - même si on dirait un peu Darry Cowl, lui fait-on remarquer. "Bah on est dans les années 70, hein (sourire). Là, Keith a tout donné pour l'interview, il pique un peu du nez." Et sa dentition commence à être bien attaquée, non ? "Oui mais ça ne va pas durer parce que quelques années plus tard il va se faire faire ce qu'on appelle "un complet". "A Munich, je n'ai fait que des Polaroïds. A partir de 1974, le Polaroïd SX70 est devenu l'appareil photo à la mode. Dans le music-business, on ne se servait plus que de cet appareil, qui valait d'ailleurs une fortune."
 (Dominic Lamblin)
"Pentax, Nikon, Polaroïd : je n'ai toujours eu qu'un équipement de photographe amateur, peut-être un peu averti, mais pas professionnel", souligne Dominic Lamblin. "La photo est un hobby et ces instantanés étaient des souvenirs. Après 1975, j'ai arrêté de faire des photos des Stones parce que durant toutes les nuits que je passais en studio avec eux, cela n'aurait pas été approprié. Ce n'était pas le moment." Toutes les photos exposées à la Galerie Blumann (Paris, 4 Place des Vosges) jusqu'au 5 mai 2014, sont tirées en noir et blanc, même si certaines sont à l'origine en couleur.
 (Dominic Lamblin)
"Je fais quand même partie des rares personnes qui ont joué au tennis une après-midi avec Keith", s'amuse Dominic. Au premier plan ? "C'est un gros pot de foie gras, ça se faisait beaucoup à l'époque. Et après on filait au tennis" (rires). L'exposition "The Rolling Stones in the 70's" est à la Galerie Blumann (Paris) jusqu'au 5 mai 2014.  Lire notre article détaillé.
 (Archives Dominic Lamblin)

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