"Le monde des privilégiés doit être bousculé" : avec le groupe Ausgang, où le rap se mélange au rock, la rappeuse Casey n'élude aucun combat
Le groupe Ausgang est une rencontre furieuse entre le rock et le rap. Il sera en concert lundi soir à Paris. Rencontre avec la rappeuse Casey, une artiste engagée à la colère assumée contre les élites, le système ou les discriminations.
C'est l'une des rares tournées qui est à peu près maintenue en ce moment, dans une configuration réduite évidemment à cause de l'épidémie de Covid-19. Celle du groupe Ausgang, qui sera à Paris dans la soirée du lundi 5 octobre, emmené par la rappeuse Casey, qui écume la scène avec la même rage depuis plus de 20 ans. L'électricité dans la voix et dans les cordes. Ausgang est une rencontre furieuse entre le rock et le rap.
Pour la partie mots, Casey, rappeuse infatigable, rare et indépendante depuis deux décennies. Avec notamment le guitariste Marc Sens, dans ce groupe elle s'empare des genres pour mieux les tordre. "En France, on sait que c’est très clivé, contrairement à la musique anglo-saxonne", explique Casey.
Il y a parfois une vision, je dirais coloniale de la musique, où chacun est à sa place. Le rock serait blanc et bourgeois et le rap ce serait tous les racisés et les pauvres.
Casey, rappeuse
"Je ne connais pas les dirigeants de cette industrie et je ne sais pas à quel point ceux qui dirigent l’industrie musicale sont rassurés par des gens qui ne seraient qu’à leur place", poursuit l'artiste.
Une colère assumée
Et sa place, c'est la lutte. Les textes de ce premier album, Gangrène, sorti au printemps sont pleins d'une colère assumée, contre les prétendues élites, le système ou les discriminations. Sur scène, et surtout en ce moment, la rage éclate, même devant un public assis. "Le système, il est ce qu’il est et il est ce qu'il est depuis très longtemps, estime Casey. Il y a des moments comme ça, des pics, où on ne peut plus se voiler la face. Tant qu’il y a des laissés-pour-compte, des petits, des exclus, des dominés ou des oppressés… ça ne peut pas aller. Certains diront que s’ils sont dix millions, ce n’est pas très grave. Je fais partie des personnes qui ont tendance à penser que s’ils sont deux c’est déjà grave."
Souvent, on a ramené Casey à son statut de femme dans le rap. Aujourd'hui, au-delà de la scène, la parole des femmes se libère dans l'industrie musicale, donnant naissance à un mouvement, dénonçant viols, agressions, violence... Il était temps pour la rappeuse : "Les femmes parlent parce que la justice a échoué à les écouter. C’est-à-dire qu’avant, on demandait aux femmes de prendre sur elles."
C’est toujours pareil, ceux qui sont ancrés et assis dans leurs privilèges trouvent que c’est trop qu’on bouscule leur monde. Mais leur monde se doit d’être bousculé.
Casey, rappeuse
"On peut être un bonhomme sans avoir à soumettre une femme ou à s’en servir comme d'un objet sexuel, poursuit-elle. Je pense que c’est possible d’être tout à fait viril sans être un beauf." Et la vie de Casey ressemble à sa musique, totalement engagée.
Le groupe Ausgang est en concert lundi soir à Paris à la salle FGO-Barbara dans le cadre du festival La Voix est Libre, les 30 et 31 octobre dans le cadre du festival des Primeurs de Massy et de Castres puis en tournée en France jusqu'à la fin de l'année.
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