Le punkabilly est en deuil : Tai-Luc, le leader de La Souris Déglinguée, est mort à 65 ans

Il était le chanteur, guitariste, parolier et leader du groupe de punk rock parisien La Souris déglinguée : Tai-Luc est mort vendredi 1er décembre, à 65 ans, a annoncé dimanche sur Meta le journaliste Philippe Manœuvre, qui évoque "le décès de ce soldat du punk". Selon Le Monde, il aurait succombé à "une infection pulmonaire". Le groupe La Souris déglinguée, dit aussi "LSD", s'était formé en 1976 autour de cette figure d'ange fasciné par l'Asie, né d'une mère française et d'un père d'origine vietnamienne, et dont la rage s'exprimait dans ses textes et ses riffs affûtés.

Mélange de punk et de rock des années 50

Né le 10 aût 1958 à Suresnes (Hauts-de-Seine), Tai-Luc Nguyen avait déménagé à de nombreuses reprises après le divorce de ses parents lorsqu'il était adolescent. C'est au lycée Hoche de Versailles qu'il avait rencontré ses futurs compères et monté un groupe autour de l'idée de "faire du bruit ensemble" après avoir découvert le rock à l'Open Market, la fameuse boutique de disques de Marc Zermati aux Halles, et avoir mesuré la folie punk à Londres. La Souris déglinguée s'était d'abord fait remarquer grâce à l'énergie de ses concerts, puis grâce à la singularité de son mélange de punk et de rock des années 50, que Tai-Luc qualifiait de punkabilly.

Après un premier 45T autoproduit baptisé Haine, Haine, Haine en 1979, le groupe sort un premier album éponyme chez New Rose en 1981. Un disque qui traite des révoltes de la jeunesse, salué par la critique, qui confirme leur réputation avec des titres comme Rock'n'Roll Vengeance, Jeunes seigneurs, Sur la zone ou Salut les copains !. Fer de lance de la scène punk française des années 80, la formation avait sorti ensuite une quinzaine d'albums – son dernier, Les Toits du Palace, a paru en 2014 – et était encore en activité.

Linguiste et bouquiniste dans une deuxième vie

Mais Tai-Luc avait repris des études entre-temps et était devenu docteur en linguistique, chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Auteur de plusieurs thèses, il était en parallèle devenu bouquiniste à Paris, un métier qu'il appréciait, ses boîtes à livres étant situées quai de Gesvres. Son dernier poing levé aura été pour défendre la cause des bouquinistes, contraints par la préfecture de Paris de retirer leurs boîtes en vue des prochains Jeux olympiques. 

Ce week-end, les hommages ont afflué sur les réseaux sociaux. Parmi eux, celui de Fanxoa des Bérurier Noir, qui a salué "une grande et belle voix du rock indépendant français" et lui a dédié lundi 4 décembre une "poésie libre" (à lire en intégralité ici) qui commence ainsi :
Tu es “parti sans dire adieu”
Il reste ta plume, tes mots, tes mélodies
Ton timbre si particulier et précieux
Il reste les souvenirs d’une vie
Passée trop vite, à toute allure
Ici la France et ses embrouilles
Au loin l’Asie et ses fractures

Les journalistes Philippe Manœuvre et Laurent Chalumeau, qui avaient soutenu La Souris déglinguée dès le début, ont également rendu hommage à Tai-Luc.